Si l’augmentation du budget de fonctionnement est imputable aux différentes stratégies élaborées jusqu’à présent par le ministère de la santé, les conditions dans lesquelles ces stratégies sont mises en œuvre posent des problèmes majeurs en termes de fiabilité et de pérennité du système, d’une part, et d’autre part, vis-à-vis de la qualité des soins prodigués, d’autre part, les deux sont corrélés.
Nous constatons aujourd’hui qu’aucun pays ne peut maintenir son engagement sans études de faisabilité ou projets pilotes, sans mesures techniques en place, sans concertation et contact adéquat avec les usagers et les professionnels, qui dépendent du bon vouloir des bailleurs de fonds. La restauration de la confiance de la population dans le pays apparaît donc comme un point clé de la politique publique en raison de la difficulté de mise en œuvre et de la confiance rompue. Un premier enjeu pour la Mauritanie est donc de garantir la pérennité financière des mesures d’exemption et de tenir ses engagements en la matière.
Comme prévu, la renonciation aux paiements forfaitaires pour les patients en obstétrique, en soins intensifs et en dialyse a clairement amélioré la fréquentation des établissements en introduisant des tickets de modération ou en supprimant entièrement les barrières financières, mais certainement au détriment de la qualité des soins. Il est dans l’intérêt des décideurs de répondre à une demande croissante par une combinaison de mesures sans compromettre la qualité des soins tout en renonçant au coût des soins.
La politique de santé doit donc être conduite en situation réelle sans l’appui d’une aide extérieure. En ce qui concerne Mouyessar, il est indéniable qu’on lui attribue la disponibilité des médicaments à l’échelle nationale, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’accès aux soins de santé, en particulier pour les plus pauvres.
La couverture maladie universelle en Mauritanie vise bien sûr à favoriser la création d’une assurance maladie pour assurer l’accès aux services médicaux. Mais là aussi, il a un manque de qualité qui peut conduire sans nul doute à une relative dégradation.
Ainsi, l’exemption, elle doit être accompagnée de mesures permettant d’assurer et d’améliorer la qualité des soins et à tous égards. Allors qu’aucune approche n’a été suffisamment envisagée, selon des spécialistes interrogés par nos soins. Comment peut-on améliorer l’accessibilité géographique d’une part, et l’accessibilité financière et économique d’autre part, sans compromettre la qualité des soins ?
A cause d’effets indésirables, il ne faut pas se retrouver avec une pilule à deux vitesses : des soins de santé gratuits ou à moindre coût pour les plus pauvres certes, mais de moins bonne qualité, et des soins de santé payants mais de meilleure qualité pour le reste, c’est bien .
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Le système de santé ne doit pas favoriser en lui-même les disparités de traitement entre les pauvres et les autres, ou entre les structures sanitaires appuyées ou non par des partenaires techniques.
En conséquence, diverses solutions (subventions, exonérations sectorielles totales ou partielles, fonds pour les plus démunis, entraide, assurance) favorisant l’équité en santé et un meilleur accès aux soins doivent également être envisagées dans une perspective d’amélioration durable de la qualité des soins au sein de la population.
Au final, la politique d’exemption conduisant à une couverture universelle à terme, doit être adaptée dans la réalité à notre système pyramidal sanitaire, et non une adaptation sur le papier, en tenant compte de ses dysfonctionnements, difficultés, barrières et goulots d’étranglement.
Les journées annuelles de la santé le 5, 6 et 7 décembre auront sans nul doute des réponses aux questions posées.
Ahmed Ould Bettar