Le personnel du Laboratoire National des Travaux Publics a rendu publique une déclaration adressée au Président de la République Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, actuellement absent du pays pour pouvoir se positionner sur la profonde crise de communication et de contre-communication qui secoue depuis quelques jours cet établissement et opposant sa Directrice Générale à certains employés.
Le personnel attire l'attention du Président "sur le fait que le communiqué de la directrice générale du Laboratoire national des travaux publics était erroné, en tentant de diaboliser nos collègues, et ne reflète pas la réalité des revendications collectives que nous cherchons, en qualité de travailleurs, d'obtenir de manière réglementaire, administrative et professionnelle".
Ci-aprés l'intégralité de cette déclaration publiée par Cridem
""
Excellence Monsieur le Président,
Permettez nous d'abord de vous exprimer nos meilleures salutations et notre haute considération, Nous vous informons que le Laboratoire National des Travaux Publics vit, depuis la nomination de Mme Irbiha/Abdel-Wedoud en tant que Directrice Générale, en février 2019, un véritable revers, du fait de la méthode qu'elle a adoptée avec le personnel, du à son mépris pour tout le monde, sans raison, ce qui a affecté négativement les performances et la rentabilité du laboratoire, ce qui était évident à plusieurs niveaux en particulier:
- la neutralisation de l'ensemble des cadres de gestion financière et leur remplacement par deux personnes amenées par la Directrice Générale, de l'extérieur de l'établissement, qui lui sont socialement proches et de manière peu transparente (nous vous renvoyons au rapport du commissaire aux comptes lors du conseil d'administration du 28/04/2021), ce qui a eu un impact négatif sur la performance de la gestion financière de l'établissement.
Cela a conduit à des déséquilibres majeurs dans la gestion administrative et financière de l'institution, de sorte qu'elle est devenue incapable de payer les cotisations patronales, malgré le fait que le laboratoire ait assuré le contrôle de grands projets qui lui généré des ressources financières considérables, notamment:
- Projet routier Néma-Achemime
- Projet routier Kiffa-Boumdeid
- Le projet de voirie urbaine à Nouakchott 2020
- Projet de voirie urbaine à Nouakchott 2019
- Projet de route n° 1-Benichab
- Projet routier urbain Sélibaby 2020
- Le troisième tronçon de la route Nouakchott-Boutilimit
Ceci s'ajoute aux revenus de la Direction des Prestations (Services).
Malgré ces revenus considérables, les travailleurs du Laboratoire national des travaux publics vivent aujourd'hui dans des conditions difficiles, marquées par ce qui suit:
- Le non-paiement des échéances prévues dans le règlement intérieur de l’institution.
- Le non-paiement de la prime de rentabilité (PSR) pour l'année 2020.
- Le non paiement du salaire du treizième mois de 2020
- Non-paiement des dividendes payables aux travailleurs (Prime du bilan) pour les années 2019 et 2020.
- Non-paiement des cotisations salariales des Missions de Contrôle, qui n'ont pas été payées depuis mars 2020, soit il y a 14 mois.
- Retard dans le décaissement mensuel des salaires; ce qui annonce un déficit financier imminent pouvant conduire à l'arrêt de l'activité de l'institution.
Nous notons que ces déséquilibres n'étaient pas habituels dans les périodes précédentes, mais se sont accompagnés d'opérations de recrutement collectif de des personnes extérieures en dehors de procédure légale, ce qui a alourdi la charge financière du laboratoire.
Fort de son rôle primordial dans le maintien de la qualité des matériaux utilisés dans les travaux de construction, le laboratoire s'appuie sur les mécanismes et équipements nécessaires dans le domaine géotechnique.
Ces équipements et matériel sont considérés comme la principale ressource et le moteur du Laboratoire, et il est nécessaire de les entretenir et d'en acquérir de nouveaux afin de pouvoir continuer à jouer son rôle pilote dans le domaine des travaux publics.
Cependant, en raison d'une mauvaise gestion, ce matériel a souffert des problèmes suivants: Manque d'entretien et de calibrage, ce qui a affecté négativement les résultats des tests et analyses effectués par ces équipements.
- Les travaux ont été interrompus en raison du manque de certains équipements nécessaires pour effectuer des analyses et des études géotechniques, y compris:
• Équipement de mélange d'asphalte
• Aptitude de l’enrobé à se compacter au niveau du chantier (PCG)
• La tenue de l’enrobé à l'eau (Duriez)
• Test de vieillissement de l'enrobé (RTFOT)
Partant de ce qui précède et soucieux de notre responsabilité, nous, les cadres du Laboratoire national des travaux publics, avons à plusieurs reprises sensibilisé l'administration publique à la situation difficile dans laquelle vit l'institution et à la nécessité de prendre les mesures appropriées pour surmonter cette situation. Or, la Directrice générale nous a confrontés en nous ignorant et sans aucune suite positive.
Après de nombreuses tergiversations, nous avons rendu visite, le 02/05/2021, au Ministre de l'Equipement et des Transports pour l'informer de la situation difficile au Laboratoire National des Travaux Publics, qui, si elle s'aggravait, pourrait conduire à sa faillite.
Cette visite a été suivie d'une lettre adressée au Ministre contenant l'état de lieu du laboratoire précité le 03/05/2021.
Le vendredi 07/05/2021, la directrice du laboratoire a tenu une réunion publique à laquelle ont participé tous les travailleurs et a écouté toutes les revendications et s'est engagé à résoudre les problèmes posés.
Le dimanche 09/05/2021, nous avons été surpris par l'appel du Ministre à une réunion dans son cabinet à cinq heures du soir 17h en présence de la Directrice générale, au cours de laquelle le Ministre a souligné la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour régler la situation critique du laboratoire.
Malgré les instructions répétées du ministre à la Directrice Générale de régler la situation et au lieu de prendre nos demandes au sérieux, nous avons été surpris, le lendemain 10/05/2021, par la direction générale prenant un paquet de mesures arbitraires :
- Révocation du directeur des études, M. Mohamed Saleck / Bowba, de son poste
- Destitution des ingénieurs, chefs de missions de contrôle des projets routiers confiés au laboratoire :
- Le projet routier Néma-Achemime
- Le projet de voirie urbaine à Nouakchott 2020
- Projet de la voirie de de Sélibaby 2020
- Le troisième lot de la route Nouakchott-Boutilimit
Il est clair que ces mesures de représailles reflétaient l'arrogance de la Directrice Générale et son non-respect des instructions du Ministre de l'Equipement et des Transports; ces mesures qui ont causé une indignation au sein du Laboratoire National des Travaux Publics (LNTP), qui a conduit à la démission des chefs de service et de certains conseillers ,de leurs postes pour protester contre ces mesures injustes.
Les démissionnaires sont:
- Ingénieur. Aminetou Mohamed Lemine Dahiya - Conseillère technique et responsable de la cellule qualité
- Ingénieur. Abat Meddou - Chef du service technique du laboratoire
- Sidi Mohamed Mohamed Fadel - Chef du Service commercial
- Ba Alassane Malik - Chef du Service de conservation à la Direction des études et recherches. Le Mardi 11/05/2021, Le Secrétaire General du Ministère d’équipement et des Transports nous a convoqué à une réunion dans son bureau au cours de laquelle il nous a demandé de raconter tous ce qui s’est passé dès le premier jour de notre revendication.
Et il s'est, en suite, engagé à soumettre son rapport au ministre.
Le mercredi 12/05/2021, et après l'aggravation de la situation, le ministère de la Fonction publique et du Travail a envoyé un comité d'inspection pour examiner le cas et établir un rapport à ce sujet ; le dit comité a tenu plusieurs réunions avec la direction générale et le personnel séparément. Après avoir écouté les doléances du personnel, l'inspecteur a confirmé leur légitimité et s'est engagé à soumettre un rapport au ministre.
Une heure après cette réunion, et au lieu de trouver des solutions aux problèmes des travailleurs, nous avons été surpris que certains de nos collègues aient reçu des appels téléphoniques du Service du Personnel pour leur demander de venir recevoir leurs lettres de licenciement (licenciement sans droit) sans préavis, ce qui est contraire à l'article 46 du Code du travail. En plus, ces décisions ont été rendues après la fin des heures officielles de travail et sans la moindre justification. Les licenciés sont:
- Mohamed Saleck / Bowba, Directeur des études et de la recherche
- Ingénieur. Aminetou Mohamed Lemine Dahiya - Conseillère technique et responsable de la cellule qualité
- Ingénieur. Abat Meddou - Chef du service technique du laboratoire
- Sidi Mohamed Mohamed Fadel - Chef du Service commercial
- Ba Alassane Malik - Chef du Service de conservation à la Direction des études et recherches.
Excellence Monsieur le Président de la République,
Partant de ces faits, nous attirons votre attention sur le fait que le communiqué de la directrice générale du Laboratoire national des travaux publics était erroné, en tentant de diaboliser nos collègues, et ne reflète pas la réalité des revendications collectives que nous cherchons, en qualité de travailleurs, d'obtenir de manière réglementaire, administrative et professionnelle.
Nous rejetons tout comportement qui perturbe la tranquillité ou porte atteinte à notre auguste institution, qu'il soit matériel ou moral, en raison de notre entière croyance en ce laboratoire dans lequel nous travaillons avec tout le sérieux et la sincérité, contrairement à ce que la déclaration de la Directrice générale a tenté de faire croire, avec l'assurance que nous avons essayé par tous les moyens de résoudre notre problème loin des médias.
Concernant les allégations de la directrice, nous y répondrons en détail :
Premièrement : en ce qui concerne les travailleurs ayant quitté des missions de contrôle sur leur lieu de travail, cela est normal en raison d'une interruption d'activité à l'occasion de l'Aïd al-Fitr.
Deuxièmement: En ce qui concerne l'allégation d'empêcher un conducteur de son travail d'ouverture d'une voie latérale pour créer une déviation, il s'agit d'une manipulation qui n'a pas de sens, car l'ouverture de la voie publique est de la compétence de l'entreprise contractante qui dispose de l'équipement nécessaire pour cela, et il y a une équipe du ministère en charge de la sécurité routière qui fait rapport et coordonne avec les autorités concernées en cas d'obstruction de la circulation.
La question déconcertante qui reste est comment traiter mal et arbitrairement les travailleurs d'une institution publique dont la seule faute est d'avoir exprimé leurs revendications de manière respectueuse et décente ?
Est ce que ce le constat fait par le Premier ministre, l'ingénieur Mohamed Ould Bilal Ould Messoud s'applique-t-il à la directrice générale du Laboratoire national des travaux publics, quand il a souligné que «le gouvernement a trouvé un lourd héritage au cours duquel l'administration a été détruite et la dignité du salarié a été piétinée de sorte qu'il est devenu frustré et ne fait qu'attendre des instructions, et a perdu tout esprit de créativité".
En conclusion :
Nous, les travailleurs du Laboratoire national des travaux publics, ne pouvons qu'exprimer notre rejet total de l'approche de la Directrice générale, qui vise à aggraver la situation, et affirmons que nous ne reconnaissons pas le licenciement de nos collègues, et nous demandons au Président de la République, Mohamed Ould Cheikh Al-Ghazouani, de nous rendre de justice et d'intervenir immédiatement pour mettre fin à cette injustice flagrante et restaurer les droits à leurs propriétaires.
Nous affirmons également que nous continuerons à revendiquer nos droits de manière professionnelle, pacifique et morale, afin que le Laboratoire National des travaux publics puisse mener à bien exécuter les tâches qui lui sont assignées, à savoir maintenir l'achèvement des projets avec la qualité et les spécifications requises.
Annexe :
La lettre adressée au Ministre de l’Équipement et des Transports