L’homme d’affaires mauritanien Moustapha Ould Limam Chafi, un opposant à l’ex-président Mohamed Ould Abdel Aziz connu pour son rôle dans la libération d’otages occidentaux au Sahel, est rentré dimanche d’un exil d’une dizaine d’années, a constaté un correspondant de l’AFP. « Je suis le dernier opposant à rentrer dans notre chère patrie, une occasion pour les Mauritaniens de se réconcilier et de préparer leur avenir ensemble », a confié à son domicile de Nouakchott à quelques journalistes M. Ould Chafi, peu après être descendu d’un vol en provenance du Qatar. Il s’est déclaré « satisfait de regagner le pays après un exil long et douloureux ».
La justice mauritanienne avait annulé il y a tout juste un an les poursuites judiciaires visant trois opposants mauritaniens, dont cet homme d’affaires âgé d’une soixantaine d’années, réputé bon vivant.
Le geste avait été présenté comme un « signal de la volonté d’apaisement et de normalisation du climat politique après l’élection mi-2019 du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ».
Ould Chafi était un farouche opposant au président Aziz, au pouvoir de 2008 à 2019. Il avait été visé à partir de 2011 par un mandat d’arrêt délivré par le pôle antiterroriste de la justice mauritanienne pour « connivence et liens avec les groupes jihadistes au Sahel », en l’occurrence Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Il était à l’époque connu pour son rôle décisif dans les négociations pour la libération de plusieurs Occidentaux enlevés par Aqmi et décrit dans les capitales ouest-africaines comme un « missi dominici » au carnet d’adresses impressionnant, s’étendant du Burkina Faso et du Niger à la Côte d’Ivoire, en passant par le Mali, le Soudan ou encore le Rwanda.
Ses détracteurs l’accusaient de collusion avec les djihadistes, notamment de détournement de rançon, une accusation qu’il qualifiait de « diffamation inacceptable. « Tous les dictateurs ont accusé leurs opposants de terrorisme », avait-t-il lancé.