Sous le titre « la décennie perdue », Mr Moussa Fall a commencé la publication d’une série d’articles, à travers lesquels il s’emploie à établir que la décennie 2008-2018 a été complètement perdue pour le pays et que la Mauritanie aurait pu, si elle avait été gouvernée autrement, être aujourd’hui dans une situation sans commune mesure avec sa situation actuelle.
Le premier de ces articles, sous le titre : le coup d’Etat de 2008 et l’installation d’un Etat de non droit, vient d’être publié sur le site mondafrique et repris, quelques instants plus tard, sur le site Cridem ; et ce n’est certainement pas un hasard, les deux sites partageant la même allégeance douteuse sur laquelle nous aurons, peut-être, à revenir ultérieurement.
Moussa Fall, tel que nous le connaissons, est un homme qui se réclamait de la gauche, mais son ancrage politique n’a cessé de varier, suivant les opportunités de gain personnel qu’il croit entrevoir, ici ou là, au gré des changements politiques circonstanciels et transitoires : il ne s’oppose que lorsque, quelque part, il se propose. Homme de l’ombre, il fut un gestionnaire catastrophique et ‘’gabegiste’’ de premier ordre, son passage à la Sonimex l’atteste clairement, comme l’atteste aussi son passage à la tête de la Banque de l’Habitat qu’il a saignée à blanc à tel point que les autorités publiques ont été poussées à la céder à des opérateurs privés. En fait, il « volait » cette banque, au propre comme au figuré. Rien ne peut effacer de la mémoire collective des nouakchottois le scandale qui a défrayé la chronique à l’époque, celui de l’intrusion de Moussa Fall, de nuit, dans les locaux de cette Banque et son vol de plus de cent millions d’ouguiyas chargés en voitures, toujours de nuit, à une époque où le dollar US s’échangeait contre moins de 80 MRO. Profitant du dysfonctionnement de l’administration de l’époque, l’homme d’affaires Bouamatou serait, semble-t-il, intervenu pour que son ami échappe à la poursuite judiciaire.
Fall ne radicalise ostentatoirement ses positions que lorsqu’ailleurs, en sourdine, il négocie un intérêt personnel. C’est donc toujours l’appât du gain qui détermine le positionnement de l’homme.
Aujourd’hui, il se donne à lire en pourfendeur de la corruption et en chantre de la démocratie et de la bonne gouvernance, ce que, par histoire et nature, il ne peut être. Et comble de la dérision, il s’essaye à ce rôle sur la Mauritanie pays qui a, ces dernières années, obtenu des résultats performants et reconnus par tous en matière de bonne gouvernance, d’ancrage de l’Etat de droit et de développement économique. Ce rôle qu’il s’arroge dans le discours, ne peut prêter qu’à sourire ; eton se serait contenté de sourire n’eut été le fait que le tissu de contrevérités, d’interprétations fallacieuses et d’exploitation partielle et partiale des données, que constitue son article, pouvait induire en erreur quelqu’un qui ne connait ni l’homme ni la situation réelle du pays.
Voulant, envers et contre tout, dénier aux dirigeants actuels, ce que lui-même ne connait pas et n’a jamais pratiqué (la gestion saine et performante,la bonne gouvernance, la construction d’un Etat de droit.),l’auteur s’emmêle les pinceaux : il compile les données en occultant leurs sens premier et leurs implications immédiates ; il se décharge de la responsabilité d’administrer la preuve de ce qu’il avance et tient le caractère péremptoire de ses affirmations gratuites pour substitut valable des preuves inexistantes.
La décennie2008-2018 fut une décennie perdue, mais seulement pour les ‘’gabegistes’’, les manipulateurs de l’ombre qui monnayaient, et souvent à prix dérisoire, le développement et le devenir de leur pays ; elle fut en revanche une décennie gagnée, et haut la main, par le développement, la démocratie et l’Etat de droit en Mauritanie.
A elle seule, cette décennie 2008-2018, a vu la réalisation de plus de kilomètres de routes que les 48 années précédentes (1960-2008). De même, elle a connu une augmentation du taux d’accès à l’électricité d’environ 400%. Cette augmentation est la résultante d’efforts soutenus des autorités dans le domaine des énergies, particulièrement les énergies renouvelables, et la construction d’infrastructures et d’ouvrages de pointes, comme, entre autres, la réalisation de la centrale duale 180 MGW. La Mauritanie est passée d’une situation déficitaire en production d’Electricité à une situation excédentairelui permettant l’exportation de son excèdent vers des pays voisins. Par ailleurs, la période du laisser-aller, qui ouvrait la voie aux formes les plus répréhensibles de la « fraude électrique », que pratiquait à outrance l’auteur de l’article, dont lesdettes envers la SOMELEC en témoignent, est désormais définitivement révolue.
Cette même décennie a connu un développement sans précèdent dans le domaine de l’hydraulique, de l’Education, et de la santé.C’est ainsi que le taux d’accès à l’eau potable est passés de 40 pour cent en 2008 à 70 pour cent en 2018. Plusieurs projets structurants sont mis en place tels que les projets d’Aftout Essahli, d’Aftout Chargui, de Dhar, l’usine de dessalement à Nouadhibou, ainsi que d’importants ouvrages hydriques et un dense réseau d’AEP repartis sur l’ensemble du territoire national.
Le domaine de l’éducation a,quant à lui,connu des avancées significatives sur le plandes infrastructures scolaires et universitaires à travers la construction et l’équipement de plusieurs centaines d’écoles fondamentales, de collège et de lycées, la construction d’un campus universitaire moderne à Nouakchott, d’une université à Aïoun, d’une Ecole polytechnique à Nouakchott, d’une Ecole de génie civile à Aleg, d’un Institut supérieur d’enseignement Technologique à Rosso.. .De même sur le plan de la qualité, on note la création et le développement des lycées d’excellence et d’écoles pilotes, la diversification de l’offre de formation professionnelle et supérieure et sa mise en adéquation avec les besoins réels du pays.
L’amélioration des taux de réussite aux examens nationaux ainsi que les brillants résultats de nos étudiants aux concours des grandes écoles attestent de l’impact positif de l’ensemble des actions réalisées dans ce domaine.
Placé au centre des priorités des autorités publiques, le secteur de la santé a connu d’importantes réalisations en terme d’infrastructures dont la construction et l’équipement de plusieurs hôpitaux, centres spécialisés et centres de santé, répartis sur toute l’étendue du territoire national, ce qui explique l’excellent niveau de couverture médicale dont jouit le pays actuellement et la qualité de la prise en charge qui limite considérablement le besoin en évacuation à l’Etranger.
Cette décennie 2008-2018 a en outre été marquée par la victoire sur l’insécurité et le terrorisme, qui ont atteint leur paroxysme, durant la période que semble tant regretter Monsieur Moussa Fall.
Malgré une conjoncture régionale et internationale critique, l’approche sécuritaire adoptée par la Mauritanie a été un succès, reconnu par tous. Elle a permis d’assurer la sécurité et la quiétude sur l’ensemble du territoire national.
Notre armée nationale est devenue une armée professionnelle à touségards,suffisamment opérationnelle pour relever les défis sécuritaires auxquels le pays pouvait se trouver confronté et s’acquitter, avec compétence, des missions onusiennes de maintien de la paix qui lui sont confiées.
Gagnée, cette décennie le fut aussi sur le plan diplomatique comme sur celui des droits de l’homme. La Mauritanie est devenue un acteur important sur la scène régionale, continentale et internationale. Elle a eu ainsi à présider et la ligue arabe et l’Union africaine,comme elle a été à l’initiative de la création du G5-Sahel, et, pour la première fois de son histoire, Nouakchott organise et accueille, les sommets et les rencontres de haut niveau.
S’agissant des droits de l’homme, le Gouvernement a mis en place un cadre général de promotion et de protection des droits de l’homme qui a permis la consolidation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels d’une part, et la promotion et la protection des droits catégoriels d’autre part.
Ces quelques exemples montrent combien la décennie 2008-2018 fut réellement une décennie gagnée par la Mauritanie sur tous les plans.
L’auteur s’étonne, dans son article, de la facilité avec laquelle « le coup d’Etat du 06 août est passé », selon son expression. Ce qui est une autre manière de reconnaître que les Mauritaniens ont bien accueilli le changement, y compris, comme il dit lui-même, ‘’des partis politiques d’opposition et non des moindres’’. Au lieu de reconnaître ce fait, à savoir que le Peuple demandait à être libéré du régime de l’époque, en raison de sa gestion catastrophique, l’auteur préfère recourir à la brumeuse théorie de la faiblesse de la demande démocratique, qui pose l’immaturité du peuple pour la démocratie, et dénote du peu de respect et de considération qu’il accorde au peuple mauritanien.
Il prétend que des reformes innovantes ont été engagées au cours de cette période dont il est si nostalgique, mais il ne cite cependant aucune de ces réformes et pour cause! Les seules «réalisations » effectivement indubitables, au cours de cette période, furent l’amplification de la gabegie, le retour des grands fossoyeurs et pilleurs de deniers publics, dont le pays avait été débarrassé durant la transition de 2005-2007, et l’aggravation de la crise économique sociale et politique dans le pays.
L’auteur reproche au gouvernement « le non-respect des échéances électorales », feignant d’oublier que ce retard s’explique par les tractations préparatoires au dialogue qui étaient en cours avec l’ensemble des acteurs politiques, y compris son propre groupe. Seulement, en 2011, certains partis politiques ont cru trouver dans le « printemps arabe » une opportunité d’accéder au pouvoir autrement que par les voies démocratiques. Et lorsqu’ils ont perdu leurs illusions face à la clairvoyance des Mauritaniens et leur attachement au Président de la République Mr Mohamed Ould Abdel Aziz, ils ont voulu reprendre le dialogue, rien que pour retarder les élections de 2013, qui ont été organisées, conformément aux résultats du dialogue politique auquel ont pris part d’importants partis de l’opposition. Tout cela l’auteur le connaît bien, mais il préfère le taire, pour lancer ses accusations arbitraires et sans fondements.
Il dénonce ce qu’il appelle le mépris des institutions, par le pouvoir actuel en évoquant, pour asseoir ce point,« l’activation de l’article 38 de la constitution pour contourner le rejet par le sénat du projet des réformes constitutionnelles ». Cependant il ne dit nulle part que cet article 38 ne s’applique pas en la circonstance. Il se contente de déplorerque cette disposition soit« activée », comme si elle avait été inscrite dans la constitution pour rester éternellement « inactive ».
Quoi de plus respectueux des institutions que de recourir à un article de la constitution pour dépasser un blocage institutionnel donné.
En définitive, c’est l’auteur lui-même qui méprise les institutions ;lui, qui lorsqu’il était du côté du pouvoir, trouvait que le parlement était représentatif et ses débats riches et suivis par tout le monde ; et lorsqu’il est devenu contre le pouvoir en place il a trouvé le même parlement irresponsable et démissionnaire, sans se soucier de la logique ou de la cohérence de ses positions.
Pour établir son accusation relative au recours à la fraude électorale systématique, il s’en tient à des affirmations gratuites sans le moindre commencement de preuve: « l’argent du contribuable est utilisé, l’administration encadre la fraude… ». Cela est très facile à dire, tous les perdants peu démocrates dans l’âme le disent, et son argumentaire sur ce point est pour le moins étonnant.
Il commence par affirmer que, lors du referendum, tout a été mobilisé pour une fraude à l’échelle nationale facilitée par le boycott de l’opposition et que les urnes ont été purement et simplement bourrées, mais il reconnait, dans le même temps, que le taux officiel de participation, élément déterminant dans ce scrutin, était seulement de 54% ! Ce qui contredit explicitement sa thèse de fraude et de bourrage systématique des urnes.
A toutes ces accusations, l’auteur ajoute celle de gabegie et de mauvaise gestion mais là encore, comme à son habitude, il compile les assertions gratuites espérant que leur caractère péremptoire tiendra lieu de preuve dans l’esprit du lecteur. Il assimile, par mauvaise foi et certainement pas par ignorance, des dispositions du code des marchés publics, le gré à gré, à de la gabegie.
En fait l’entente directe ou gré à gré était avant cette décennie quasiment la règle, elle est devenue aujourd’hui une exception, un mode dérogatoire strictement encadrée par la loi (cf. loi 2010-044).
Le gré à gré est soumis, en vertu du code des marchés publics, à une autorisation préalable de la commission nationale de contrôle sur la base d’un rapport motivé de l’autorité contractante. On ne peut recourir à ce mode qu’exceptionnellement et lorsque les conditions très strictes prévues par la loi sont réunies ; et si tel est le cas il devient un marché absolument légal. Les marchés passés par entente directe ou gré à gré, durant cette décennie, et dont le nombre est extrêmement limité, comme l’acquisition d’avions neufs auprès de Boeing, ou la construction du Centre Al Mourabitoune des Conférences, l’ont été en stricte conformité avec les dispositions en vigueur.
Et, comble du ridicule, l’article considère que le pays connait un recul des libertés publiques alors que la Mauritanie trône à la tête des classements de liberté de la presse avec un espace audiovisuel libéralisé, et que la liberté de formation et d’action des associations et de partis politiques est fortement ancrée. Mais c’est la méthode de l’auteur : nier les faits patents et répéter inlassablement les contre-vérités.
Il ressort de tout ce qui précède que cet article n’est, en réalité, qu’un tissu d’accusations gratuites et infondées qui sont aux antipodes de la réalité. Nul ne peut, aujourd’hui, mettre en doute les extraordinaires avancées enregistrées, par la Mauritanie, au cours de la décennie 2008-2018, sur le plan des infrastructures, du développement économique, de la bonne gouvernance, du renforcement des libertés individuelles et collectives et des droits de l’homme, du rayonnement diplomatique et culturel, de la sécurité et de la cohésion sociale.
En fait, cet article n’est que l’expression de l’amertume profonde d’un homme nostalgique d’un pouvoir à jamais révolu. Un homme qui, comme nous l’avons déjà dit, ne hausse la voix et ne radicalise ses positions qu’en contrepartie d’un intérêt personnel immédiat. Il n’écrit donc que sur commande et sans se soucier de la justesse ou non de la cause. Et son commanditaire, en la circonstance, n’est autre que l’homme d’affaires, Mohamed Ould Bouamatou, objet d’un mandat d’arrêt lancé par la justice de son pays, à la suite de son implication dans des histoires obscures de corruptions, de fraudes fiscales et autres malversations.
Deddah Fadel