Rien, vraiment rien ne peut justifier ou expliquer les raisons de la violence et du vandalisme qui se sont déclenchés le mercredi 22 septembre à R’Kiz. Une foule de jeunes apparemment encadrés est sortie pour saccager des édifices publics, voler des objets et piller les biens de citoyens sous prétexte qu’ils manifestent contre les coupures intempestives de l’électricité.
Rien. Vraiment rien ne devait pousser des citoyens à agir de la sorte. Rien. Mais maintenant tout parait clair. Les prestations de service de la Somelec semblent ne rien à voir avec ce qui s’était passé. Même si, je dis bien même si, cette société s’était retrouvée dans l’incapacité de fournir de l’électricité de manière ininterrompue, et même si sa centrale avait lâché complétement occasionnant des délestages de 24 heures, 48 heures ou même 72 heures ce qui n’a jamais été le cas, la réaction ne serait pas égale à la tournure prise par les événements. Ce qui montre évidemment que le prétexte Somelec était mis en avant pour servir de déclenchement à des agissements qui sortent de l’ordinaire et qui ne reflétaient qu’une volonté affichée de provoquer les pouvoirs publics.
Si l’on fait une analyse profonde et objective de ce qui s’est passé, on se rend vite compte que les raisons il faut les chercher ailleurs. Dans certains enregistrements vidéo largement diffusés sur les réseaux sociaux, on entend quelqu’un encadrer les actes de vandalisme. Sur un des enregistrements vidéo on l’entend même promettre de « rémunérer » les casseurs pour un montant d’un million d’ouguiyas. Il y’a donc là des éléments constitutifs qui concourent à conclure que l’acte était bien prémédité.
En attendant que l’enquête révèle les dessous de ce qui s’apparente à des d’actes planifiés, je crois juste de démontrer que le prétexte des coupures de l’électricité de la Somelec évoquées est fallacieux. Il est fallacieux parce que simplement, ce n’est pas parce qu’un délinquant, un agresseur, une jeune fille qui « racole » sur les réseaux sociaux ou un drogué en manque de dose se retrouvent avec une batterie de téléphones déchargée qu’il faut en arriver là.
A regarder de plus près les images qui circulent sur les réseaux sociaux, on se rend compte que les profils des saccageurs et des vandales sont ceux de marginaux et de « meneurs de casses » qui nous rappellent des scènes du déjà-vu. Tout donc porte à croire que des « tireurs de ficèles » se sont servis de jeunes délinquants à la dérive désœuvrés, en conflit avec la morale et la loi pour commettre leur forfait.
Ce qui n’est évidemment pas à exclure parce que, si on jette un coup d’œil dans le rétroviseur. En avril 2014, onze jeunes en bande organisée avait agressé physiquement le Sénateur de R’kiz. Ses agresseurs avaient été arrêtés au moment où ils tentaient de fuir vers l’intérieur du pays. Sept ans plus en août 2021, la police de Tékane (qui était arrondissement dépendant du département de R’Kiz), avait déjoué la tentative de 3 étrangers trafiquants de drogue qui essayaient de fournir un dealer.
En tous cas depuis quelques temps, le nom de la petite localité de R’kiz résonne dans des faits divers, ce qui peut être est un indicateur de changement de mentalités des jeunes chômeurs pour la plupart en déplacements fréquents entre R’Kiz et Nouakchott, trajet effectuable en quelques heures.
Il est donc fort probable que cette localité jadis calme puisqu’enclavée, soit maintenant contaminée à son tour par la libre circulation de la drogue et de ses dérivés, substances « en vente libre » très consommées par les jeunes ce qui influe beaucoup malheureusement sur leur mentalités de désœuvrés.
Somelec, oui des coupures qui s’expliquent.
Avant que Ould Ghazouani ne prenne le pouvoir en août 2019, on parlait très peu des difficultés dans lesquelles la Somelec se débattait. C’était même un sujet tabou pour les dirigeants de cette société nationale, la 2 ème par son importance économique après la SNIM. Parce que dans la réalité, et ce n’était un secret pour personne, depuis Mohamed Salem Ould Béchir (2009) et jusqu’à la nomination en 2019 de Mohamed Ali Ould sidi Mohamed tous les directeurs généraux qui se sont succédés à la tête de cette société n’avaient dans la réalité aucun pouvoir de décision. Ces directeurs généraux jouaient le rôle d’assistants pour l’ancien chef de l’état qui se substituait à eux, et qui, depuis son bureau triangulaire dont les côtés étaient la SNIM, la SOMELEC et la SNDE décidait de tout.
Au moment de la prise du pouvoir (à l’arrachée) par Ould Abdel Aziz en 2008, Nouakchott la capitale était plongée dans le noir. La centrale du Ksar dite chinoise, qui assurait la fourniture additionnelle de l’énergie à la Centrale thermique d’Arafat battait de l’aile. Ceci d’une part. D’autre part, la Centrale Thermique, à l’époque une avancée technologique, souffrait d’un manque maintenance technique cruel et elle était tellement surexploitée et surchargée qu’elle avait perdu considérablement de ses capacités de production d’énergie.
La Somelec, née d’une scission de l’ancienne Sonelec (créée en 1975), enregistrait donc en 2008 d’importants déficits de production. Il faut rendre à César ce qui appartient à César. L’ancien président, Mohamed Ould Abdel Aziz, (actuellement en détention pour court-circuit de mauvaises gestions), pour parer aux difficultés des coupures intempestives de courant, s’était lancé, dans une grande bataille pour offrir de l’énergie suffisante pour les besoins de consommation de la capitale. Pour solution d’urgence, l’ancien président avait fait louer (par l’entremise d’un membre de sa famille) à prix « affolé » des générateurs au Groupe finlandais Wästsilä. Opération qui allait lui servir d’avant-goût à une série de détournements sans précédents véritable descente en enfer pour la Somelec. Le premier marché, cédé de gré-à-gré aux finlandais connus dans les milieux de la corruption, allait lui ouvrir la voie à une suite interminable des grandes réalisations (sur le papier) mais pas sur le terrain qui avaient engendré des dépenses énormes et injustifiées.
A partir de cette date, l’ancien président était devenu complétement accroc des « encaissements » douteux et sulfureux par de variés intermédiaires agréés. Très peu regardant sur la fiabilité et la rentabilité des projets qui se chevauchaient et dont les impacts n’étaient pas mesurables, Ould Abdel Aziz avait commencé à réguler en personne et directement à partir de son bureau, -siège de la multinationale familiale-, tous les marchés de la Somelec. En 2012 par exemple, il avait décidé par ordre intimé au directeur général de la Somelec de faire attribuer au groupe finlandais Wästsilä le marché très controversé de la construction de la centrale hybride. 125.000.000 d’euros.
Un chef d’Etat, directeur général de la Somelec cumulativement avec ses fonctions.
A partir de 2012, les activités du chef de l’Etat, seront axées essentiellement sur le lancement de multiples projets que se disputaient l’éolien, le solaire et le thermique. Mais comme cela sera constaté après son départ du pouvoir, tous les marchés décidés souvent en vases clos, contournaient le plus souvent les études de faisabilités techniques, les nécessités et les besoins réels de renforcements des capacités de production. La suite on la connait. Avant son départ du pouvoir et pour donner un coup de massue à la Somelec, il avait octroyé dans des conditions opaques les projets de Transport de l’énergie par haute tension de Nouakchott à Zoueirat, de Nouakchott à Nouadhibou et de Nouakchott au Sénégal, ces « ténébreuses » affaires qui associaient des partenaires variés dont des groupes indiens utilisés à bas coûts pour des marchés financés à prix exorbitants. En 2015 la Mauritanie en pleine activité de corruption généralisée a été classée par l’indice Mo Ibrahim 41ème pays le plus corrompu sur les 54.
Ce qu’il faut peut-être préciser c’est que la Somelec, société à capital social entièrement mauritanien (14 736 416 000 MRU, près de 360.000.000 d’euros), a beaucoup souffert des investissements sans intérêts, des achats fictifs, des acquisitions de matériels et d’équipements pas indispensables. Mais surtout elle avait été pénalisée par la signature de contrats contraignants et sans intérêts pour la société, problèmes qui ont été aggravés par des recrutements de complaisance très onéreux pour le budget de fonctionnement de l’entreprise.
A cela il faut ajouter les prêts octroyés auprès des banques ou d’institutions financières internationales dont le but était plutôt de détourner une partie des financements obtenus. Après le départ de l’ancien président, la Somelec, s’était retrouvée complétement paralysée par une incapacité d’honorer le paiement de ses dettes incompressibles et contraignantes, et d’autre part, par ses obligations de maintenir en activités des centrales électriques en fin de vie et sans rendements véritables.
C’est pourquoi d’ailleurs l’année 2019-2020 a été l’année de toutes les difficultés de la Somelec. Problèmes de délestages à Nouadhibou avec ce que cela avait engendré comme problèmes sur l’économie maritime. Problèmes de délestages dans les deux Hodhs, puis par alternance à Atar, Tidjikdja, Kaédi, Rosso, Aioun. On pensait à un certain moment que la durée de vie de toutes les centrales de ces localités était mesurée sur la durée des mandats de l’ancien président.
Mohamed Ould Abdel Aziz, aujourd’hui détenu, est appelé à répondre de chefs d’accusation de détournements de deniers publics énormes, détournements qui ont laissé derrière lui une Somelec transformée en véritable champ de ruines. Un milliard de dollars de fonds de la Somelec, -près de 430.000.000.000 d’ouguiyas- ont été dilapidés au moyen de dépenses injustifiées sous prétexte d’étendre le réseau, d’augmenter la production et d’améliorer les capacités techniques de distribution de l’énergie.
Peu de gens le savaient et ceux qui ne le savaient pas n’ont aucune idée de l’ampleur et de l’importance du défi auquel fait face actuellement la Somelec. Cette société est maintenant dans l’obligation de relever des défis inimaginables pour assurer une prestation de service de qualité à ses 325.000 abonnés répartis dans 58 localités. Mission de plus en plus rendue difficile par les consommations des abonnés qui ont pulvérisé tous les records de consommations de ces cinq dernières années et qui dépassent largement toutes les estimations techniques sur la base desquelles les projets ont été élaborés.
D’autre part ce que les abonnés qui protestent, qui marchent ou qui revendiquent par ci et par là ne savent pas, c’est que, pour assurer ses prestations de service, maintenir en vie ses équipements et pour fonctionner administrativement, la Somelec ne dispose actuellement que de 2284 agents. Sur ce nombre, les techniciens et les employés administratifs sont répartis sur les 72 centres qui font tourner cette géante machine sur l’ensemble du territoire national et le siège national.
De l’énergie depuis la haute tension jusqu’à la prise de la chambre mais à quel prix ?
Quand il y’a coupure d’électricité, les abonnés mais aussi les autres (les fraudeurs), d’une même voix et simultanément crient au scandale. Réaction normale pour tout individu qui rentre dans les ténèbres sans préavis. Mais au-delà même de cette situation désagréable qui est de moindre importance pour un abonnement social que pour les usines, les institutions financières et bancaires, ou pour les agences de sécurités par exemple, il est important que les abonnés de la Somelec (individus ou institutions) aient une idée du travail énorme fourni par les services techniques de la société pour leur éviter ces désagréments souvent indépendants de sa volonté.
A titre indicatif, la Somelec a, selon un rapport technique daté de 2020 produit, 1.305.900 MWh d’énergie dont 1.296.300 destinés au réseau de la Somelec, et 9.600 MWh destinés à des consommations dérivées. Ce que beaucoup ne savent pas c’est que 16 % de cette quantité est fournie par les réseaux hydroélectriques de Manantali et de Félou, 56,6 % par le parc thermique propre à la Somelec (Arafat), 8,82 % par la Centrale éolienne de PK, et 8,36 % par toutes les centrales solaires additionnées.
Mais, dans la pratique, les causes de coupures d’électricité ne sont pas les mêmes pour tous les abonnés. Les abonnés de Bababé, Aleg, Boutilimit, M’bagne, Maghtalahjar, Diaguily, Kaédi, Rosso, Gouraye, Boghé et Sélibaby sont fournis directement en électricité par les ouvrages hydroélectriques de l’OMVS ce qui occasionne parfois des perturbations sur les réseaux de distributions indépendantes de la volonté de la société. Et les abonnés des 47 autres localités du pays sont alimentés par les 60 unités de productions qui fournissent cumulativement 490 MW. 13 de ces localités sont fournies en énergie par les centrales vétustes du projet de 13 villes dont les équipements sont de génération dépassée et qui ne bénéficient plus de services après-vente.
C’est dire donc, que depuis 1994, date de l’extension de la fourniture de l’énergie aux 13 villes sous le régime de Maaouiya (avec à la tête de la Somelec à l’époque le Colonel Ainina Ould Eyih), rien ou presque n’a été fait de nouveau pour renforcer les capacités du parc ce qui avait affecté sérieusement la qualité de production. S’il n’y avait pas eu d’ailleurs en 2002 l’interconnexion de la Centrale thermique d’Arafat au réseau hydroélectrique de Manantali, le développement économique du pays serait compromis.
Des hommes et des efforts pour surmonter les obstacles et relever des défis.
A son arrivée au pouvoir en 2008, Ould Abdel Aziz, (il faut l’avouer) avait hérité d’une société agonisante. Les équipements des centrales des 13 villes commençaient à rendre l’âme, et la centrale thermique avait des difficultés énormes à produire la quantité d’énergie suffisante pour compléter le quota fourni par Manantali.
Avec, l’arrivée à la tête de la société de Mohamed Salem Ould Béchir spécialisé en ingénierie robotique (France) en 2009, les choses ont changées. Un plan de redressement avait été élaboré tenant compte de l’état réel des lieux de l’époque. Le directeur général avait réussi à sortir la Somelec de ses plus grandes difficultés et de ses handicaps techniques. Il avait renforcé les capacités de production de la Centrale thermique et mis en place les extensions indispensables sur lesquelles d’ailleurs jusqu’à ce jour repose pratiquement toute la production et la distribution de la société.
Après le départ de Mohamed Salem Ould Béchir de la société, celle-ci, est tombée malheureusement dans un système de gestion catastrophique qui avait éparpillé les moyens et disloqué tous les mécanismes de trésoreries de la société par des dépenses énormes injustifiées et sans rendements.
Entre 2013 date du départ de Mohamed Salem Ould Béchir de la société, et 2019, date de l’arrivée de Mohamed Ali Ould Sidi Mohamed aux commandes de la société, (durant 6 ans donc), les directeurs généraux qui se sont succédés à la tête de la Somelec, ont participés activement à l’écroulement de celle-ci. Ils avaient cautionnés des décisions graves et qui ont porté des coups « mortels » à la bonne gestion de la société très affaiblie par une corruption généralisée et des détournements de deniers publics dont une partie (2.000.000.000) avaient été retrouvés dans la chambre à coucher d’un ancien directeur général lors d’une perquisition à son domicile.
Il a fallu attendre l’arrivée de Mohamed Ali Ould sidi Mohamed en 2019, pour constater les dégâts énormes infligés à la société par de mauvaises gestions et par un cumul de passifs créanciers très volumineux. Le niveau de dégradation de la société surendettée était tel qu’elle n’avait ni moyens techniques, ni ressources financières pour fonctionner normalement. Mohamed Ali Ould sidi Mohamed qui avait défriché le terrain a quitté la société en décembre 2020, mais avant son départ il avait dressé un état des lieux des moyens généraux, paré au plus pressé et mis la société sur les rails de la relance de la production. .
Mohamed Ali Ould sidi Mohamed a passé le témoin à Cheikh Ould Bedde l’actuel directeur général de la Somelec, un ingénieur. Le nouveau venu a été obligé de jouer au chef d’orchestre pour poursuivre le processus de redressement lancé par son prédécesseur Mohamed Ali Ould sidi Mohamed. C’est cette approche a redonné vie à la société, qui était placée sous assistance « respiratoire » technique et sous perfusion financière de l’état après le départ de Ould Abdel Aziz en août 2019.
Aujourd’hui, avec les 60 unités qui composent son parc et génèrent 490 MW, avec sa centrale thermique (hybride fuel lourd et gaz) de 180 MW équipée de 12 générateurs jumelés de 15 MW chacun, avec son parc éolien de 30 MW et sa centrale solaire photovoltaïque de 50 MW, la Somelec tourne à plein régime. Ce qui veut dire que cette société donne plus d’efficience à son système électrique, grâce au plan de redressement engagé par sa nouvelle direction générale. Tous les indicateurs de performance montrent que la Somelec, malgré toutes les difficultés qu’elle rencontre se tourne résolument vers l’avenir et, elle est en train de sortir d’un passif qui avait complètement handicapé complétement ses capacités de production et ses performances.
Somelec des coupures d’électricité qui n’altèrent pas les succès obtenus.
Cette année la Somelec a réussi avec succès, la mise en service effectif du système d’interconnexion de la zone Est au poste de livraison 225/33 kV de l’OMVS. Afin de pouvoir maitriser une distribution efficiente de l’énergie sur toute la capitale en pleine extension, la société a posé deux postes de distributions le 15/0,4 kV et le 33/15 qui dispatchent par un système en boucle l’énergie sur les sept (7) postes de Nouakchott qui sont le Poste Centre, le Poste Nord, le Poste Nord-Est, le Poste Est, le Poste Nœud, le Poste en Boucle, et le Poste Antenne.
Ces postes complètent les capacités du poste de transport de l’OMVS, celui appelé techniquement le 225/33 kV, qui injecte l’énergie en provenance de la Centrale Hydroélectrique de Mantali au poste 33/15 kV de la Centrale thermique d’Arafat. Ces explications trop techniques et difficiles à comprendre pour la femme qui branche son Moulinex représente un travail titanesque inimaginable commencé en 2019 et qui se poursuit pour mettre dans des conditions de confort optimales les abonnés qu’ils soient ces riches de Tevragh Zeina (dont certains comptent parmi les plus grands fraudeurs d’électricité) ou les pauvres de Tarhil qui payent correctement leurs consommations.
Eyde wah’dé mat’ safègue.
Mais malheureusement pour atteindre ces performances et pour assurer un service social de proximité qui fournit de l’énergie continue et de bonne qualité, la société qui sort d’une maladie qui l’avait terrassée pendant plus de 10 ans (en convalescence donc) se bat seule. Ses efforts sont malheureusement atrophiés par plusieurs facteurs négatifs.
Le premier facteur est le cumul des échéances impayées par manque de trésorerie, conséquence de dépenses de complaisance (location de grues et d’élévateurs pas nécessaires sur des longues périodes à des coûts très élevés entre autre).
Le second facteur est celui des fraudes érigées en système à tous les niveaux auxquelles ont pris part, l’ancien chef de l’état, des anciens directeurs généraux qui ne payaient pas leurs consommations élevées mais également de simples citoyens (comme tous mes voisins) qui se fournissent en électricité par des intermédiaires véreux à couts réduits.
Le troisième facteur c’est cette pléthore d’employés parfois fictifs dont la masse salariale pèse très lourd sur l’équilibre du budget de la société en recettes et en dépense. (70 % du personnel de la société est occasionnel et les 30% restants engagés sont pour la plupart recrutés sur des pressions politiques ou tribales, perçoivent des salaires faramineux et des avantages très couteux pour le budget de fonctionnement de la société.
Mais en plus de tout cela, la Somelec souffre d’un manque de civisme de la part de ses abonnés. Les créances de la société sont énormes. Les recouvrements de ces créances sont souvent bloqués par les activités d’intermédiaires (véritable Somelec parallèle) qui travaillent pour leur propre compte. Et comble de malheur, la société a reçu en bonus de l’ancien régime, 400 générateurs inexploitables et des factures contraignantes pour près de 500 millions de dollars d’engagements de complaisance.
C’est pourquoi, on peut conclure que lorsqu’il y’a perturbation sur la production ou coupures d’électricités, personne ne cherche vraiment à penser aux difficultés auxquelles fait face cette société qui renait lentement des cendres d’une décennie de gabegie, de détournement et de corruption généralisée. Si bien que lorsqu’il y’a coupure d’électricité même momentanée, la réaction est la même pour tout le monde. Aussi bien pour l’ancien président, le fraudeur de courant qui par réaction normale se plaint du noir et de l’arrêt brutal du climatiseur de sa cellule dorée, que pour cet ancien directeur général qui branchait directement et frauduleusement ses appartements à louer sur le poste 33/15, que pour le riche homme d’affaires qui a deux branchements, l’un souterrain indétectable, et l’autre aérien pour une consommation isolée mais contrôlée.
La réaction est tout aussi la même, aussi bien, pour cet autre DG de la Somelec qui avait oublié sous son lit dissimulés deux milliards d’ouguiyas prélevés sur le paiement des factures des pauvres vendeuses de couscous de Dar Naime et de Zaatar, que pour la soninké de Kaédi qui paye régulièrement sa consommation. Tous, en cas de coupure électrique, réagissent de la même manière et critiquent la Somelec sans s’imaginer un seul instant, que lorsque l’électricité est interrompue pour une raison quel qu’elle soit, quel que soit l’heure, le directeur général de la Somelec en personne, ses directeurs techniques et ses équipes d’astreintes toujours en alerte 24 heures sur 24, se mettent au travail pour rétablir l’électricité.
Conclusion. Je suis désolé de le dire, les « casses de R’Kiz », ne sont pas les conséquences d’un court-circuit électrique. C’est un disjoncteur politique qui avait sauté. Lequel ? A Ould Merzoug de trouver en respectant les droits des personnes arrêtées.
Journaliste indépendant