Je ne suis pas homme à lâcher qui m’a soutenu. Encore moins à tenter de le poignarder dans le dos. Je laisse cette félonie à d’autres assez galonnés pour se croire autorisés à cracher sur ce qui les faisait homme. Piétiner l’humanité des gens sous leurs bottes… et la leur avec. Oui, Mohamed ould Bouamatou est un ami. Oui, il est venu au secours du Calame, alors que d’autres s’employaient à en torpiller les revenus, à défaut d’oser s’en prendre directement à la liberté de sa ligne éditoriale. Un secours d’autant plus méritoire qu’il ne demandait rien en échange. Sinon de continuer à poursuivre, inlassablement, l’œuvre de Habib ould Mahfoudh.
Voilà pourquoi je veux m’employer, aujourd’hui, à aider cet homme secourable. A-t-on déjà fait le compte des services que ce Mohamed-là a rendus à la Nation ? Combien l’hôpital Bouamatou a-t-il soigné, gratuitement, de cataractes, de glaucomes et de trachomes? La fondation de même nom soutenu de projets, petits et grands ? La GBM sauvé d’entreprises en difficulté? Combien d’emplois générés, en Mauritanie, par cet entrepreneur on ne peut plus mauritanien ? Et l’on devrait, aujourd’hui, gober la farce qui voudrait faire, de ce noble fils de la Patrie, un conspirateur visant à la détruire ? Allons, donc, de qui se foutent ceux qui se commettent à telle embrouille ?
Bouamatou pense, peut-être, qu’il vaut mieux ne pas s’abaisser à répondre à tant de crasse bêtise. Il a probablement raison. Mais je crois, cependant, qu’il devrait plutôt voir, en cette occasion si médiatique, une opportunité de s’élever, d’élever le débat sur l’implication des investisseurs privés nationaux dans le développement durable de la Nation. La meilleure des défenses, c’est l’attaque. Investis, Mohamed, investis en Mauritanie ! Plus que jamais, à des hauteurs inouïes, dans un maximum de projets, à commencer par les plus humbles, les plus ruraux, les plus populaires. A coups de dizaines, de centaines de millions, de milliards d’ouguiyas, prouve, à tous, la puissance de ta générosité. C’est le moment. C’est ce qu’attendent tes compatriotes de toi : vole au-dessus des vautours, incapables, eux, d’atteindre à cette noblesse d’âme.
Et, aussi pénible cela pourrait paraître à ta discrétion naturelle, n’oublie, évidemment pas, d’en faire la plus large publicité, en mobilisant tous les media possibles et inimaginables, nationaux et internationaux, réseaux sociaux et autres. Car il ne s’agit pas seulement de toi. La Mauritanie a besoin de retrouver ses plus nobles valeurs, il lui faut contempler des actes puissants, des clartés suffisamment fortes et douces, comme des phares, pour réveiller, en chacun de ses fils, en chacune de ses filles, le sentiment que, oui, être mauritanien, c’est un noble label, une qualité d’être au monde, généreuse, libre, haute. Pas appartenir à un troupeau de consommateurs effrénés et avides, obnubilés par la seule obsession de l’argent et des biens. Mets toute ta force en ce sens, Mohamed ould Bouamatou, c’est le moment de frapper les esprits. Précisément. Juste et fort.
Ahmed ould Cheikh (Le Calame)