Le président mauritanien actuel semble décidé à ne pas reproduire les mêmes erreurs que son prédécesseur, qui soupçonnait les autorités marocaines de vouloir s’ingérer dans les affaires de son pays.
Le roi Mohammed VI devrait donc retrouver, à l’avenir, la Mauritanie, plus de dix-neuf ans après la seule et unique visite de son règne dans la voisine du Sud en septembre 2001. Il a, en tout cas, fait montre de sa “disposition” dans ce sens au président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, au cours de l’échange téléphonique qu’il a eu avec lui le 20 novembre 2020.
Dans le même temps, ce dernier a été invité par le Souverain à se rendre au Maroc, “son deuxième pays”, de sorte à “consolider” davantage la coopération bilatérale “et la hisser à un niveau à même de permettre l’approfondissement de cette coopération entre les deux pays voisins, l’élargissement de ses perspectives et la diversification de ses domaines”, comme l’a souligné un communiqué du Cabinet royal publié dès après l’échange téléphonique.
Se connecter au reste du continent
“Les deux Chefs d’Etat ont exprimé leur grande satisfaction du développement rapide que connaît [cette] coopération,” a mis en exergue la même source. On semble, pour ainsi dire, loin désormais du froid qui avait caractérisé, longtemps durant, les relations maroco-mauritaniennes du temps du prédécesseur de M. Ould Cheikh El Ghazouani, à savoir Mohamed Ould Abdel Aziz, et qui s’était notamment illustré par l’absence pendant plus de cinq ans d’un ambassadeur de Mauritanie à Rabat -de septembre 2012 à novembre 2017-, jusqu’à la désignation de l’ancien ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, Mohamed Lemine Ould Aboye, au poste.
Surtout, l’ancien président mauritanien soupçonnait les autorités marocaines de vouloir s’ingérer dans les affaires de son pays, en accueillant notamment ses opposants Mohamed Ould Bouamatou et Moustapha Ould Limam Chafi -bien que ceux-ci aient été, au vrai, interdits de tout activisme politique depuis le territoire national-, et il avait d’ailleurs fait expulser, en décembre 2011, le correspondant de l’agence Maghreb arabe presse (MAP), Abdelhafid El Bakkali, au motif d’activités d’intelligence.
Comble de l’agressivité, il avait fait hisser, en décembre 2015, le drapeau mauritanien à Lagouira, ce qui avait amené le roi Mohammed VI à dépêcher le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, l’inspecteur général des Forces armées royales (FAR), Bouchaib Arroub, et le directeur général des Études et de la documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri, à Nouakchott, afin de s’en expliquer. Ce n’est que vers la fin que, malheureusement, M. Ould Abdel Aziz a compris que le Maroc n’avait aucune hostilité à son encontre et qu’il le voyait, au contraire, comme partenaire pour se connecter au reste du continent par le biais du Sahara marocain.
Coopération militaire
M. Ould Cheikh El Ghazouani, lui, semble décidé à ne pas reproduire les mêmes erreurs, comme il l’a fait sentir à la partie marocaine depuis son élection en juin 2019. Au cours de la récente crise de Guergarat, provoquée par le Front Polisario, il est d’ailleurs resté neutre, et c’est froidement qu’il a reçu, le 23 novembre, des émissaires du mouvement séparatiste après qu’ils en eurent fait la demande.
À cet égard, l'ex Chef d’état-major des Forces armées de la République islamique de Mauritanie (FARIM), le général de division Mohamed Cheikh Mohamed Lemine Elemine, au cours d’une visite qu’il a effectuée au Maroc fin janvier, a notamment fait part de l’intérêt de son pays à renforcer la coopération avec le Maroc au plan militaire. Le Polisario devrait en prendre de la graine.
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