La Mauritanie célèbre ce jeudi 3 mai la Journée internationale de la liberté de la presse. Et ce, alors le pays est passé de la 57e à la 72e position au classement de l'organisation Reporters sans frontières.
Disparition des médias audiovisuels privés, fermeture de plusieurs radios, pressions judiciaires exercées sur plusieurs journalistes : le bilan n'est pas reluisant. Et ce mercredi, les directeurs de quatre publications ont été placés sous contrôle judiciaire pour présomption de corruption.
Depuis le premier septembre 2017, les journalistes placés sous contrôle judiciaire ne peuvent même plus quitter la ville de Nouakchott. Ils sont soumis à un pointage tous les lundis à la sûreté nationale.
C’est le cas de Moussa Samba Sy, directeur d’un quotidien de Nouakchott et président du regroupement de la presse mauritanienne. Il dit avoir été empêché d’aller à la Mecque pour le pèlerinage : « J’ai été interdit d’aller à La Mecque, au pèlerinage de la Mecque pour lequel j’étais programmé cette année. »
Moussa Samba Sy y voit une volonté du pouvoir d’intimider et de museler la presse : « Nous avons mis le doigt sur les tares du régime, sur les imperfections. Nous critiquons au jour le jour les actions du gouvernement.
Et c’est cela qu’on nous reproche. Cette procédure n’est qu’une intimidation à l’égard de la presse mauritanienne et une tentative de la museler. »
Quant aux accusations de corruption dont les directeurs font l’objet, leur avocat Maître El Yezid Ould Yezid, attend toujours des preuves : « Pratiquement un an après le début de l’instruction, nous attendons toujours un début de preuve de ces corruptions, début de preuve qui n’arrive toujours pas.»
Les poursuites contre les journalistes ont fait chuter la Mauritanie dans le classement annuel établi par Reporters sans frontières.
RFI