Des technocrates mauritaniens expérimentés se sont dernièrement confiés la combien difficile mission d’assainir l’enseignement, tous niveaux, et de lui donner ses lettres de noblesse.
Leurs premières démarches dans cette voie sont à louer et à encourager, notamment les contacts pris avec les syndicats de l’enseignement, les parents d’élèves et les responsables de l’enseignement privé ainsi que les visites de terrain… etc.
Des contacts et des visites de terrain qui permettent de dégager un diagnostic généralisé et plus réaliste et de rechercher le remède qui a le plus de chance de donner à l’enseignement de la vigueur, de l’envol et de la force pour se hisser et atteindre le sommet de la qualité.
On peut dire ainsi qu’en amont, c’est bien parti pour la réforme de l’enseignement sous Ould Ghazouani, en confiant cette mission à des technocrates déterminés et engagés, mais qu’en aval, la machine grippée et inopérante risque fortement de tout faire traîner voire faire écrouler les efforts comme un château de cartes.
Ce qui me pousse à livrer ce modeste mais combien cher conseil aux ministres de l’enseignement (fondamental, secondaire, professionnel, technique et supérieur) pour conjuguer ensemble leurs efforts multiples et leur savoir-faire afin d’uniformiser leur approche réformiste et d’aboutir à un processus concerté, harmonieux, entretenu et intégré de l’enseignement.
La première chose à faire serait de réduire progressivement jusqu’à l’éradication totale de l’enseignement privé dont la grande étendue est un facteur qui a considérablement contribué à l’abandon total, sauf pour les démunis et les pauvres, de l’enseignement public.
Pourtant, l’Etat consent annuellement pour ce dernier d’énormes moyens matériels et humains pour des résultats quasiment nuls et constants, sans volonté aucune pour les responsables infructueux de tirer les leçons qui s’imposent d’un échec annuel aussitôt reconduit et rajouté aux revers antérieures.
Une situation déplorable qui a continué à nourrir la sangsue au sein de l’enseignement public au profit de l’enseignement privé, qui sous le poids de l’enrichissement rapide de ses responsables, a perdu ses repères pour en marché, où « l’admission » se procure non pas par le savoir mais plutôt par l’argent.
Il faut de l’autre côté du tableau, renforcer parallèlement et en continu l’enseignement public en décuplant les moyens financiers et matériels, mais aussi en faisant supporter aux parents nantis et moyens un cout symbolique de l’enseignement, coute à procéder à des imputations sur les compte des fonctionnaires et agents de l’Etat, qui serviront à payer, à titre d’exemple, des primes pour le corps enseignant public, dont le rendement nul s’explique en premier par des salaires très faibles par rapport au cout de la vie.
Ce qui requiert incontestablement des efforts pour identifier les parents d’élèves qui payaient hier d’importantes sommes pour le privé (voir fichiers desdits établissements) contre des résultats contestables, pour apporter leur contribution matérielle à l’éducation, avec bien sûr celle d’accompagner à domicile l’enseignement de leurs enfants.
L’enseignement public ne fera que se renforcer davantage surtout en continuant sa prise en charge des enfants dont les parents démunis n’ont pas de moyens et qui peuvent être identifiés suivant leur état civil ou à travers le fichier des écoles publiques, sinon avec la perspective de l’évolution dans les moyens et long terme de la Mauritanie vers une société débarrassée du mensonge vers désormais orientée vers le respect de la loi, la sincérité et la franchise.
Autrement dit, le nanti ne déplorera pas de discrimination en payant par rapport au parent d’élève démuni ; sachant que cette même proximité pédagogique, a le grand avantage, en plus d’uniformiser l’enseignement, de consolider l’unité nationale et la cohésion sociale (autres maux gravissimes de cette société) et de débarrasser le pays de la fracture « riche-pauvre », fondamentalement nourrie par des inégalités déconnectées de la réalité, d’ordre purement politique, eu égard aux pouvoirs bâtis depuis des décennies sur le clientélisme, le népotisme, le régionalisme, la race, le favoritisme… etc.
Il est difficile d’épuiser ce thème vital pour sauver l’enseignement et l’inscrire dans la droite ligne et que je résumerai en appelant les ministres de l’enseignement à rayer sans brusquer ni précipitation le privé tout redressant l’enseignement public, afin que cette volonté de récupérer une éducation officielle au fond de l’abîme puisse être couronnée de succès dans quelques années.
Md O Md Lemine