La semaine dernière, nous avons eu droit à deux versions contradictoires sur l'avenir gazier de la Mauritanie. La première est celle du Ministre de l'Economie et du développement durable dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne rime pas avec de l'optimisme.
Voilà ses déclarations : "la Mauritanie à besoin de temps pour bénéficier des dividendes gazières". Ensuite. "Cette 1re phase portera sur le remboursement des dettes des sociétés qui ont investi dans le projet, a précisé le ministre". "Le ministre de l'Économie a donné l'exemple de pays qu'il n'a pas cités et qui vivaient sous des tentes tout en extrayant du pétrole et du gaz, en référence aux pays du Golfe."
Je reproche à notre ministre de l'économie le fait qu'il tente d'assombrir les perspectives gazières de notre pays qui ne peuvent qu'être positives. Je dirais même très positives. Je note une autre défaillance dans sa déclaration, l'absence de référence à des chiffres qui sont le garant de toute transparence, en particulier dans l'économie d'un pays.
Dans la même semaine, nous enregistrons un autre son de cloche nettement plus rassurant et abondamment chiffré du Fond Monétaire international (FMI). En effet, le FMI nous livre des informations plus claires et extrêmement précises sur l'exploitation du Gaz. L'institution financière table sur une croissance de 5,1 % en 2024 avant d’atteindre 14,3 % en 2025, grâce à l’entrée en production du gisement gazier (GTA) situé à cheval sur la frontière maritime avec le Sénégal.
Arrêtons-nous à ce taux de 14,3%. Il n'est pas habituel de croiser un tel taux de croissance, ni même un taux supérieur à 10%. Et on voudrait nous associer à un élan de pessimisme que l'on peut juger douteux. Quel en est l'objectif ? Pourquoi au contraire ne pas se féliciter des projections gazières satisfaisantes dès 2027 et très satisfaisantes dès 2030. On est plutôt dans le court et moyen terme, 3 et 5 ans.
À la place du ministre de l'économie, j'aurais fait une lumineuse projection des exportations gazières, chiffres à l'appui. Je me désole toujours du manque de pugnacité de nos ministres. Nous allons plutôt nous intéresser au Chef de la mission d'experts du FMI dépêché à Nouakchott. Qui nous livre des informations majeures à la place du ministre.
Voilà l'intégralité de la déclaration du chef de la mission des experts du FMI.
« Nous prévoyons que la production au niveau du champ GTA commencera au cours du premier semestre 2024 et que les exportations de gaz naturel débuteront durant le second semestre. Ce qui contribuera positivement à la croissance du PIB, à partir de 2024 », a déclaré Felix Fischer, le chef de la mission d’experts FMI fin octobre 2023 à Nouakchott.
Fischer a précisé qu’une importante capacité de production de gaz ne sera atteinte qu’en 2025. «C'est à ce moment-là que l'impact sera le plus important. Nous prévoyons une croissance économique de 14,3 % en 2025, lorsque les exportations de gaz vont représenter 11,6 % du total des exportations du pays », a-t-il indiqué.""
""Opéré par les sociétés BP et Kosmos Energy, le projet GTA devrait produire 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an durant une première étape. Selon les prévisions de deux compagnies, les volumes de production devraient ensuite atteindre 5 millions de tonnes par an en 2027 et 10 millions de tonnes à partir de 2030.""
""La Mauritanie devrait également consolider sa position de puissance gazière montante dans les années à venir, grâce à l’exploitation du gisement de Bir Allah. Les réserves de ce champ gazier situé exclusivement dans les eaux territoriales mauritaniennes sont estimées à 80 000 milliards de pieds cubes.""