Lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres tenue le 16 juillet 2020, le gouvernement a adopté un projet de loi modifiant et remplaçant certaines dispositions de la loi 93.009 du 18 janvier 1993, portant Statut Général des fonctionnaires et agents contractuels de l’Etat. Ce projet de loi vise à abroger et remplacer les dispositions de l’article 72, et l’alinéa 2 de l’article 120 de la dite loi relatives à l’âge et aux conditions de départ à la retraite, en supprimant la limite du temps de service de 35 ans et en portant la limite d’âge à 63 ans.
La CGTM est particulièrement indignée par le caractère unilatéral de cette décision parce que n’étant issue d’aucune négociation entre les partenaires sociaux (Gouvernement, Employeurs et Travailleurs). La réforme de la retraite fait partie des clauses sociales fondamentales dans les relations de travail qui ont un impact considérable sur l’emploi et le travail décent, et sa révision ne doit pas être l’œuvre unique d’une poignée de fonctionnaires en activité et occupant des positions hiérarchiques privilégiées dans l’administration publique. D’ailleurs, en gelant les départs à la retraite des fonctionnaires et agents de l’Etat depuis 2019, le gouvernement a violé la loi qui consacre la cessation de toute activité professionnelle dès que l’âge de la retraite est atteint pour tout fonctionnaire quel que soit sa position dans la hiérarchie de l’administration.
La CGTM considère que le gouvernement doit donner la priorité à l’’adoption dans les meilleurs délais de mécanismes de mise en œuvre et d’application d’un agenda de travail décent et ce en concertation avec les organisations syndicales représentatives de travailleurs et d’employeurs dans le cadre d’un dialogue social durable. Parmi les priorités qui devraient être accordées, et en urgence, au statut des fonctionnaires et agents de l’Etat, figure :
- la nécessité de la revalorisation des salaires et des pensions de retraites sur la base de l’indexation du point indiciaire sur le taux réel d’inflation
- de l’alignement du point indiciaire de calcul de tous leurs droits, y compris ceux des pensions de retraite, à la conjoncture socioéconomique et au taux d’inflation pour disposer d’une assiette de cotisation qui permettra de rehausser le niveau de leurs salaires et avantages et de leurs pensions de retraite.
Les taux indiciaires de calcul des salaires et traitements des fonctionnaires et agents de l’Etat sont les plus faibles de la sous-région et n’offrent aucun emploi décent aux bénéficiaires, ce qui hante le sommeil des travailleurs devant jouir de leurs droits à une pension de retraite.
La CGTM rappelle que le travail est un besoin qui répond à une aspiration individuelle de chaque personne désirant construire une carrière professionnelle durant la phase la plus active de sa vie et que la retraite devrait lui donner l’occasion de se réaliser dans d’autres domaines que sa vie professionnelle ne permettait pas et pour ce, il est nécessaire que l’âge de départ à la retraite ne soit pas retardé par rapport à son âge réel.
La CGTM précise que la solidarité intergénérationnelle oblige de disposer de mécanismes favorisant l’arrivée massive de jeunes qui terminent leurs cursus scolaires ou académiques sur le marché actif du travail, et de trouver une insertion professionnelle pour valoriser leurs savoirs et leur savoir-faire.
Nouakchott, le 20 juillet 2020
Le comité exécutif