Niger : tout comprendre à la situation après la "tentative de coup d'Etat" déjouée | L'Information

Niger : tout comprendre à la situation après la "tentative de coup d'Etat" déjouée

jeu, 04/01/2021 - 14:47

Les faits. Le Niger fait face à une situation instable. Une "tentative de coup d'Etat" militaire a été déjouée dans la nuit, a affirmé mercredi le gouvernement local, deux jours avant la prestation de serment du président récemment élu Mohamed Bazoum. Des riverains du quartier de la présidence à Niamey ont raconté avoir été réveillés par des tirs. "Les tirs étaient intenses, il y avait des armes lourdes et des armes légères", a témoigné l'un d'eux. Le gouvernement a condamné dans un communiqué "cet acte lâche et rétrograde voulant mettre en péril la démocratie et l'Etat de droit dans lequel notre pays s'est résolument engagé".

Une enquête a été ouverte mais "d'ores et déjà plusieurs personnes en lien avec cette tentative de coup d'Etat" ont été "interpellées et d'autres sont activement recherchées", a-t-il précisé, sans plus de détails. Le "cerveau" présumé de ce putsch manqué "est un officier de l"armée de l'air chargé de la sécurité de la base aérienne militaire" de Niamey "activement recherché", a indiqué une source au sein des services de sécurité du Niger. Le gouvernement affirme que "la situation est totalement sous contrôle" et invite "la population à vaquer normalement à ses occupations quotidiennes".

Pourquoi ça compte. L'histoire du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde en proie à de récentes attaques djihadistes particulièrement meurtrières, est jalonnée par les coups d'Etat. Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre : le premier en avril 1974 contre le président Diori Hamani, le dernier en février 2010 qui a renversé le président Mahamadou Tandja. Sans compter les tentatives de putsch, nombreuses. Le passage de relais entre Mahamadou Issoufou et Mohamed Bazoum est le premier entre deux présidents démocratiquement élus.

LIRE AUSSI >> Tout comprendre aux tensions post-électorales au Niger

L'ex-président et adversaire de Mohamed Bazoum, Mahamane Ousmane, conteste les résultats du scrutin et a revendiqué la victoire, appelant à "des manifestations pacifiques" dans tout le pays. Celle prévue mercredi à Niamey a été interdite. Cette "tentative de coup d'Etat" est intervenue avant l'investiture prévue vendredi à Niamey du nouveau président élu Mohamed Bazoum, très proche du chef de l'Etat sortant Mahamadou Issoufou.

Les conséquences. A la suite de la tentative de coup d'Etat, l'ambassade des Etats-Unis à Niamey a décidé de suspendre ses "services consulaires jusqu'à nouvel ordre" et "encouragé" son personnel à rester à la maison, l'ambassade de France invitant elle "les Français à rester chez eux". Le président du Nigeria Muhammadu Buhari, lui-même ancien général putschiste, a condamné la tentative de coup de force, se disant "préoccupé par l'impact négatif des coups d'Etat sur la stabilité, la paix et le progrès en Afrique".

En plus de cette tentative de coup d'Etat, Mohamed Bazoum va être immédiatement confronté à l'immense défi des attaques djihadistes menées régulièrement dans son pays par des groupes affiliés à Al-Qaïda et l'Etat islamique dans sa partie Ouest frontalière du Mali et du Burkina Faso, par le groupe nigerian Boko Haram dans sa partie Est frontalière du Nigeria.

LIRE AUSSI >> Attaque au Niger : "Tous les regards se tournent vers l'Etat Islamique au Grand Sahara"

Les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l'année : plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d'attaques contre des villages et des campements de l'ouest du pays, frontalier du Mali. La dernière de ces attaques de grande ampleur a eu lieu le 21 mars dans la région de Tahoua, faisant 141 morts dans trois villages touareg et des campements alentour.

Dans un récent entretien à RFI et France 24, Mohamed Bazoum a écarté tout dialogue avec les djihadistes, estimant que la situation de son pays était différente de celle du Mali. "Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n'y a pas un seul chef djihadiste nigérien, une seule base de djihadistes sur notre territoire", a-t-il affirmé.