En Espagne, des milieux de la droite classique et au PSOE ont alerté des conséquences de l’accueil de Brahim Ghali sur l’engagement du Maroc à coopérer contre le terrorisme djihadiste. Malgré ces mises en garde, le chef du gouvernement et sa ministre des Affaires étrangères ont fait la sourde oreille.
L’Espagne souhaite que sa coopération sécuritaire avec le Maroc ne soit pas affectée par l’affaire Brahim Ghali. En plein coupe d'Europe, dont des matchs se joueront à Séville, la police espagnole a demandé au Maroc de reprendre l’échange d’information sécuritaire en raison du caractère exceptionnel du moment et des concentrations pour la compétition de football, rapporte Ok Diario. Pour l’heure, la prédisposition du royaume a répondre à la demande du voisin ibérique est «faible» à cause de l’accueil du chef du Polisario, pendant 44 jours, dans un hôpital à Logroño.
La publication, proche des milieux d’extrême droite, indique que l’escalade diplomatique a mis les services de renseignements des deux pays «en alerte». «L'Espagne a cessé d'être, pour le moment, l'interlocuteur de l'Europe auprès des services de renseignement marocains», ajoute la même source. C’est dans ce contexte que le Maroc a décidé de se tourner vers d’autres «alliés» européens, comme la France.
Le directeur du BCIJ : la coopération sécuritaire avec l’Espagne est «menacée»
Pour mémoire, Madrid avait été la grande bénéficiaire de la tension entre Rabat et Paris en février 2014, suite au mandat d’arrêt lancé par un juge français contre Abdellatif Hammouchi, alors chef de la Direction générale de la surveillance du territoire, qui se trouvait dans la capitale française dans le cadre de la réunion des ministres de l’Intérieur du G4 (France, Maroc, Portugal, Espagne). Le Maroc avait suspendu sa coopération sécuritaire avec la France pour la consolider avec l’Espagne. C’est en effet le scénario que redoutent tant le Parti populaire (opposition) et des voix réalistes au sein du PSOE (gouvernement). L’ancien Premier ministre, José Luis Rodriguez Zapatero, et l’ex-ministre de la Défense, José Bono, ont fait part de leur inquiétude sur cette question.
Par ailleurs, un rapport des renseignements militaires en Espagne, datant de 2018, a souligné que «dans le domaine de la coopération internationale en matière de sécurité et de défense (terrorisme djihadiste, immigration clandestine, trafic de drogue…), le Maroc collabore activement avec l'Occident, notamment avec l'Espagne». Une contribution qui assure à «l'Europe une sécurité face aux menaces en provenance du Sahel».
Pour l’heure, le Maroc cultive le doute sur ses intentions. Haboub Cherkaoui, le directeur du Bureau central d’investigations judiciaires ( BCIJ), a souligné le 26 mai que la coopération sécuritaire avec l’Espagne est «menacée» alors que la collaboration avec l’Allemagne est «suspendue». Le même jour, le ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, s’est empressé de nuancer les propos de Cherkaoui, affirmant à la Chambre des représentants que «la coopération policière avec le Maroc n’est pas suspendue».
Justement, c’est le maintien de ce lien -bien que ténu- qui a permis le rapatriement immédiat de milliers de Marocains entrés à Ceuta. Néanmoins, cette coopération sur le flash migratoirr vécu à Ceuta ne permet pas d'affirmer qu'elle a été maintenue sur l’échange d’informations sur le terrorisme djihadiste.
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