Ce samedi 6 mars, le Sénégal est sous les projecteurs. Les tensions, sensibles depuis plusieurs jours, se sont intensifiées entre les forces de l'ordre et des jeunes réclamant la libération de l'opposant Ousmane Sonko, retenu en garde à vue. Plusieurs quartiers de Dakar et de villes de l'intérieur ont connu des affrontements d'une ampleur inconnue depuis plusieurs années. Ces scènes de guérilla urbaine ont fait officiellement quatre morts.
Les autorités sénégalaises ont promis de "ramener l'ordre" et vendredi soir, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres s'est dit "très préoccupé" et a appelé "à éviter une escalade". Sur les réseaux sociaux, certaines personnalités ont exprimé leur chagrin devant l'ampleur des événements.
"Une pensée pieuse pour mon peuple, dont la cohésion et la paix sociales ont toujours été chantées partout. Que la paix revienne dans nos cœurs !", a tweeté le footballeur Sadio Mané. "Au peuple Sénégalais, à sa jeunesse courageuse qui me sont chers,
j’adresse mon soutien et mes sincères condoléances aux familles des victimes", a écrit de son côté Omar Sy, d'origine sénégalaise.
Une pensée pieuse pour mon peuple, dont la cohésion et la paix sociales ont toujours été chantées partout.
Que la paix revienne dans nos cœurs !
Les rues jonchées de projectiles
"Le gouvernement regrette la perte de quatre vies humaines", a dit en direct à la télévision vendredi soir le ministre de l'Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, alors que le bilan était jusque-là d'un jeune tué jeudi dans le sud du pays. Ce dernier a accusé Ousmane Sonko d'être responsable de ces violences en ayant "lancé des appels à la violence" et à "l'insurrection".
À Dakar, la bataille a laissé après coup le spectacle saisissant de rues vidées de gens et de véhicules, jusqu'aux proches abords des lieux de pouvoir, et jonchées de projectiles de toutes sortes, entre les magasins tous fermés. Dans le quartier populaire de la Médina, des groupes de jeunes scandant "Libérez Sonko!" ont harcelé les très nombreux policiers en jetant des pierres. Les mêmes incidents se sont reproduits un peu plus loin près de la place de la Nation. Des blindés avaient été positionnés auprès de la présidence et ses accès bouclés.
L'arrestation, mercredi, de Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a provoqué la colère de ses partisans, mais aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble les frustrations suscitées par les conditions de vie depuis la pandémie de Covid-19.