Il est impossible de nier le fait que la question linguistique se place au cœur des problèmes de notre système éducatif, mais ce n’est le seul problème.
Quiconque a lu et analyse les résultats des examens à la lumière de la situation de l’enseignement – (et tout le monde est bien informé sur la situation de l’enseignement) sait que certains ont des problèmes et des difficultés à étudier en français et d’autres à étudier en langue arabe, mais le problème de l’enseignement est beaucoup plus vaste et profond.
En effet, les résultats des derniers examens ne sont qu’avertissement, ceux de Guidimakha, du Hod Chargui et du Gorgol en particulier, devant cette crise qui se manifeste par :
1. Le manque d’enseignants compétents dans les lieux d’enseignement, en particulier dans les zones les plus éloignées de la capitale « du fait que certains enseignants ne soient pas très motivés pour y aller (les adwaba) ».
2. Les conditions de vie et travail difficiles des enseignants, lesquelles sont totalement ignorées par le régime. (L’actuel ministre de l’Education et président du parti au pouvoir estime que les revendications pour l’amélioration de ces conditions sont hors du contexte)
3. Des classes pléthoriques, dans lesquelles toute action pédagogique est impossible.
4. Il n’est pas possible d’ignorer les conditions des familles des élèves dont un grand nombre est incapable d’assurer la fourniture scolaire et les conditions minimales d’apprentissage à leurs enfants, à cause notamment de la politique de paupérisation et de maintien dans l’ignorance (les adwaba en sont des exemples pertinents) ou à cause du manque de prise de conscience du rôle des parents d’élèves.
Par conséquence une analyse objective des problèmes de l’enseignement est l’issue principale vers la réforme. Les mauritaniens ont expérimenté durant des décennies toutes formes de réformes précipitées et aucune d’entre elles n’a réussi à soigner les maux de l’enseignement.
Il est donc temps d’adopter une approche qui prenne en compte les propositions des techniciens de l’enseignement, basée sur une lecture objective des données et des chiffres. Une proche qui considère toutes les dimensions du champ pédagogique. Cette approche doit nécessairement se baser sur les fondements de l’identité et de la civilisation du pays, tout en étant ouvert au monde (programme, langue et expériences), elle doit prioriser l’enseignement des enfants dans leurs langues maternelles (Arabe, poular, Soninké et wolof).
En outre, il faut mettre à terme la logique de domination d’une langue sur une autre et l’esprit de subordination les unes par rapport aux autres. Il faut également cesser de tourner certaines langues en dérision sous de fallacieux prétextes que ces langues ne seraient pas assez matures pour porter l’enseignement ou d’autres tout aussi incultes.
Certains s’adonnent à cette attitude pour sortir tout seul du gouffre lui et ses enfants en abandonnent ses frères en religion et compatriotes dans le précipice sans même qu’il puisse avoir un transmetteur de cris de détresse.
* Titre source : A propos des problèmes de notre système éducatif / Par Ahmedou ould Wadi’a