ccLe Mali et la Mauritanie sont convenus samedi de tenter d’élucider ensemble la disparition de plusieurs Mauritaniens sur le territoire malien, qui a provoqué la crispation de Nouakchott au moment où la junte malienne, sous pression internationale, tâchait de renforcer les liens.
Les deux pays se sont entendus sur la création d’une mission conjointe chargée d’établir les faits, qui «entamera son travail dans les meilleurs délais», indique un communiqué commun publié à l’issue d’une visite de deux jours au cours de laquelle une délégation malienne de haut niveau s’est employée à arrondir les angles.
Le communiqué ne dit pas si la délégation malienne conduite par le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a été reçue ou non par le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Un diplomate a indiqué sous couvert d’anonymat que cela n’avait pas été le cas, malgré la demande de Bamako.
La Mauritanie a haussé le ton contre son voisin mardi en accusant son armée «d’actes criminels récurrents» sur son sol contre des Mauritaniens, à la suite de la disparition d’un certain nombre d’entre eux dans la zone frontalière.
Les faits survenus les 5 et 6 mars dans la localité malienne d’El-Attaye demeurent obscurs. Mais des enregistrements sonores circulant sur les réseaux sociaux, attribués à des témoins oculaires mais non authentifiés, ont évoqué la disparition d’une trentaine de Mauritaniens. Un député a parlé d’au moins 15 morts.
En janvier déjà, sept Mauritaniens avaient été tués dans le secteur. À l’époque, la question d’une possible implication de soldats maliens avait également été posée.
La délégation mauritanienne a souligné que des Mauritaniens étaient «victimes sur le territoire malien d’assassinats et d’exactions tragiques inacceptables», dit le communiqué conjoint.
La partie malienne a exprimé ses «profonds regrets».
S’exprimant brièvement devant la presse, le chef de la diplomatie malienne a insisté sur le sérieux avec lequel Bamako prenait ces affaires. Il a dit comprendre l’émoi suscité en Mauritanie, et affirmé la volonté du Mali que les milliers de Mauritaniens sur son sol puissent vivre en paix.
Mais «nous avons réitéré que notre armée nationale n’est pas impliquée dans ces évènements», a-t-il dit à la presse. Il a reconnu «une appréciation contradictoire» entre Bamako et Nouakchott sur cette question, «c’est pourquoi cette commission est mise en place».
Les Mauritaniens ont exprimé mardi leur frustration devant l’absence de résultats des investigations promises par le Mali après la mort de Mauritaniens en janvier.
Le communiqué conjoint prévoit que le Mali partage «dans les meilleurs délais» les fruits de cette enquête.
Les deux parties sont convenues de créer un cadre de partage d’informations et d’organiser des patrouilles conjointes le long de la frontière.
M. Diop a affirmé «l’engagement des plus hautes autorités maliennes à coopérer pleinement» pour élucider les faits. Une mission mauritanienne est attendue dans les prochains jours au Mali, a-t-il dit.
La junte malienne a entrepris récemment un effort de rapprochement avec la Mauritanie. Il s’agit pour les colonels de contrer l’embargo imposé en janvier par l’organisation des États ouest-africains Cédéao pour sanctionner leur projet de se maintenir encore plusieurs années au pouvoir. La Mauritanie, qui ne fait pas partie de la Cédéao, a gardé sa frontière ouverte.
Le Mali est pris dans la tourmente sécuritaire depuis 2012. En plus des agissements des groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, des violences intercommunautaires et des actes crapuleux, l’armée est régulièrement accusée d’exactions