Pour ne pas provoquer de remous dans les eaux territoriales aux frontières, le Sénégal et la Mauritanie négocient la mise en place d’un accord de pêche depuis la mort d’un pêcheur sénégalais. Signé en juillet dernier en marge du 31è sommet de l’Union africaine (UA) à Nouakchott, cet accord vient d’être enrichi et finalisé pour enfin entrer en vigueur. Détails.
A Guet-Ndar, un quartier populeux de Saint-Louis (nord du Sénégal), la nouvelle était attendue avec une certaine angoisse. En juillet dernier, lors 31è sommet de l'UA à Nouakchott, le Sénégal et la Mauritanie ont signé, après des mois de négociations, un protocole d'accord de pêche en confiant le peaufinage des détails de son entrée en vigueur aux ministres de la pêche des deux pays.
400 licences aux pêcheurs sénégalais pour 50.000 tonnes par an
L'accord est désormais finalisé depuis ce mercredi 19 décembre et les filets des pêcheurs vont peu à peu se remplir. Oumar Gueye, le ministre de la Pêche du Sénégal, en visite à Nouakchott depuis ce mardi 18 décembre avec une importante délégation, a signé la nouvelle convention avec son homologue mauritanien, Yahya Ould Abdedayem.
D'une durée d'un an, celle-ci prévoit l'octroi de 400 licences aux pêcheurs sénégalais pour la prise de 50.000 tonnes de pélagiques par an. Cette prise sera étroitement surveillée par des experts que la Mauritanie enverra au Sénégal pour superviser le débarquement des prises des pécheurs sénégalais désormais autorisés à pêcher dans les eaux territoriales mauritaniennes.
D'un autre côté, la Mauritanie ne sort pas perdante de la conclusion de cet accord. En application des directives de Macky Sall et Mohamed Ould Abdelaziz, les deux ministres ont enrichi l'accord d'une clause type permettant aux armateurs mauritaniens de louer des pirogues de pêche artisanale avec leur équipage. Certaines usines mauritaniennes, alimentées en produit brut par des pécheurs sénégalais, pourraient alors reprendre leur service de transformation de poissons.
Finalisation de l'accord, fin de la houle sur les eaux frontalières
Plus loin, la finalisation de cet accord de pêche fait retomber la houle qui avait secoué ces derniers mois, les eaux frontalières entre le Sénégal et la Mauritanie. La mort en janvier dernier d'un jeune pêcheur sénégalais, sous les balles des garde-côtes mauritaniens, avait déclenché une mini-crise qui ne s'est apaisée qu'après l'envoi d'une délégation mauritanienne à Dakar puis la visite de Macky Sall à Nouakchott. Une visite qui avait jeté l'ancre pour la conclusion d'un accord de pêche.
Aux origines de la crise, le durcissement de la législation de la réglementation de la pêche en Mauritanie. Celle-ci impose aux bateaux de pêche étrangers de n'employer que du personnel mauritanien et de débarquer leur prise sur des quais mauritaniens. Avec la mise au repos biologique de plusieurs aires marines protégées et l'arrivée des navires-usines étrangers, les pêcheurs sénégalais remontaient de plus en plus haut jusqu'à pénétrer dans les eaux territoriales. Ce qui a donné lieu, depuis l'expiration en 2015 d'un accord de pêche unissant les deux pays, à quelques escarmouches.
A Dakar comme à Nouakchott, ce nouvel accord apporte un vent de tranquillité sur les eaux qui séparent le Sénégal et la Mauritanie. D'un côté comme de l'autre, on semble faire de cette petite durée de l'accord, un an renouvelable, un test pour régler définitivement la question de la pêche. Cet avis de tempête qui menace à chaque fois d'atteindre les côtes