La Mauritanie est surnommée « le pays d'un million de poètes ». Certains d'entre eux s'opposent aujourd'hui au président Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier avait critiqué à trois reprises la poésie depuis son arrivée au pouvoir. Il a reproché, tout récemment, aux jeunes des universités d'être tournés vers la poésie et de ne pas choisir les filières scientifiques qui font avancer le pays. Comme il n'en était pas à sa première critique, des poète en colère ont décidé de répondre par un long poème.
La poésie en Mauritanie est un patrimoine national, un héritage sacré, un genre littéraire influent. Critiquer la poésie n'est pas permis, même quand il s'agit du président. En quelques jours, c'est devenu le sujet de toutes les discussions sur les réseaux sociaux, dans la presse et dans les cafés de Nouakchott. La Mauritanie est divisée en deux camps : ceux qui défendent le président et ceux qui défendent la poésie.
Le grand poète Naji Mohamed Alimam s'est exprimé en écrivant : « Si la Mauritanie est une source de matières premières comme le fer, le cuivre et l'or, il est nécessaire de respecter les poètes, car ils sont les seuls à faire une production propre à la Mauritanie ».
Oeuvre satirique de 200 vers
Des poètes en colère ont signé en commun, une œuvre satirique de 200 vers, critiquant le président. A leur tête, Mohamad ould Edoum : « Il ne fallait pas attaquer la poésie. Il faut trouver des solutions pour sortir le pays de cette situation difficile sans attaquer la poésie parce que depuis la naissance de la Mauritanie, la poésie a été toujours quelque chose que les Mauritaniens aiment bien. Depuis que j’ai commencé ce poème, je pense qu’il y a plus d’une vingtaine de poètes qui ont insisté pour compléter le poème. Le poème n’est pas fini. On va continuer parce qu’on veut que le président s’excuse ».
Pour le moment, le président mauritanien n'a pas réagi, son entourage prend sa défense et relativise en rappelant que même le prophète était autrefois critiqué par des poèmes satiriques.
RFI