Analyse de Cas : Le Jet privé de Ould Merzoug. | L'Information

Analyse de Cas : Le Jet privé de Ould Merzoug.

dim, 10/03/2021 - 01:55

Il a fallu tout simplement la diffusion d’une photo prise de Ould Merzoug à sa descente d’avion sur le tarmac de l’aéroport de Sélibaby pour faire aboyer les chiens au passage de l’avion.

Incroyable Mauritanie. Toujours la même. Invariable.  Invariable dans ses prouesses de critiques de tous genres et tous azimuts. La Mauritanie un pays où vivent des « pauvres types » toujours les même adeptes de ce sport favori qui les fait toujours chercher la « petite bête » aux gens, en profitant de brèches mêmes les plus étroites pour s’inviter à des débats stériles sur des évènements de portée nationale juste pour crier au scandale.

En juin 2021, Ousmane Kane accompagné du Ministre de l’Agriculture, Sidna Ould Ahmed Ely s’était rendu à Dar El Barka. But de la mission, expliquer aux populations de cette partie de la vallée que les pouvoirs publics sont lancés dans une toute nouvelle dynamique pour développer une approche axée sur une pédagogie dont l’objectif est la mise en valeur des terres de la vallée de manière à permettre de déboucher sur un processus gagnant-gagnant qui servira de base à une source de croissance et d’emplois pour freiner l’exode rural.

Notre ministre des affaires économiques et de la promotion des secteurs productifs qui, depuis sa nomination, use de toute son influence sur les partenaires, qui se casse la tête et les pieds pour convaincre les bailleurs de fonds – (déçus par des accords antérieurs) - d’accepter d’investir dans notre pays pour accompagner le développement d’une agriculture moderne dont le premier profit sera tiré par les habitants de la vallée a été « hué ». Et par qui ? Tenez-vous bien, par des descendants de cette même vallée, des activistes qui, depuis l’étranger, tirent des ficèles pour créer des conflits opposant les populations aux pouvoirs publics. Certains même de manière à peine voilée ont traité le ministre de « traitre ».

Autre exemple autre situation. Août 2021, Sid’Ahmed Ould Mohamed Ministre de l’habitat, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire fait approuver par le Conseil des Ministres, un nouveau plan directeur de lotissement de la ville de Nouakchott. Le premier de son genre, élaboré de manière à permettre la mise de l’ordre dans cet épouvantable « désordre » foncier instauré dans une capitale étouffée par manque d’espaces publics. En décidant de donner à notre capitale, le visage d’une ville moderne, le ministre s’est placé dans le collimateur de certains criminels aux cols blancs, spécialisés dans le faux, l’usage de faux et la spéculation foncière sous toutes ses formes. Parce qu’il ne fait que son travail et il veut le faire bien, le Ministre est accusé de « va-t’en guerre » contre les nostalgiques de l’ancien régime.

Il y’a deux jours. Il a fallu simplement donc la mise en ligne d’une photo montrant le ministre de l’intérieur Ould Merzoug descendre d’un avion affrété, pour que les vieux démons se réveillent.  Pour quelques mauritaniens, pour la plupart des « malintentionnés », l’image du ministre descendant d’un avion affrété est une preuve matérielle de la gabegie et du détournement des deniers publics de l’actuel régime.

Mais malheureusement pour ces mauritaniens, -s’ils le sont d’ailleurs -, il y’a quelque chose qui leur échappe. C’est que cette décision de faire partir le ministre de l’intérieur, (qui n’est d’ailleurs pas seul à bord de l’avion affrété, mais accompagné par de  hauts responsables de la sécurité) a certainement été discutée et approuvée en conseil de ministres ou par les plus hautes autorités du pays. Il est donc fort probable que cette option ait été retenue après accord du Premier ministre dont l’intégrité morale et la politique de bonne gestion ne peuvent pas être mises en doute. Il est aussi fort probable que cette mission ait obtenu l’aval du Président de la République qui, jusqu’ici n’a pas dévié de sa trajectoire de bonne gouvernance.

Secret défense, raison d’état, ou nécessité du moment, quel que soient les dessous de  cette mission, bien entendu, celle-ci n’a été décidée que dans l’intérêt supérieur de la nation. Si malheureusement il y’a des mauritaniens et de plus en plus nombreux qui ne pensent qu’à l’argent et qui ne pensent à l’argent que lorsque cet argent ne finit pas dans leurs poches, que s’ils n’en tirent pas profit, il y’a par ailleurs d’autres mauritaniens qui, eux se soucient plutôt pour notre sécurité et de la sécurité de nos biens. Et la mission de ces derniers est de créer pour tous les mauritaniens et sur toute l’étendue du territoire national un environnement de sécurité sans lequel aucun développement n’est possible.

Dans un article que j’avais écrit le 24 février 2021 intitulé : « Point de Mire : « Tivirit odeur de poubelle, M’Bagne odeur de lacrymogène, Chami odeur de fumée : le fond sonore des revendications est-il orchestré ? », j’avais attiré l’attention sur ce qui pouvait être des premiers actes commis par des combattants sur des lignes avancées pour semer du désordre dont le bût est d’évaluer la capacité de riposte des autorités administratives comptables de notre sécurité et celle de nos biens.

Certains lecteurs me considéraient comme une plume proche du pouvoir. Ce que je n’ai jamais été, ni au passé ni au présent, et c’est peut-être pour cela qu’ils n’avaient pas pris au sérieux mes prédications. Et pourtant, la suite vous la connaissez.

Le 08 févier 2020, manifestations des dockers devant la présidence. Août 2020, manifestations violentes à Chami où le poste de police est incendié. Juin 2020, une première manifestation à Bassiknou ville pourtant réputée pour son calme.  Octobre 2020, manifestations des populations d’Atar pour réclamer l’eau et l’électricité. Le 28 novembre 2020, des femmes habillées aux couleurs du drapeau national manifestent à Bababé pour réclamer justice pour  les pendus d’Inal. Une nouvelle forme de délocalisation des manifestations.  Le 22 février 2021, manifestation violente à Ferralah (département de M’Bagne) qui recevait pour la circonstance sa première dotation de bombes lacrymogènes. Le 25 avril 2021, des manifestants exaspérés brûlent les locaux de la mairie de Bassiknou (une manifestation récidive). Récidive également à Chami en février 2021. Juin 2021 de nouvelles manifestions à Bassiknou  pour protester contre l’insécurité.  En fin juin 2021, des manifestations accompagnées d’actes délibérés de sabotage causent des dégâts importants sur des édifices publics dans la ville de Tintane. Vendredi 2 juillet 2021, la ville de Kobeni est le théâtre de violences sans précédents et des actes criminels touchent des édifices publics, comme à Chami et à Bassiknou. Le 24 et 25 septembre 2021 violents affrontements entre forces de l’ordre et des « sympathisants »  du collectif Touche Pas à ma Nationalité à Kaédi. Et puis ce 22 septembre la violence préméditée qui est montée en puissance à R’Kiz.

Ahmed Ould Cheikh El Voulani, qui avait rendez-vous avec des actes de violence dans cette localité est arrêté. Des preuves montrent qu’il se trouvait au mauvais endroit et au mauvais moment. Arrêté, il va accuser la gendarmerie d’avoir exercé sur lui des tortures physiques à des endroits très sensibles.

Révélations et accusations préméditées ? Impossible de savoir, même si Biram Dah Abeid, leader de la Mouvance IRA, (formation née par césarienne suite à un accouchement de violences verbales et physiques de militants formés pour des ripostes) avait évoqué  « prématurément »  ces actes de tortures. Messaoud Ould Boulkheir, le sage timonier qui avait frappé du point sur la table pour une autre raison, il y’a quelques mois avait lui aussi mis en garde les autorités sécuritaires de ne pas « bruler le feu rouge » des droits humains. Le Parti AGIR pour Vivre Ensemble par la Citoyenneté (A.V.E.C) a complété la série de mises en gardes dans un communiqué largement distribué. Peut-être que tous ces avertissements cachent quelque chose. Qui sait.

En tous cas une chose est sure. Il est évident, que depuis quelques temps on n’est plus au stade de ces rassemblements sur la place de la « liberté » où dans le calme des banderoles étaient exhibées face au bureau de Ould Ghazouani. Comme on le voit on s’éloigne de ces revendications justifiées et pacifiques des pauvres citoyens qui réclament des droits, comme les compressés de l’ENER. On s’éloigne aussi des revendications légitimes des pauvres employés de Pizzorno qui attendent indéfiniment le règlement de leur problème. On est loin aussi des revendications apaisées des négro-mauritaniens compressés par leurs employeurs suite aux événements de 89 comme ceux de la Somelec qui courent toujours depuis plus de 12 ans derrière le règlement des indemnités de leurs licenciements.

Nous sommes, qu’on le veuille ou pas, qu’on le dise ou pas, qu’on regarde les problèmes de face ou pas, confrontés à des  situations qui dégénèrent chaque jour un peu plus. La Mauritanie n’a eu que ce qu’elle « s’est méritée » elle-même. Elle récolte les dividendes de l’incompétence et de  l’irresponsabilité d’une administration grippée.

Des gouttes  qui font déborder les vases les uns après les autres.

Des gouttes qui pouvaient pourtant ne pas tomber. Je n’ai pas besoin de citer des exemples. C’est une réalité. Sinon pourquoi, la solution de certains problèmes de citoyens liés à des droits qu’ils ont et dont ils  ont besoin, est gelée depuis huit ou dix ans. Sinon comment expliquer par exemple, que Ibrahima Moctar Sarr, et Samba Thiam qui ont été emprisonnés et torturés physiquement et  moralement, qui sont par ailleurs des leaders politiques   se retrouvent face à une administration qui s’obstine à refuser de régler définitivement leurs problèmes même après les promesses faites par le chef de l’état ? Pourquoi 2.000 infirmières libres courent derrière leur régularisation depuis quelques années ?  Pourquoi un groupe de médecins-chômeurs manifeste sans arrêt pour l’organisation d’un concours généralisé auquel ils veulent prendre part ? Et pourquoi cette Affaire de conflit foncier qui oppose Ehel Bneijara et les Oulad Melouk qui a fait l’objet d’un accord en Avril  2000  n’est pas réglée ? Ce sont là des agissements qui  ne contribuent pas du tout à la paix, la concorde et la cohésion  sociale.

La Mauritanie, même si les autorités évitent d’en parler est en guerre contre des prédateurs de toutes sortes, des rescapés d’anciens régimes nostalgiques de la gabegie, des protestataires  qui s’« appuient » sur des actes de violences rien que  pour troubler l’ordre public, des fous qui dénigrent le pays depuis des refuges à l’extérieur, et des substituts qui profèrent des menaces d’autonomisation.

Le Gouvernement de Ould Bilal, -un Premier ministre parait-il irréprochable,-   soutenu par un Président décrit comme un homme  sincère dans sa volonté de donner à la Mauritanie le visage d’un pays où il fait bon de vivre, doivent « agir ». Agir avec fermeté et détermination sans peur et sans recul pour que la Mauritanie prise au piège dans une toile d’araignée se libère. Elle ne parviendra  à se libérer que si elle sort des hésitations qui pénalisent toutes ses volontés de progrès. Le gouvernement, il faut oser le dire est sous anesthésie administrative, nationale, régionale et locale. Oud Bilal doit prendre sur lui le courage de secouer le cocotier avant qu’il ne soit  secoué lui et son gouvernement par des événements imprévisibles.

Ould El Ghazouani lui aussi de son côté doit casser autant d’œufs que cela nécessite  pour faire les omelettes promises aux  citoyens dans son discours d’investiture. Quand le citoyen mangera à sa faim les  omelettes de  Ould Ghazouani, en buvant de l’eau potable et glacée, il n’y aura plus de feu de « petits foyers » allumés  par des pyromanes » qui n’ont aucun sens du devoir civique.

Que Ould Merzoug, effectue sa tournée dans un jet loué à prix d’or, ou qu’il se déplace sur une charrette sans frais comme le faisaient ses ancêtres, ce n’est pas le plus important. Le plus important est que, quel que soit le moyen de transport qu’il utilise, que Ould Merzoug véhicule des messages  forts pour un changement de mentalités de nos autorités locales qui oublient très souvent  que  nous les citoyens de ce pays, toutes couleurs et toutes tendances confondues, sommes la raison de la  responsabilité qui leur est confiée.

Au moment où j’écris  ces lignes on a comme l’impression que jusqu’à présent et  depuis Ould Daddah, toutes les autorités, nationales, régionales et locales refusent de comprendre  ce que signifie administration de proximité. Pourtant c’est cette proximité qui est un   préalable à tout. Mais aussi et surtout c’est bien cette proximité que Ould Ghazouani nous a promis lors de son discours d’investiture et c’est bien d’elle qu’il a parlé dans son livre vert de campagne que certains responsables malheureusement semblent avoir mis aux toilettes ou oublié dans les tiroirs des bureaux de leurs fonctions pour lesquelles ils sont très bien payés aux frais des contribuables que nous sommes.

Mohammed Chighali

Journaliste indépendant.