L'Agence mauritanienne d'information a annoncé, mardi 4 janvier, la mort de trois Mauritaniens : des chercheurs d'or. Ils ont été tués dimanche lors d'une frappe alors qu'ils étaient présents dans la « zone tampon », une zone neutre qui sépare la partie du Sahara occidental dominée par le Polisario et celle sous contrôle marocain et qui est gérée par l'ONU.
C'est dans cette même « zone tampon » que trois chauffeurs de camions algériens avaient été visés par des drones marocains début novembre 2021. Ce nouvel incident vient ainsi raviver la tension et témoigne de la volonté accrue du royaume chérifien d'affirmer « la marocanité » du Sahara occidental.
Une position réconfortée par la normalisation de ses relations avec Israël. « Ce qui est certain, c’est que les fameux accords d’Abraham avec la reconnaissance par les États-Unis, et donc Israël, d’un partenariat et de la marocanité du Sahara, ont effectivement dopé à la fois la diplomatie et la détermination marocaine pour faire reconnaître par tous les moyens la marocanité du Sahara », explique Pierre Vermeren, professeur d'histoire contemporaine et spécialiste du Maghreb à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne, joint par Houda Ibrahim de la rédaction Afrique de RFI.
« Et on observe que les événements qui se déroulent depuis un an et demi sont dans le cadre de cette reconnaissance américaine, qui n’a pas été démentie par l’administration Biden », ajoute-t-il.
Ces derniers temps, il y a « une recrudescence des événements violents sur le terrain », selon le chercheur qui précise que toutes les parties sont concernées. « Et ça ne donne lieu, bizarrement, à aucune intervention de l’ONU, aucun commentaire non plus de l’Union européenne, qui est divisée sur ce sujet. Donc, on est dans une situation de ni guerre ni paix, mais à force de laisser les incidents se multiplier, c’est évidemment quelque chose de dangereux. »
RFI