Il est temps d’agir; c’est ainsi que les experts judiciaires ont exprimé leur position par rapport à la situation dans laquelle ils se trouvent.
C’est après la publication de la liste des experts judiciaires par décret établi par le Ministre de la justice, M. Mohamed Mahmoud Cheikh Abdoullah Ben Beya, que les experts ont pu se retrouver pour former un syndicat en leur nom et pour défendre leurs intérêts moraux et matériaux.
Cette action importante a été saluée par l’assemblée constituante du nouveau syndicat, le Rassemblement Professionnel des Experts Judiciaires Mauritaniens (RPEJM).
Désormais, les experts ont une organisation syndicale digne du nom, fondée sur des bases solides et accompagnée par la première génération des experts judiciaires, constituée de l’ancien ministre et 1er Président de l’Ordre National des Experts Judiciaires M. Daffa Bakary, M. Ibrahima Njaye, un des premiers banquiers de la Mauritanie, du temps de l’UBD, la BMD, la SMB et la BIMA, du Doyen et Administrateur de Régie financière et ancien Ministre de la finance, Monsieur Sidi Ahmed Deya, de M. Zekeriya Diop, du Doyen Mohamed Abeidi Mohamed Abdallahi, ancien Directeur Général Adjoint de la Sûreté Nationale, du Doyen Ahmed Abbe, Secrétaire Général de la compagnie Moov Mauritel et du Doyen Abdallahi Mohameden Directeur Général de la SAM ...
Ce groupe est aussi constitué de jeunes experts judiciaires ayant des compétences dans divers domaines d’expertises, qui ont pris la résolution de fonder ce syndicat, pour être la seule organisation syndicale en Mauritanie représentant les Experts Judiciaires.
La communication que ces experts ont faite lors de la première audience avec M. le Ministre de la Justice, a permis à ce dernier de se doter des informations viables et conformes à la réalité des experts, une analyse pertinente de la situation et du contexte des experts, ainsi que des ambitions présentées par ces experts et leur souhait de réactiver leur corps et reprendre leurs activités suspendues depuis près de 15 ans. Tout cet état de chose a permis de construire un climat de confiance entre le ministère et les experts judiciaires mauritaniens.
Ceci a également permis à ce que ces experts puissent se prononcer sur les questions qui les concernent, notamment leur place dans l’appareil judiciaire, les besoins ayant trait à l’expertise judiciaire et les rapports sensés exister entre les experts et les magistrats d’une part, et les experts et le ministère d’autre part.
La loi régissant les experts judiciaires qui n’a jamais fait l’objet de révision depuis sa première instauration dans l’arsenal juridique de la nation, a aussi besoin d’une urgente mise à jour; ce qui ne peut se faire qu’en impliquant les experts, les premiers concernés.
Il est donc impératif d’impliquer les experts dans le processus de révision de cette loi, d’une part, et d’autre part de toute loi ayant trait à la procédure d’expertise judiciaire ou portant sur des aspects ou obligations relatives aux experts judiciaires.
Ces experts ont également la grande ambition de participer avec leurs homologues de part le monde, à différentes activités (formations, colloques, séminaires, cérémonies etc…).
Ceci ne peut se faire sans l’existence d’un représentant responsable, impliqué, informé et présent sur la scène judiciaire sous régionale et internationale.
Les devoirs, les obligations, les droits et intérêts de l’expert judiciaire peuvent aujourd’hui être l’objet de discussion autour d’une table au sein de ce syndicat strictement réservé aux experts.
L’appareil judiciaire, lui aussi, a manqué depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, des ingrédients scientifiques, techniques et expérimentaux, du fait de l’absence, bien évidemment préméditée, des experts judiciaires; diagnostic fait par les juristes et les partenaires internationaux travaillant sur la justice et l’instauration des instruments requis pour fonder un Etat de droit en Mauritanie.
Mais aujourd’hui, on peut espérer que cette formation syndicale puisse jouer un rôle important dans l’instauration de ces instruments judiciaires, grâce à son implication, sa présence et sa détermination à défendre la présence obligatoire des experts judiciaires en l’absence des tribunaux spécialisés dans le pays.
Les magistrats eux aussi, ont beaucoup souffert de l’absence de ce conseiller technique, scientifique et expérimental, car pour eux, l’important est d’apporter des éclaircissements afin de pouvoir prononcer un verdict juste et équitable rendant à chaque partie son droit et appliquant à toute partie fautive les sanctions prévues par la loi.
Ces magistrats sous serment, veulent s’acquitter de leurs obligations envers la nation à l’aide d’auxiliaires maîtrisant leur travail et disposant de tous les outils requis pour un parfait accomplissement des missions qui leur sont assignées.
Ceci étant, il est donc nécessaire que chaque expert puisse d’abord comprendre la nature de sa mission ainsi que la relation qui peut exister entre lui et les magistrats, les clients, et les autres auxiliaires de la justice, tout en garantissant son autonomie dans la réalisation de sa mission.
Il est également important de disposer d’un manuel de procédure digne de ce nom, permettant à l’expert d’être guidé dans sa mission en toute conformité avec les règles de l’art et la loi en même temps.
Ces points qui sont importants, pour l’expert, le sont aussi pour le gouvernement représenté par le ministère de la justice ainsi que pour l’ensemble des acteurs présents dans l’appareil judiciaire, et les citoyens également, qui attendent toujours de cet appareil, l’équité, la justice et la protection contre toute menace qui pourra cibler leurs vies et celle de leurs proches ainsi que leurs biens et tout droit qui leur appartient par la nature des choses.
La justice que nous voulons, doit d’abord répondre à quelques critères qui sont importants dans la détermination de l’objectif qui consiste à se rapprocher de la justice idéale pour réclamer un droit :
Quelle est la raison d’être de la justice, si ce n’est la justice elle-même ? Cherchons alors à trouver la justice au sein de l’appareil judiciaire lui-même et allons la rendre aux autres.
Commençons par « l’EXPERT D’ABORD », l’auxiliaire le plus important de cet appareil et le plus négligé par cet appareil aussi. Après cette étape, nous verrons que les choses changeront positivement, dans l’intérêt de tous et à travers, toujours, l’expert judiciaire.
Aux forums de la justice, tâchons de répondre à la question : quelle justice voulons-nous ?
Expert Mohamed Vadel ELHADY
Le Secrétaire Général du Rassemblement des Experts Judiciaires Mauritaniens (RPEJM)