Deux blogueurs mauritaniens ont été arrêtés le 22 mars par la brigade des crimes financiers sans qu’aucun motif d’arrestation leur soit signifié. Leurs avocats mauritanien et français ont saisi mardi le Groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire.
Me Ibrahim Ould Ebety, du barreau de Nouakchott, et Me Henri Thulliez, du barreau de Paris, ont annoncé leur initiative mardi, à Paris, en faveur de leurs clients, les deux blogueurs Abderrahmane Weddady, ancien journaliste, et Cheikh MohamedJeddou, ancien conseiller juridique. Ces derniers critiquent régulièrement le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Mais c’est la brigade des crimes financiers qui les a arrêtés et ce n’est que cinq jours plus tard, le 27 mars, qu’ils ont été incuilpés de calomnie – et placés sous mandat de dépôt.
Selon leurs avocats, ils « reprenaient depuis plusieurs mois des informations tirées d’organes de presse étrangers relatives au potentiel gel », par les autorités de Dubaï, d’un compte bancaire « qui appartiendrait au chef de l’Etat mauritanien.Surtout, les deux blogueurs enquêtaient depuis plusieurs années sur une escroquerie immobilière basée sur le système de Ponzi, touchant plusieurs milliers de familles et qui aurait bénéficié à des proches du Président sans que l’auteur principal présumé ne soit jamais inquiété par la justice ».
Mes Ould Ebety et Thulliez assurent que « le dossier d’accusation est vide. Les poursuites pour calomnie contre nos clients ne reposent sur aucun fondement. Clairement le régime mauritanien semble chercher à intimider toute personne quidénonce publiquement l’impunité orchestrée par celles et ceux qui profitent de la mal gouvernance. Ils doivent être libérés immédiatement ».
Entre 2017 et 2018, le Groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire avait déjà dénoncé à trois reprises les arrestations arbitraires en Mauritanie d’un blogueur, de militants anti-esclavagistes et d’un sénateur de l’opposition.
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