Mauritanie. Enrôlement: Aziz promet un assouplissement des conditions d'accès à l'état civil | L'Information

Mauritanie. Enrôlement: Aziz promet un assouplissement des conditions d'accès à l'état civil

mar, 08/28/2018 - 09:46

- Le président mauritanien a engagé l’administration en vue d’un assouplissement des conditions d’accès aux documents d’état civil pour les populations de la vallée du fleuve. 

Engagé à fond dans la campagne de l’Union pour la République (UPR), principal parti de la majorité, en perspective des élections législatives, régionales et municipales, prévues le 1er septembre prochain, Mohamed Ould Abdel Aziz était à Kaédi, au sud de la Mauritanie, ce week-end.

Répondant aux doléances des acteurs politiques, des cadres et populations de la région du Gorgol, relatives aux énormes difficultés d’accès à l’état civil, un problème récurrent depuis des années et qui touche particulièrement la communauté négro-africaine de la Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz a imputé ces problèmes «à des erreurs techniques, qui seront rapidement rectifiées et dépassées». 

Le président ajoute que «la mise sur pied d’une commission technique dirigée par Thiam Diombar (conseiller du président de la République/ancien ministre des finances) découle de la ferme volonté de mettre fin à cette situation. Cette commission a déjà accompli une partie du travail et achèvera sa mission très prochainement, pour que les choses aillent de manière plus souple».

Pour finir son discours, Mohamed Ould Abdel Aziz a demandé aux populations de voter massivement en faveur de l’Union pour la République (UPR), une formation à l’origine de toutes les réalisations enregistrées sous son règne.

L’évocation des problèmes d’accès à l’état civil pendant l’étape de Kaédi n’est pas fortuite, notent les observateurs. En effet, 7 ans après le lancement d’une opération d’enrôlement menée par l’Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS), plusieurs centaines de milliers de citoyens originaires de la vallée du fleuve se plaignent encore «des énormes difficultés pour accéder à l’état civil». 

Ils dénoncent «une opération confiée à des individus choisis en dehors de l’administration classique, sans formation, et dont les règles et conditions non écrites, peuvent changer d’un bureau à l’autre, mettant les citoyens à la merci d’agents dépourvus de toute culture du service public».

Pire, dans les rangs de la diaspora, de nombreuses voix se sont élevées pour fustiger «un comportement scandaleusement discriminatoire à l'égard des négro-africains de la Mauritanie», allant jusqu'à accuser l'ANRPTS de perpétrer «un génocide biométrique». 

Toutes ces protestations et même une manifestation à l’origine de la mort d’un jeune homme à Maghama (ville de la région du Gorgol et dont Kaédi est la capitale régionale) ont été enregistrées pendant que l’ANRPTS était dirigée par un très proche du président de la République.

Sur la base d’un Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH), réalisé en avril 2013, la Mauritanie compte 3,5 millions d’habitants. Seulement un peu plus de 2,5 millions de citoyens avaient été enrôlés. 

L’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz avait suscité un espoir certain au sein des populations de la vallée du fleuve, surtout après la prière à la mémoire des militaires victimes des exécutions extrajudiciaires entre 1990 et 1991, organisée le 25 mars 2009 à Kaédi.

Mais aujourd’hui, la déception est perceptible chez de nombreux cadres qui rappellent «des promesses non tenues» estimant que «les discours de campagne électorale n’engagent que ceux qui les écoutent». C’est dire qu’au plan politique, la menace du vote protestataire, amplifiée par les frustrations nées des investitures au sein de l’UPR, est à prendre en compte, au-delà des discours et des bonnes intentions affichées. 

Dans la course vers la mairie de cette ville symbole de la vallée, le candidat de l’UPR, Niang Jibril, DG du port de Nouadhibou, fait face à un challenge porté parTahara Baradji, dit Thomas NKono, un frondeur ayant rompu les amarres avec la formation présidentielle, pour se mettre sous la bannière de l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP), un autre parti de la majorité.

Cheikh Sidya 

Source: cridem