En Mauritanie, une délégation de Négro-mauritaniens invitée à une conférence sur la torture, organisée par l’ONU à Genève, a été empêchée par la police de quitter l’aéroport de Nouakchott. Cette délégation était composée d’activistes des droits humains, de veuves, d’orphelins et de rescapés des exactions extrajudiciaires des années 90 dans le pays. Invitée par Human Rights Watch, la délégation devait présenter des communications sur le cas des militaires mauritaniens arrêtés, torturés et exécutés sommairement en 1990. Le gouvernement évoque des visas falsifiés pour justifier la mesure d’interdiction de voyage prise contre les militants des droits de l’homme.
Composée de cinq personnes, la délégation était attendue à Genève les 23 et 24 juillet pour prendre part à la 64ème session du Comité des Nations unies contre la torture.
Les cinq activistes n’ont pas pu embarquer. « Les immigrés clandestins passent aussi par les aéroports. Notre pays a des obligations en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Ces personnes qui devaient voyager ne remplissaient pas les conditions requises. Elles détenaient des visas falsifiés et du coup, elles ont été pointées comme migrants clandestins qui ont essayé de prendre l’avion. Ce sont des pratiques classiques », a expliqué Mohamed Lemine Ould Cheikh, le ministre mauritanien de la Culture et porte-parole du gouvernement.
Les affirmations du porte-parole du gouvernement ont été rejetées par Maïmouna Alpha Sy, présidente du Collectif mauritanien des veuves qui soutient que le document était en règle. « C’est l’ambassade de Suisse qui nous l’a délivré. Si c’est valable ou pas, c’est à l’ambassade de Suisse qu’il faut s’adresser. C’est un alibi qui ne tient pas du tout la route, juste pour nous empêcher de partir, ils l’ont fait. Comme on est partis à plusieurs reprises, on partira », a-t-elle lancé.
Le Forum des organisations nationales de droits humains (FONADH) a dénoncé cette entrave à la liberté de mouvement contre les militants mauritaniens des droits de l’homme.
RFI