Le Tchad abritera aujourd’hui lundi 15 février courant, un sommet de cinq pays du Sahel et la France. Cette rencontre de deux jours est consacrée à la lutte antidjihadiste dans la région.
Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) sont annoncés présents à N’Djamena. Leur homologue français, Emmanuel Macron, y participera en visioconférence.
L’armée française déclare avoir affaibli l’organisation Etat islamique (EI) et tué plusieurs chefs d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais les deux groupes djihadistes continuent à sévir.
Paris est confronté aux interrogations croissantes sur son engagement antidjihadiste dans la région et souhaite réduire sa présence militaire dans la région.
Il va «ajuster (son) effort», a indiqué en janvier E. Macron. Paris privilégie deux options en conséquence : l’«internationalisation», traduite par le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, auquel participent plusieurs dizaines d’Estoniens, de Tchèques et de Suédois, et la «sahélisation», en d’autres termes transmettre le relais aux armées nationales qu’elle forme avec l’Union européenne (UE). Mais celles-ci sont sous-entraînées et sous-équipées.
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Politiquement, Paris soutient qu’il est temps de réinstaller l’Etat là où il est aujourd’hui absent. Au Mali, les militaires, qui gardent la mainmise sur les autorités de transition installées après le putsch d’août 2020, reprennent à leur compte la nécessité d’un dialogue avec les chefs djihadistes maliens Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa.
Ce qui est loin d’être la vision de Paris. La ministre des Armées française, Florence Parly, a déclaré début novembre : «On ne peut pas dialoguer avec les groupes djihadistes qui n’ont pas renoncé au combat terroriste.» Lancée en 2013, l’opération «Serval» est remplacée, le 1er août 2014, par «Barkhane», dont la vocation est régionale.
En 2015, les violences se sont propagées vers le Sud, puis le Burkina Faso et le Niger voisins. En février 2021, le patron du renseignement extérieur français, Bernard Emié, confirme que les pays du golfe de Guinée, notamment le Bénin et la Côte d’Ivoire, sont eux aussi devenus des cibles d’Al Qaîda.
En mars 2017, les djihadistes liés à Aqmi, dont les groupes de l’Algérien Mohktar Belmokhtar et du prédicateur radical Amadou Koufa, se fédèrent en un Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), dirigé par Iyad Ag Ghaly.
La région est aussi aux prises avec le groupe Etat islamique au grand Sahara (EIGS), auteur d’une série d’attaques d’ampleur fin 2019 contre des bases militaires au Mali et au Niger. Le 4 juin 2020, le chef d’Aqmi, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, est tué par «Barkhane» au Mali. En novembre, c’est au tour de Bah Ag Moussa, «chef militaire» du GSIM, d’être abattu par la France. Mais les djihadistes sont loin d’être neutralisés