Alors qu’ils viennent à peine de se relever de leurs blessures et qu’ils comptent encore dans leur rang quelques éclopées des répressions des 8 et 29 octobre 2018, les militants de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) se préparent à aller de nouveau aux charbons le 15 novembre prochain. Ce sera au cours d’un sit-in pacifique qu’ils comptent organiser devant le Ministère de la Justice pour réclamer la libération de leur leader, Birame Dah Abeid et de son compagnon d’infortune, Abdallahi Messaoud, incarcérés depuis le 7 août dernier.
Le pouvoir qui a choisi la méthode musclée pour mater la moindre manifestation de l’ONG antiesclavagiste sera sans aucun doute encore plus féroce dans la répression.
Dans la foulée, partout en Europe et en Afrique, de véritables mouvements de solidarité initiés par des organisations de défense des droits de l’homme se sont constitués pour exiger la libération du « Chasseur d’esclaves », comme certains activistes aiment à nommer le président du mouvement IRA, Birame Dah Abeid.
Cette offensive diplomatique menée par IRA au niveau national et à l’international serait à l’origine de la forte pression exercée actuellement sur le régime mauritanien. La décision du président américain Donald Trump d’exclure dès janvier 2019 la Mauritanie de l’AGOA (facilité commerciale avec les USA) pour persistance des pratiques esclavagistes, découlerait des efforts menés sur le plan international pour dénoncer la persécution dont les antiesclavagistes sont l’objet. Il en irait de même de l’engagement des autorités canadiennes, par la voie de leur Premier ministre, Justin Trudeau, qui a reçu le 8 novembre dernier, Mme Kadiata Bâ, présidente de la section IRA-Canada, de peser pour la libération du détenu et non moins députés, Birame Dah Abeid.
Dans l’allocution qu’il a prononcée durant la Semaine de l’Afrique organisée par le Parlement Européen, du 5 au 9 novembre 2018, et à laquelle le président du mouvement IRA était convié, Hamdi Ahmed, membre du Bureau Exécutif IRA-Mauritanie a salué l’intérêt que les élus européens « accordent au drame humanitaire de la persistance de l’esclavage dans le monde et particulièrement en République Islamique de Mauritanie ». Et d’ajouter que « le clan suprématiste acquis à l’esclavage et au racisme contre les Mauritaniens d’ascendance africaine, a décidé d’attaquer notre courant abolitionniste et pacifique, en arrêtant le président Birame Dah Abeid, pour l’empêcher d’assister à cet important évènement entre autres, et le priver de battre campagne en Mauritanie pour le poste de député auquel il était candidat ».
A l’interne comme à l’externe, les militants d’IRA allient luttes sur le terrain et offensives diplomatiques, pour peser sur le cours de l’histoire, à l’orée d’une transition démocratique inédite qui se dessine en 2019, avec une alternance très attendue à la tête du pouvoir politique.
Cheikh Aïdara