Au moment où l’opinion publique était plongée dans le Ramadan avec l’attention fixée vers le sommet de l’Union africaine prévue dans trois mois à Nouakchott, le président de la République fait bouger l’actualité en procédant au remaniement de son gouvernement : quatre ministres à la touche, un record en la matière !
« Sur proposition du Premier ministre, sont nommés :
Ismail Ould Cheikh Ahmed, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération,
Khadija Mbarek Vall, Ministre du commerce, de l’industrie et du tourisme,
Mohamed El Amine Ould Cheikh, Ministre de la Culture, de l’Artisanat et des Relations avec le Parlement, Porte-parole du gouvernement
Mariam Mint Bilal, Ministre de la Jeunesse et des Sports
Naha Mint Hamdi Ould Mouknass, Ministre des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille ».
Tel est le contenu du communiqué de la présidence de la République publié lundi 11. juin 2018.
L’information a eu l’effet d’une bombe à Nouakchott où presque personne ne s’y attendait. D’abord parce que le gouvernement était pleinement occupé dans les préparatifs du sommet de l’Union africaine prévu dans trois mois à Nouakchott, que l’UPR mettait les dernières touches à son congrès prévu le 6 juillet prochain, et ensuite parce que pendant ses neuf années à la présidence de la République, Ould Abdel Aziz était particulièrement « avare » en matière de changement dans les hautes sphères de l’Etat.
Les gagnants
En tout état de cause, le premier enseignement tiré de ce remaniement porte sur la confirmation de la force et de la puissance du Premier ministre Yahya Ould Hademine. Après avoir écarté de la scène publique son prédécesseur Ould Moulaye Laghdaf, le voilà porter un coup fatal à son second adversaire ! En effet, avec le limogeage du désormais ex-ministre des Affaires étrangères, Isselkou Ould Izidbih, l’homme voit son influence plus forte avec dans un gouvernement qui porte désormais ses marques.
L’autre gagnant est l’un de plus fidèles alliés voire subordonnés, du PM, Mohamed Lemine Ould Cheikh, porte-parole du gouvernement, locataire du ministère de la Culture, de l’Artisanat auquel est désormais rattaché, les Relations avec le Parlement. Critiqué par une grande partie de l’opinion, pour ses prises de parties et ses attaques contre l’opposition, Ould Cheikh semble convaincre le président de la République. Autre gagnant, la nouvelle Ministre du Commerce de l’Industrie et du Tourisme : Khadijettou Mint MBareck (ex ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée des affaires maghrébines et africaines. Mint MBareck Vall a eu plus de chance que son collègue des Relations avec le Parlement, Mme Hawa Tandia. Toutes deux ont en effet vu leur Département supprimé, mais l’une a été remerciée et l’autre a hérité d’un Département nouveau.
Autres gagnants, Mme Naha mint Mouknass (ex ministre du commerce, de l’Industrie et du Tourisme) qui reste au gouvernement dans ses nouvelles fonctions de Ministre des Affaires Sociales, de l’Enfance et de Famille, le nouveau chef de la diplomatie mauritanienne, Ismaël Ould Cheikh Ahmed, fonctionnaire international, ancien Envoyé Spécial du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations (ONU) au Yémen et la Ministre de la jeunesse et des sports : Mariam Mint Bilal. Si Ould Cheikh Amar est assez connu sur le plan international pour sa gestion appréciée du conflit au Yémen ces cinq dernières années, Mint Billal est surtout connue au niveau national. D’abord lors des joutes de la dernière assemblée nationale où elle représentait le RFD de Ahmed Ould Daddah, puis par son activisme au sein du Manifeste des haratines.
Les perdants.
Après Isselkou ould Ahmed Izidbih, grand perdant dès lors où il se voyait chef du gouvernement, voire éventuel candidat du président de la République à la prochaine présidentielle, trois ministre se retrouvent dans la rue. D’abord Maimouna mint Taghy (MASEF), qui n’est jamais parvenue à s’adapter à la fonction de ministre, Hawa Tandia victime de sa docilité et de son allégeance aveugle au PM et Ahmed Jibril (jeunesse et sports) décrié pour son manque de poigne et sa fébrilité face aux fédérations sportives.
Les rescapés
Nombreux sont les ministres que l’opinion voyait aller dans la trappe, mais qui ont échappé de justesse ! Il s’agit d’abord du ministre de la Santé dont le Département est éclaboussé par une grève des médecins qui ne semble pas vouloir prendre fin. Décrié par ses collègues pour son refus de répondre à leurs revendications alors qu’il est bien placé pour prendre la mesure des choses, Dr Kane a certainement bénéficié de la clémence du Chef de l’Etat du fait qu’il se trouve être son médecin personnel. Il s’agit ensuite du ministre des Affaires économiques soupçonné de laxisme dans les gestions des fonds publics et principal responsable des multiples crises dans le secteur des finances publiques. Il s’agit aussi du ministre de la Défense devant aller faire valoir ses droits à la retraite depuis 2016.
JOB