Mozaikrim - En manque cruel de liquités, avec une activité économique ralentie par une imposition étouffante, les autorités désespérées continuent d'en rajouter, de façon démesurée, entraînant les fermetures de sociétés, et les départs d'investisseurs.
Le chef du patronnat,Ahmed Baba Azizi,devant leurs ministères de tutelle, la BCM, et le représentant de la Banque Mondiale, il y a deux semaines, a tiré la sonnette d'alarme, en exhortant l'état à infléchir sa politique d'impôts, destructrice d'emplois et de richesses.
Ce n'est pas un discours anodin: il y a une dizaine de jours, le président de l'union nationale du patronnat mauritanien (UNPM), Ahmed Baba Azizi, rappelait aux autorités que la pression fiscale sans précédent exercée sur les entreprises nationales et étrangères grèvait l'emploi et l'investissement. D'autant plus qu'aux yeux du patronnat mauritanien, cette pression ne semble pas se concrétiser dans le développement du pays.
"Nous n'avons aucun interlocuteur, surtout pas avec une administration de développement, intéressée à mettre un terme aux suspicions existant entre les secteurs public et privé; le harcèlement auquel l'administration en général, et les services fiscaux en particulier, exposent les opérateurs économiques, tous secteurs confondus, alors qu'il n'y a pas de développement, sans un secteur privé fort et partenaire effectif dans le processus de développement; enfin l'ingérence grave et inacceptable de certaines autorités dans les opérations de renouvellement de ses instances syndicales" affirme-t-il longuement.
"Il est nécessaire e vital d'activer la concertation entre l'Etat et le secteur privé, en sa qualité de véritable moteur de la croissance, et la recherce des voies et moyens permettant de tirer profit des avantages multiples et divers, qu'offre la complémentarité entre les secteurs public et privé" continue le président des patrons, après avoir rappelé, dans un bref historique, l'accession de la Mauritanie(en 2008), au 168ème rang (l'an précédent étant à la 176ème place), des pays ayant le plus amélioré leur environnement d'affaires.
Visiblement inquiet à l'époque que la Mauritanie puisse à nouveau dégringoler dans l'échelle d'estime des investisseurs potentiels, Ahmed Baba Azizi urge les parties présentes à cette journée, d'apporter des réponses pérennes, concrètes et "justes"(terme revenant souvent dans son discours sur les questions "essentielles et fondamentales" de la justice, de la transparence dans le domaine des marchés publics, "l'application juste, stricte et équitable des textes réglementant l'économie nationle, dont doivent bénéficier l'ensemble des opérateurs économiques sans exception aucune", et la fixation d'une durée précise pour le paiement des créances sur l'état, et le respect de ces délais, de manière stricte et juste.
Sans l'amélioration de ces agrégats permettant de juger de la qualité de l'envitonnement des affaires d'un pays, "il sera difficile d'attirer de nouveaux investisseurs" conclut-il.
Une extrapolation de la théorie des impôts de Laffer
Le substrat du message est on ne peut plus clair : "Laissez les entreprises travailler en paix et prenez-leur ce qu'ils doivent au développement de notre société, mais pas plus, et surtout pas si développement il n'y a pas".
C'est une prudente parabole par rapport à la théorie sur les impôts d'Arthur Laffer,qui fonde l'idée que la relation positive entre croissance du taux d'imposition et croissance des recettes de l'État, s'inverse lorsque le taux d'imposition devient trop élevé.
Si un débat de fond existe encore sur le fameux "pic" de Laffer à partir duquel les recettes de l'état baisseraient, une expérimentation est en cours en Mauritanie, où ce seuil est à présent dépassé, et les effets décrits par Laffer se déroulent sous nos yeux : des sociétés ferment, car "littéralement rackettés par l'état" comme en témoigne ce transitaire qui a longtemps travaillé avec les sociétés minières, avant de mettre la clé sous la porte, car "ça ne vaut plus le coup par rapport à ce que l'état nous prend!" se plaint-il.
En Mauritanie aujourd'hui, en fin d'année 2015, on peut dire que "trop d'impôt est entrain de tuer l'impôt". Pour essayer de pallier les effets néfastes, en termes de fuites de capitaux, et de niches fiscales, l'état, depuis trois mois et demi, contrôle au niveau des banques les entrées et sorties des entreprises.
"Un chèque de plus de 100.000 ouguiyas ne peut plus être retiré en caisse; il doit être encaissé sur le compte directement" confirme une caissière d'une des grandes banques nationales.
Pris dans ce cercle vicieux par rapport à la pression fiscale excessive qui seule ne pourra résoudre le problème de liquidités de l'état, le gouvernement a affirmé "le recours aux prêts extérieurs, afin de combler le déficit constaté dans le budget de l'Etat pour l’année 2016, estimé à 0,4% du PIB, hormis les industries extractives". Un aveu d'échec en soi, après s'être vainement gargarisé sur les résultats extraordinaires de la SNIM.