Après le ton ferme employé par les quatorze autres pays de la CEDEAO contre Yahya Jammeh lui faisant l'injonction de faciliter la transition avec Adama Barrow, voilà que le président mauritanien lui offre son soutien diplomatique.
Mohamed Ould Abdel Aziz, a dépêché un émissaire à Banjul auprès de Yaya Jammeh. Battu à l’issue du scrutin présidentiel du 01 décembre 2016 par Adama Barrow, Jammeh a reconnu sa défaite et félicité son adversaire, avant de se rétracter une semaine plus tard.
«Le président de la République Islamique de Gambie, Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Yahya AJJ Jammeh Babili Mansa, a reçu dimanche Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, envoyé spécial du président Mohamed Ould Abdel Aziz, à la maison d’Etat à Banjul» peut-on lire sur un communiqué rendu public par la State House à Banjul. La visite de l’émissaire mauritanien «vise à renforcer les liens bilatéraux et cordiaux entre la République Islamique de Gambie et la République islamique de Mauritanie», poursuit la même source.
Premier ministre pendant plusieurs années, actuellement ministre, Secrétaire général de la présidence de la pépublique, Moulaye ould Mohamed Laghdaf est considéré comme un homme de confiance du président mauritanien. A ce titre, il est souvent chargé de conduire des missions «délicates». Après l’annonce de cette nouvelle, une partie de la presse mauritanienne, notamment le site d’informations en ligne «Sahara Médias» parle d’une médiation de Nouakchott dans la crise gambienne «après l’échec» de celle de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
L’implication naturelle de l’Afrique de l’Ouest dans le dossier gambien, signale-t-on, porte uniquement sur les modalités de transmission du pouvoir ne revêt pas le caractère d’une médiation dans le cadre d’une crise électorale. Commentant le même événement, la presse sénégalaise écrit "Nouakchott ignore Barrow et adoube Jammeh". En voilà un message que la CEDEAO pourrait mal interpréter.
Alors que les invitations à rendre le pouvoir se multiplient à travers le monde, au sein de la communauté internationale notamment, le président de la République Islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, a envoyé un émissaire au président sortant de Gambie, Yaya Jammeh, battu lors du scrutin du 1é décembre dernier. Serait ce un parti pris dans le conflit latent né des résultats de la présidentielle, rejetés par Jammeh? Ce dernier cherche-t-il des soutiens en vue de se maintenir au pouvoir?». Le président Mohamed Ould Abdel Aziz, signale-t-on, avait envoyé un message de chaleureuses félicitations au président élu de Gambie, Adama Barrow. La Gambie accueille une importante communauté mauritanienne très active dans le commerce. Une école mauritanienne est également implantée à Banjul. Autant d’éléments qui laissent supposer que ce qui se passe dans ce pays revêt de l’intérêt à Nouakchott.
Il y a également ce «secret» largement partagé ici, qui attribue au président Jammeh une importante propriété foncière dans les environs immédiats de la capitale mauritanienne. Un peu railleur, cet opposant n’hésite pas à mettre en parallèle «la nature originelle semblable des régimes de Nouakchott et Banjul». Il entend ainsi mettre en lumière «la maladresse de la manœuvre diplomatique dans les circonstances actuelles, car la souveraineté est un attribut exclusif du peuple gambien et non un élément attaché au régime de Jammeh».
Cheikh Sidya
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