Les évènements se précipitent pour donner une image plus claire de ce que mijote la majorité pour que son «champion», le président Aziz, reste aux commandes, après 2019, même en ayant quitté la présidence ! La restructuration du parti au pouvoir, l’Union pour la République (UPR) se précise maintenant comme une action de «récupération», exactement comme la mise à mort du Sénat, en août 2017.
A la fin de son mandat, Aziz a eu deux «illuminations» : le Sénat est «inutile et incertain» et le «machin» UPR ne joue pas son rôle ! Pourtant, la vérité est ailleurs. Le président aurait pu dire, tout simplement : A nouvelle situation, nouveaux moyens pour continuer à assurer sa mainmise sur le pouvoir.
Mohamed Ould Abdel AzizL’UPR sera plus puissant que le Parlement et le gouvernement si l’échafaudage imaginé par Aziz résiste aux multiples pressions (intérieures et extérieures). Le chef du bureau exécutif de cinq membres que le parti au pouvoir suggère sera plus puissant que le président de la République. Le rôle de « coordination » est un euphémisme pour dire que cette instance sera le poste de commandement (PC) à partir duquel Aziz continuera à donner ses ordres au gouvernement et au Parlement dont les patrons (le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale) se trouvent, justement , sous sa coupe au sein du triumvirat « président de l’UPR-Premier ministre-président de l’Assemblée » dont le rôle est de contrôler le «pouvoir» du président de la République «élu», après avoir été désigné pour succéder à l’actuel homme fort du pays.
Mais tout doit être bâti sur la confiance pour que ce plan fonctionne. Ce montage, qui est une variante de celui élaboré par les colonels Aziz et Ghazouani (alors hommes forts de l’armée après 2005), a besoin de la conjugaison de plusieurs circonstances favorables pour fonctionner sans dérapages.
Il faut d’abord que le reste de la majorité (et même au sein de l’UPR) que tous ceux qui gravitent aujourd’hui autour du pouvoir soient sur la même longueur d’onde. A défaut de cela, le prix à payer pour la fidélisation des leaders d’opinion et des grands électeurs (chefs de tribus, présidents de partis, d’ONG, généraux, etc.) sera exorbitant. D’ailleurs, cette partie de la manœuvre a déjà commencé avec la promotion au grade de général de colonels dont il faut s’assurer le soutien, et la nomination au secrétariat général de la présidence d’un « cheikh » de Boutilimit, ville de l’opposant historique Ahmed Ould Daddah.
La survie du Système passe par la mobilisation autour de ce plan que révèlent les paroles du président Aziz quand il dit : « rien ne changera, même quand je ne serai plus à la présidence ».
Il faut aussi, pour y arriver, que l’Armée soit « sous contrôle », ce qui laisse supposer que, contrairement, à ce qui se dit, le président travaillera au maintien du général Ghazouani à la tête de la Grande muette, le temps qu’il faudra pour favoriser son retour à la présidence. Ce qui laisse supposer que le président qui viendra, après 2019, sera, lui aussi, victime d’une «rectification» dont la durée sera plus ou moins longue en fonction de la situation qui prévaudra.
Ainsi, il y a de fortes chances que ce plan réussisse si le peuple (et non l’opposition) ne se dresse pas contre la situation vécue en 2008, en refusant de suivre l’UPR dans cette nouvelle mise en scène. Le calvaire vécu durant les deux mandats d’Aziz peut servir de catalyseur pour provoquer une alternance à la sénégalaise quand, le président Wade, désireux de prolonger son pouvoir, en tripotant la Constitution, en 2012, a été chassé par le verdict des urnes. La seule chose que peut faire l’opposition, dès à présent, est de travailler pour que les élections se déroulent en toute transparence.
Par Mohamed Sneïba Comité Editorial – Casablanca
Afrilmag