Maata Moulana, la cité éducative que l'on ne présente plus pour sa "notoriété de bastion de spiritualité soufie et de religiosité", s'apprête à abriter, du 24 au 26 octobre courant, une manifestation culturelle qui fait déjà date.
Il s'agit du Premier Festival International El Medih, un art populaire chanté et pratiqué par les hommes et les femmes de toutes les générations, sans exclusive, sans distinction de race ou de couleur, parce que dédié à glorifier et magnifier la vie et l’œuvre du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui).
Une première dans notre pays qui s'en tenait jusque-là, à des « Leyali El-Medh » ou nuits de louanges, organisées à Nouakchott, Atar, Zouerate et autres villesde l'intérieur, à l'occasion de Id El Mawlid Ennebewi Ech-cheriv, marquant l’anniversaire de naissance et/ou de baptême du Messager de l'islam, le Prophète Mohamed (paix et salut sur lui).
Mais voilà, Maata Moulana, ce bled reculé et perdu entre les dunes de sables dans l’erg du Trarza, à quelques 180 kilomètres au sud-est de Nouakchott, voudrait faire mieux et plus que rassembler, des quatre coins de la Mauritanie, tous les spécialistes de ce genre musical spirituel spécifique aux anciens esclaves lesquels l'entonnaient généralement à la fin d’une longue journée de labeur dans le désert, en présence des maîtres, pour finir tard dans la nuit et, par lequel ils exprimaient leurs souffrances et imploraient Allah de les alléger, chaque prière ou imploration étant précédée par les louanges du Prophète Mohamed (PSL).
Le Medh serait-il à l'origine de l'inspiration des réveils religieux des années 1850 aux États-Unis donnant naissance au genre musical du Gospel comme expression de la souffrance des Noirs, dans un contexte anglophone marqué par la lutte contre l'esclavage, les esclaves se réinventant des liens communautaires après avoir été coupés de leurs racines, à travers des chants de travail? Rien n'est moins sûr. Mais qu'à cela ne tienne.
Le Premier Festival International El Medih a ambition de rassembler les belles voix du Medih à l'échelle nationale, continentale et même internationale ici, à Maata Moulana qui connaît un nombre croissant de résidents de différentes nationalités et origines ethniques, de diverses tribus et de divers horizons.
Qu’ils soient des Mauritaniens maures, haratines, wolofs, pulaars, soninkés ou des africains venus du Sénégal, du Niger, du Nigeria, du Mali, de la Gambie, de la Guinée, d’Afrique du Sud, ou encore des maghrébins, des français, des espagnols ou des américains, ils habitent dans « la cité idéale » et forcent l’estime pour leur harmonie et leur entente parfaite. Ici, point d’extrémisme ni de ségrégation raciale, ni d’esprit hautain par rapport à tel ou tel individu.
Et comme le Medh Mauritanien, en plus d'être un art populaire et un genre musical spirituel spécifique qui a son histoire, est un pan important de notre patrimoine culturel transmis de générations à générations, le Medh proprement dit, le véritable qui glorifie et à magnifie la vie et l’œuvre du Prophète Mohamed (Paix et Salut sur Lui), retrouve toute sa splendeur, sa beauté et sa grandeur dans « la cité idéale » de Maata Moulana où, résolument tourné vers Allah, chacun fait en sorte que l'esprit d'amour, de fraternité, de compassion, de cohésion sociale, d’unité et d’acceptation mutuelle, perdure toujours.
C'est cette culture de cohabitation harmonieuse des communautés, déjà effective à Maata Moulana grâce à l'esprit éclairé et rassembleur du cheikh El Hadj El Mishry, que le Premier Festival International El Medih cherche à établir à travers la biographie du Prophète Mohamed, paix et salut sur lui, son histoire personnelle, ses miracles, ses croisades, son œuvre.
C'est dire qu'au delà d'être un évènement culturel, ce Premier Festival International El Medih prend, désormais, une dimension universelle.
Mohamed Ould Khattatt
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