Le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi une « transformation profonde » de la présence militaire française au Sahel, et la mise en place d'une alliance internationale antidjihadiste dans la région.
« A l'issue de consultations (..) nous amorcerons une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel », a expliqué le président de la République lors d'une conférence de presse qui s’est tenue à l’Elysée, en amont du G7.
Emmanuel Macron a annoncé la « fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et la mise en oeuvre « d'une alliance internationale associant les États de la région ».
Les forces spéciales françaises toujours en soutien
La « transformation » de l'opération Barkhane au Sahel va passer par la fermeture de bases de l'armée française et par la priorité donnée à la lutte contre les djihadistes par les forces spéciales, a précisé Emmanuel Macron.
La lutte contre le terrorisme sera faite « avec des forces spéciales structurées autour de (l'opération) Takuba avec évidemment une forte composante française - avec encore plusieurs centaines de soldats - et des forces africaines, européennes, internationales », qui « aura vocation à faire des interventions strictement de lutte contre le terrorisme », a précisé le président français au cours d'une conférence de presse.
Le calendrier et les modalités de la fin de l'opération Barkhane seront dévoilés fin juin, selon le chef de l'État.
L'opération Barkhane c'est 5.100 soldats français déployés
L'opération Barkhane et la situation au Sahel étaient au menu d'une réunion du conseil de Défense mercredi, selon plusieurs sources consultées par l'AFP, ayant toutes requis l'anonymat.
Un engagement militaire donnant des signes d'enlisement
Depuis 2013, Paris déploie quelque 5.100 soldats contre les jihadistes affiliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda, un soutien de taille aux armées affaiblies des États du Sahel qui peinent à les combattre seules.
Depuis 2013, 50 soldats français ont été tués au Sahel.
La France a engrangé des succès tangibles contre l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) et les organisations affiliées à Al-Qaïda regroupées au sein du GSIM (Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans), sans enrayer toutefois la spirale djihadiste.
La détérioration des relations avec le Mali a accéléré le désengagement
La situation s'est compliquée ces dernières semaines, d'une part avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout le deuxième coup d'État en huit mois au Mali, pays central de l'opération Barkhane.
Les soubresauts politiques au Mali interrogent la présence française, notamment parce qu' une partie des dirigeants maliens souhaitent entamer un processus de négociation avec certains groupes djihadistes.
La France a déjà annoncé le gel de ses opérations conjointes avec l'armée malienne pour condamner le coup d'État, et soutient les pressions internationales exercées par la Cédéao et l'Union africaine pour pousser les autorités maliennes à organiser une transition vers un pouvoir civil et des élections en 2022.