Mauritanie : le calvaire des jeunes filles domestiques | L'Information

Mauritanie : le calvaire des jeunes filles domestiques

mar, 10/10/2023 - 23:31

De nos jours, nombreuses sont les jeunes  filles âgées entre 14et 20 ans  qui ont émigré en Mauritanie en quête de travail pour améliorer leur quotidien. Un phénomène consécutif à leur situation économique précaire.  Sans qualification professionnelle précise, elles deviennent des domestiques àNouakchott la capitale,pour un salaire mensuel qui varie entre trois mille et quatre mille MRU. Cette vie de domestique, est parfois parseméed’embuches.

 

Les domestiques sont indéniablement les premières à se lever et les dernières à se coucher du moins, pour la plupart d’entre elles. Pour avoir le cœur net sur cette situation, nous avons rencontréA.K., une jeune fille malienne qui a déjà travaillé comme domestique dans une maison sise au quartier résidentiel deTevraghZeina où elle a subi, dit-elle, des maltraitances verbales et physiques. Ce qui l’a poussée à arrêter le travail et àtrouver refuge au sein de l’Association des Femmes Battantes du Mali dirigée par Madame FatoumataCoulibaly et ce, par la complicité d’un jeune malien rencontré au hasard dans la rue.
A.K. nous a confié « je travaillais de 8 heures du matin jusque tard dans la nuit. Au début, je ne m’occupais que des tâches ménagères de la maison…plus tard je cumulais les taches en étant également la nourrisse sans augmentation de mon salaire » dit-elle, visiblement éprouvée par les corvées. Elle poursuit « ma patronne est devenu très exigeante et elle me battait sous prétexte qu’elle m’avait ramené du Mali pour faire mon éducation ». A.K. nous avoue avoir été sous l’emprise de sa patronne à qui elle obéissait sans broncher.
Aujourd’hui, grâce à l’aide et à l’accompagnement des organisations de défenses des droits des filles domestiques,A.K se remet petit à petit de son traumatisme.
Prise en charge psychologique des filles domestiques victimes de violences

Docteur Binta Ba, psychologue travaillant avec des organisations de défense des droits des femmes, a souligné l’importance de l’accompagnement psychologique pour les filles domestiques qui sont livréesàelles-mêmes. « Une situation qui suscite la nécessité d’une prise en charge globale s’articulant autour d’un accompagnement psychologique et social. Cette complémentarité permet de préparer la victime à chaque étape de son parcours et de l’adapter à son état psychique ». Car, dit-elle, certaines victimes ressentent une vive émotion en racontant leurs histoires.

Selon Docteur Ba, les conditions précitées sont nécessaires mais pas suffisantes pour apporter aux personnes victimes le sentiment de sécurité,primordial pour la santé mentale. Des associations comme celles des femmes maliennes, s’activent pour apporter leur assistance aux jeunes filles victimes de maltraitance domestique.

En effet, depuis plusieurs années, MadameFatoumataCoulibalys’est engagée avec son organisation, l’association des femmes battantes du Mali, pour sensibiliser les filles sur leurs droits.Son organisation lutte contre la maltraitance des filles domestiques à travers des actions de sensibilisation pour éradiquer le calvaire dont ces dernières subissent dans les foyers.«Le travail est certes difficile mais je veux apporter mon assistance et ma contribution pour aider les filles durant le trajet migratoire afin qu’elles trouvent un travail décent et solvable au prix de leurs efforts»martèleFatoumata Coulibaly .

Elle en outre indiqué que l’ONGAGD (Association des Gestionnaires pour le Développement) travaille avec l’association des femmes maliennes et s’occupe du suivi sanitaire des filles victimes de violences domestiques au niveau de leur centre situé dans la commune deSebkha.

HouassaAidara,sage-femme, travaillant dans ce centre,a indiqué qu’elle accueille quotidiennement des filles victimes de violences et qu’elle leur prodigue les premiers soins avant deprocéderà l’accompagnement psychosocial, car le centre est doté d’une cellule d’écoute.

Quelques 900filles domestiques victimes de violence ont été identifiées en 2015dans la ville de Nouakchott, selon un rapport conjoint de l'Association des Femmes Chefs de Famille (AFCF) et Terre des Hommes.

C’est dire que la situation des filles domestiques de façon générale, mérite une réflexion approfondie afin de leur réserver une couverture juridique appropriée au mieux de leurs intérêts et de celui de leurs employeurs.

 

 

Aminata Kane