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ven, 04/13/2018 - 17:01

Que faut-il, vraisemblablement, penser de l’injustice qui sévit par la force d’un joug persistant de la "Seiba" ; Ce dangereux phénomène de la «grande pagaille» qui, ayant vu le jour au moyen âge, s’est enclenché au gré des remous de l’histoire a la fin du tragique conflit «Char bouba» entre les deux fractions, guerrière dite "Arabe" et maraboutique dénommée "zwaya". Ce conflit qui va durer près d’un demi siècle avant de se terminera par un renversement  spectaculaire  des rôles?

 

Depuis, des équilibres certes pernicieux mais nécessaires, vont s’installer pour maintenir un semblant de paix par le truchement d’un partage des deux principaux rôles. Ces équilibres, sans jamais être ainsi, se traduiront par l’émergence d’émirats tribaux précaires composés s’ensembles guerriers sans armes notoires,  et de conglomérats hypothétiques de zawiyas en prise aux sciences théologiques et aux lettres arabes venus de l’orient et dont la production, malgré des apparences d’érudition et une grande prétention, restera toujours et somme toute, l’expression d’une simple reprise à la lettre du contenu des grandes références khaliléennes malékites d’Egypte et du Hisjaz.

 

C’est dans ce climat délétère doublement prétentieux mais relativement stable par la force du dénuement général et d l’interdépendance des ensembles seigneuriaux amoindrie par le labeur des castes inférieures réduites et forcées à prendre en main le sort économique  - élevage, agriculture, artisanat sobre du besoin pressant - que l’histoire pleine de soubresauts va continuer de maintenir cet équilibre au rythme d’une vie précaire sans faste civilisationnel ni gloire mythique. Ceci va durer jusqu’à la pénétration française au 19ème siècle finissant.

 

La colonisation française va au tout début être vivement rejetée par un reflexe naturel alliant le refus de nazairiens «chrétiens»  en terre d’Islam, doublée de la peur viscérale de voir changer l’ordre établi des équilibres sociaux et des ententes de partage des influences; Influences bien élaborées depuis la fin de la guerre au détriment des classes dites du bas de l’échelle. Une résistance farouche tentera de stopper le projet de Xavier Cappolani portant sur la pacification de la Mauritanie. Elle ne durera que quelques années sans jamais parvenir à bien s’organiser ni à se doter d’un commandement uni et désintéressé, l’habitude étant le clanisme teinté fortement du tribalisme ambiant et du népotisme et de l’hypocrisie bédouine.

 

Mais en réalité, c’est l’ampleur de l’injustice généralisée qui s’apparente a tous égards a la  grande pagaille "Seiba" qui va donner naissane à un  puissant courant avec à sa tête Cheikh Baba O. Cheihk Sidiya, qui verra d’un point de vue religieux solide et juridiquement bien étayé, dans cette pacification un rempart providentiel contre les débordements destructeurs de celle-ci.

 

Les deux courants dont les motivations divergeaient se s’affronteront pourtant jamais même conduits dans cette opposition en bien des cas par des frères tels que Cheikh Maalaïnine et Cheikh Saad Bouh tous fiks de Cheikh Mohamed Vadel.

 

Or, ce sont seuls le temps et le cours des événements qui donneront raison au courant pacifiste. Les prémices d un état central voit ainsi le jour et les préparatifs y vont bon train. En 1960 la Mauritanie devient un Etat souverain avec tous les ingrédients de la mise en place d’un processus de liberté et de justice. Mais c’était sans compter, hélas, avec l’esprit coriace et la mentalité puérile de la Seiba qui n’a pas quitté d’un iota les esprits des mauritaniens. La peur et la résignation n’ont pas quitté- elles non plus- l’esprit des castes domptées.

 

Et c’est bien évidemment pour cela qu’aujourd’hui encore l’injustice sévit de la manière la plus abjecte par le biais des mêmes connivences entre les tenants de la continuité malgré quelques apparences théâtrales de modernisme et de faux arrimage à l’esprit du siècle.

 

Rien qu’à y voir de près on ne peut que se rendre à l’amère évidence que la réalité est tout autre. Celle hideuse, maintenue et perpétrée par la poésie et les odyssées chimériques d’un passé sans véritables repères, qui ne cesse de creuser sans relâche le fossé déjà cratère entre les classes nanties issues de ces équilibres persistants sans aucune contrepartie pour l’Etat, et les défavorisés que tout empêche de s’émanciper et de recouvrer les droits dans l’Etat de droit, c'est-à-dire de la citoyenneté et de la justice.