L’actualité du mois de novembre 2021 est dominée par le blocage du convoi des militaires français par les populations dans la ville de Kaya au Burkina Faso pendant près d’une semaine. Cette cohorte de véhicules ayant quitté la Côte d’Ivoire pour Gao au Mali via le Burkina Faso et le Niger.
Cet événement, sans être justifiable à tout point de vue, n’est pas isolé et augure qu’il est temps de repenser et réorienter la relation entre la France et l’Afrique. À l’image de la fin de la seconde guerre mondiale qui a marqué l’éveil des consciences des Africains, nous sommes a un tournant décisif dans la relation entre la France et l’Afrique. Il est donc temps que la France change de paradigme. Je vais m’attarder sur un seul aspect de cette coopération: la présence militaire. Malgré la présence de l’armée française, les terroristes ne font que progresser.
S’il est vrai que les premiers responsables de la sécurité d’un pays sont les dirigeants, il faut également s’interroger sur le rôle de l’armée française. De façon générale, un état peut intervenir dans un autre sous trois formes. La première est liée à un mandat des Nations Unies. La seconde est une occupation (Irak, Afghanistan…). Enfin, un état peut faire appel à un pays pour défendre son territoire. Dans quel catégorie se situe l’intervention de la France en a Afrique? Pour ce que l’on sait, la France affirme intervenir à la demande des pays africains.
Si tel est le cas, il convient de constater que cette intervention est inefficace. Pour preuve, la Mauritanie et l’Algérie sans la France ont réussi à contenir la menace terroriste ce qui n’est pas le cas du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui bénéficient de l’appui des forces Françaises. Cette inefficacité est aggravée par l’attitude des autorités françaises. En effet, comment un sous traitant peut définir les thèmes du contrat ? Comment la France peut convoquer les chefs d’état africains à Pau en France ?
Comment la France peut décider de redéployer ses troupes au Mali sans même l’accord des dirigeants de ce pays (selon le Premier Ministre de la transition)? Pourquoi la France doit décider des entités éligibles pour intervenir dans la lutte contre le terrorisme ? Il est temps que la relation entre la France et l’Afrique évolue. Un contrat avec des objectifs claires assignés à la France en matière défense doit être signé. La contrepartie c’est à dire ce que la France gagne doit être clairement identifiée. Il faut qu’on arrête avec la rhétorique : la France est venue aider l’Afrique…
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La Mauritanie a réussi à contenir le terrorisme sans la France
Le Général De Gaulle disait que les États n’ont pas d’amis mais des intérêts. L’Afrique n’a pas besoin de charité chrétienne ou de zarkat. L’Afrique n’a pas un outil de défense prêt à faire face à ce nouveau défi qu’est le terrorisme, c’est la raison pour laquelle le monopole de la violence qui échoit à l’Etat a été rompu. Toutefois, elle a les moyens pour financer la privatisation de sa sécurité.
Pour une plus grande efficacité et même pour respecter les principes de la bonne gouvernance, les pays africains doivent lancer un appel à candidatures pour recruter les pays ou les sociétés de sécurité qui proposent la meilleure offre. Les offres sont nombreuses et la concurrence est rude. La Turquie a montré son efficacité en Arménie, en Lybie…, la Russie en Syrie, en République centrafricaine, en Ukraine, Rwanda en Centrafrique, au Mozambique… Les États africains doivent donc être très exigeants vis-à-vis des entités qui veulent participer à cette lutte car ils ont un pouvoir de négociation assez élevé.
Dr Fofana Moustapha
Économiste-gestionnaire de projets
Afrtiksoir