Le pouvoir s’emploie à désagréger notre société en exacerbant les rivalités raciales, tribales et de castes, afin de maintenir sa mainmise sur le pays. Les méthodes dont il a usé lors de la récente réimplantation de son parti et celles qu’il a employé dans le choix de ses candidats aux prochaines élections en sont une nouvelle preuve.
Ce qui est plus grave encore, le pouvoir met le pays au-devant de risques aux conséquences imprévisibles en jetant certains généraux dans l’arène des luttes politiques partisanes et tribales, en violation flagrante des règlements qui régissent les institutions des forces armées et de sécurité, et en violation manifeste des lois relatives à la neutralité de l’Administration – et à fortiori de l’Armée -, à la transparence et à l’incompatibilité de l’exercice de certaines fonctions avec l’implication dans le processus électoral.
Les Forces armées nationales et de sécurité doivent impérativement rester unies et homogènes pour pouvoir remplir, en toute impartialité, leur mission au service de la Nation et du citoyen.
L’engagement exclusif au service de la Nation et l’appartenance sans réserve à la Patrie doivent rester au-dessus de tous les engagements et de toutes les appartenances d’ordre personnel.
La formation au grand jour par certains généraux d’unités de base du parti du régime, l’organisation de réunion tribales dans leurs domiciles, leur implication délibérée dans les candidatures partisanes et la conduite par eux de tendances politiques dans leurs régions respectives, ouvrent la voie à tout officier, sous-officier et homme de troupe pour exprimer publiquement ses convictions politiques et pour se ranger ouvertement du côté de sa tribu et de sa région. A ce moment, les divergences politiques et les rivalités tribales entre frères d’armes ne se régleront plus par le biais de joutes oratoires et de débats pacifiques.
L’implication de certains chefs des forces armées et de sécurité dans politique signifie la transmission du virus des divergences et des désaccords à l’institution militaire et de sécurité. Cela équivaut à semer la discorde, les querelles et les divisions au sein cette institution qui constitue le seul garant de l’unité, de la sécurité et de la stabilité du pays.
C’est d’ailleurs à cause de ces considérations que tous les pays du monde tiennent leurs forces armées et de sécurité loin de l’exercice de la politique. C’est pour cela que l’on appelle l’institution militaire "la grande muette".
L’Alliance Electorale de l’Opposition Démocratique :
* Exige qu’il soit mis fin immédiatement à l’implication des chefs militaires et de sécurité dans l’arène politique et tribale, au regard des risques que cela porte pour l’unité, la sécurité et la stabilité du pays.
* Exige que les forces armées nationales et de sécurité restent des institutions républicaines, remplissant leurs nobles missions avec impartialité et professionnalisme.
* Lance un cri d’alarme face à ce comportement inacceptable qui met notre pays et son institution militaire et de sécurité en danger.
Nouakchott, le 17 juillet 2018
L’alliance Électorale de l’Opposition Démocratique