Lors de sa réunion hebdomadaire du mercredi dernier 27 mars 2024, le conseil des ministres de la Mauritanie a autorisé le ministre du pétrole, des mines et de l’énergie à signer un contrat d’exploration-production pour le développement du champ gazier Banda avec le consortium d’entreprises Taqa Arabia/GoGas, toutes deux de nationalité égyptiennes.
Une rapide investigation informe que Taqa Arabia clôture actuellement en rouge à la bourse du Caire comme le démontre le graphique ci-dessus, et GoGas en question n’a pas de site web mais sa page LinkedIn indique qu’elle a été créée en 2022.
Est-ce là une énième forfaiture que Banda est en train de connaitre après avoir été balloté depuis plus de 10 ans entre Tullow Oil et New Fortress Energy?
Qu’à cela ne tienne, le ministère du pétrole, des mines et de l’énergie n’a divulgué aucune information sur les modalités et/ou critères de sélection de ce consortium, à savoir le délai de signature de la DFI (Décision Finale d’Investissement), le calendrier d’exécution proposé, encore moins le plan de développement et le coût estimé du projet ; sans parler des avantages commerciaux et fiscaux dont bénéficieraient la Mauritanie.
Le plus étrange encore est que la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) était déjà en négociation avec un autre Consortium Austro-Canadien avec lequel elle avait signé un MoU depuis octobre 2023 - bien avant les égyptiens - et dont les négociations avaient à 90% abouties (source SMH) tant sur les termes commerciaux, économiques et techniques.
Parmi les principaux partenaires à ce Consortium on retrouve la firme autrichienne PMLucas, la firme canadienne Enerflex (géant mondial du Gas processing), la firme d’investissement Hefestos Capital, la firme Subsea7 (spécialiste de l’ingénierie gazière sous-marine), la firme Archirodon (spécialiste EPC) et Siemens Energy, l’autre géant mondial de l’énergie. Autant dire que l’architecture de développement du champ Banda était ainsi structurée pour en assurer l’exécution en parfaite expertise d’entreprises toutes de renommée mondiale.
Selon des sources des médias mauritaniens, ce consortium a proposé de signer la DFI (Décision Finale d’Investissement) au bout de 06 mois avec un calendrier d’exécution de 24 mois pour le développement intégré du champ Banda avec la construction d’un gazoduc offshore/onshore de 75 km, la conversion de la centrale existante de 180MW et la construction d’une nouvelle centrale gas-to-power de 120MW, pour un investissement d’aux environs 900 millions USD.
Selon des sources procheس du dossier, la proposition du Consortium Austro-Canadien n’a pas bénéficié de l’évaluation et de la due diligence requise par la procédure habituelle en pareil cas ; ce qui a laissé entendre qu’il n’y avait que l’offre du consortium égyptien postulant pour développer Banda.
Ceci est d’autant plus surprenant que l’enjeu de la sécurisation énergétique pour une plus grande souveraineté nationale plaide en faveur de partenariats fiables et durables pouvant garantir des engagements à long terme et l’abri des aléas et autres secousses diplomatiques dans un contexte mondial de crise énergétique et de conflits régionaux.
Rappelons que la Mauritanie est engagée aux côtés de l’Union Européenne dans son ambitieux programme du Global Gateway pour financer et soutenir une transition énergétique souple et durable.
Quoi qu’il en soit, Banda demeure à la recherche d’un développeur fiable, et la Mauritanie demeure en quête de développer le gas-to-power.
Mohamed Ould Mohamed Lemine