Une situation judiciaire inédite, surtout troublante, du jamais vue dans le monde judiciaire. Les plaignants et les accusés ont été tous déférés à la prison civile de Dar-Naïm de Nouakchott. Voila qui créa la stupeur générale dans cette journée du 18 décembre 2019. Quand un juge d’instruction n’est plus en mesure de séparer le vrai du faux, qu’est ce qu’il fait dans l’introduction de dossiers judiciaires? Le rôle d’un juge est de faire jaillir la verité, rien que la verité. Tout est parti de deux plaintes déposées contre les responsables d’un groupuscule de féodaux Soninké, dénommé « Democratia Islamique », qui font l’apologie et les injures publiques à caractères esclavagistes leur activité préférée dans les réseaux sociaux depuis plusieurs années. Leurs messages sont propagés dans tous les villages Soninké et au-delà même des frontières Mauritaniennes.
La première plainte des abolitionnistes Soninké concerne M. Fousseinou Soumani Camara. Le 27 novembre dernier, il est envoyé en prison pendant 15 jours avant de bénéficier d’une liberté provisoire sous contrôle judiciaire. Lors de l’enquête d’audition de plaignants sur son dossier par la police judiciaire du commissariat Sebkha 1, les nommés Boubacar Camara alias Moustapha Camara, président du groupuscule extrémiste et son homme de main répondant au nom Oumar Camara alias Borou Camara montent un complot pour tirer d’affaire leur parent et ami.
Ils ont fait une descente au commissariat pour provoquer une bagarre devant le commissariat de police. Ils sont venus dans leur 4x4 frimant, commencèrent à prendre des photos en menaçant et injuriant les militants abolitionnistes en dehors du commissariat. Une altercation aurait suivi, M. Borou Camara tente d’utiliser son véhicule 4x4 comme véhicule bélier contre les militants. Des policiers sortent du commissariat et calment les esprits. Puis, trois jours plutard, ils déposent une fausse plainte au parquet pour agression, dégradation d’un bien et vol de 700 milles ouguiyas contre:
- Diadié Bambi Coulibaly, au nomment des faits, il était devant la PJ pour son audition à l’intérieur du commissariat ;
-Yacoub Bakhayokho, président de l’ong UVDS, militant IRA, qui traduisait l’arabe en Soninké les textes de la PJ pour les plaignants à l’intérieur du commissariat ;
-Hamza Camara, n’était même pas présent sur les lieux pour assister à une quelconque bagarre;
-Le vieux Sidi Koné, agé de 70 ans était à l’intérieur du commissariat pour son audition par la PJ ;
-Hademou Coulibaly, était à l'intérieur du commissariat se faisant auditionné par la PJ;
Toutes les personnes visées, sont celles qui ont déposé plaintes contre les responsables du groupuscule féodal en question. Voila la supercherie de l’arbre qui cache la forêt, sans la moindre preuve sur ces accusations grotesques, un juge d’instruction décide d’envoyer Moustapha Camara, Borou Camara et les autres innocents en prison comme ça. Il est à noter que cela fait plusieurs mois qu’une plainte incriminant Moustapha Camara, Borou Camara, Bouthié Dioumassy et un autre ressortissant Malien au nom de Bouyé Dembelé pour apologie de l’esclavage est en cours. Pourquoi le même juge d’instruction n’a pas encore étudié cette plainte. Est-ce qu’une manière de blanchir les esclavagistes ? Est-ce qu’un message fort aux plaignants victimes de l’esclavage coutumier pour les décourager à poursuivre en justice leurs bourreaux? Dans quel système judiciaire vivons-nous ? Dans quel pays au monde ou assiste à ce genre de spectacle, plaignants et accusés tous envoyés en prison ? Doit-on parler d’une justice ou une plaisanterie de mauvais goût ? La reforme de notre système judiciaire est plus qu’une nécessité. Il faut mettre des vrais juristes à la place de certains guignols juges qui ne lisent plus la loi ni la vérité, mais, au choix du plus offrant. Innocent ou pas, je te mets en prison, vous voyez le danger d’une justice indigne ? Le président Mohamed Cheikh El-Ghazouani avait promis une justice équitable pour tous les Mauritaniens, mais, il faudra qu’il nous trouve très rapidement plutôt des magistrats équitables. Vraiment très consternante cette situation.