Lors de son intervention en visioconférence depuis Paris au deuxième jour du sommet du G5 Sahel, le 16 février, à N’Djaména, Emmanuel Macron n’a pas eu de mots assez forts pour marquer sa détermination à poursuivre la lutte antiterroriste. Soulignant l’affaiblissement de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) après la neutralisation de plusieurs de ses leaders, le chef de l’Etat français a expliqué vouloir engager «une action renforcée pour aller décapiter ces organisations». Une référence implicite au Groupe de soutien pour l’islam et les musulmans (GSIM) et à l’ensemble des groupes qui tels la katiba Macina ont porté allégeance ou affichent leur proximité avec Al-Qaïda et continuent «à nourrir un agenda jihadiste» selon le président français.
Après la neutralisation d’Abdelmalek Droukdel, en juin 2020, Iyad Ag-Ghali et Amadou Koufa deviennent les cibles prioritaires à abattre par la coalition afro-européenne opérant en territoire sahélien. D’où la décision de maintenir la pression en ne touchant pas aux effectifs – actuellement 5100 hommes – constituant la force Barkhane. Un effort maintenu s’inscrivant dans un contexte de menace toujours aussi lourd. Comme annoncé par Financial Afrik, la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso), épicentre des attaques (2400 civile tués en 2020), doit d’ailleurs accueillir un nouveau contingent tchadien de 1200 hommes. Une décision unanimement saluée par les participants au G5 Sahel et qualifiée de «sage et courageuse» par Emmanuel Macron. Pour Idriss Deby Itno, elle s’avère avant tout hautement tactique. Au moment où ce dernier est critiqué de toute part quant à sa volonté de briguer un sixième mandat consécutif à la présidentielle d’avril prochain, l’effort porté à la lutte antiterroriste lui permet de s’acheter une nouvelle conduite aux yeux de ses partenaires et d’affaiblir mécaniquement la voix de ses adversaires.