Emmanuel Macron a conditionné mercredi le maintien de l'opération Barkhane à une clarification des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) sur la présence militaire de la France dans la région, où les forces françaises sont parfois dénoncées comme une "armée d'occupation".
Cette mise au point surprise du chef de l'Etat français à l'égard d'alliés clés survient quelques jours après la mort de 13 soldats de Barkhane au Mali dans la collision de leurs deux hélicoptères - la plus lourde perte pour l'armée française depuis près de 40 ans.
"J'attends (des dirigeants des pays du G5 Sahel-NDLR) qu'ils clarifient et formalisent leurs demandes à l'égard de la France et de la communauté internationale", a prévenu Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à l'issue d'un sommet de l'Otan, à Watford, près de Londres. "Souhaitent-ils notre présence et ont-ils besoin de nous? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions."
"Je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors même que l'ambiguïté persiste à l'égard de mouvements anti-français, parfois portée par des responsables politiques", a-t-il ajouté.
"C'est la raison pour laquelle j'ai invité à Pau le 16 décembre prochain les cinq chefs d'Etat africains impliqués dans le G5 Sahel pour pouvoir apporter des réponses précises sur ces points, leurs réponses sont aujourd'hui une condition nécessaire à notre maintien", a-t-il poursuivi.
"PAS DE VISÉES IMPÉRIALISTES"
Lancée en août 2014, l'opération antiterroriste Barkhane mobilise quelque 4.500 soldats français contre les groupes djihadistes toujours présents dans la région, soldats appelés à être remplacés à terme par la force du G5 Sahel composée de 5.000 hommes des armées locales.
Ces dernières années, la présence française et celle de 13.000 casques bleus de la Minusma au Mali ont été à plusieurs reprises remises en cause par habitants et militants qui dénoncent des "forces d'occupation" et ont organisé plusieurs manifestations, notamment au Niger, depuis le début de l'année.
Au Mali, le chanteur Salif Keita a diffusé une vidéo mi-novembre sur Facebook dans laquelle il accuse la France, ex-puissance coloniale, de financer les groupes djihadistes qui sévissent au Mali et dans laquelle il demande au président malien Ibrahim Boubakar Keita de ne plus se "soumettre à ce petit Macron".
"La France n'est pas là avec, comme j'ai pu parfois l'entendre, des visées néocoloniales, impérialistes, ou des finalités économiques", a rétorqué Emmanuel Macron. "On est là pour la sécurité collective de la région et la nôtre, il faut que ce cadre soit clair et assumé par tout le monde."
"Dans les tête-à-tête que j'ai eus avec chacun de ces chefs d'Etat et de gouvernement, ils ont toujours été clairs avec moi, j'ai besoin qu'ils l'affirment politiquement dans leur pays (...) et devant leurs opinions publiques", a-t-il ajouté. "Je ne suis pas au temps de la menace, mais je dis que j'en tirerai les conséquences, si ces conditions ne sont pas remplies, j'ai besoin de ces clarifications pour continuer à maintenir la présence française".