‘’Les Accords de pêche entre la Mauritanie et le Sénégal, suspendus depuis 2015, ne sont pas prêts d’être signés, sauf si Macky Sall accepte d’extrader les opposants mauritaniens installés sur son sol’’.
Cette révélation est du site Mondafrique qui cite ‘’plusieurs analyses’’ parlant notamment de ‘’condition sine qua none et non écrite, qui empêcherait encore les pêcheurs de Guet-Ndar de plonger leurs filets dans les eaux mauritaniennes’’.
Cette information reprise notamment hier par le site mauritanien Cridem.org, est en porte à faux avec celles dont Jeune-Afrique s’est faite l’écho la semaine dernière, arguant le fait que certaines harmonisations au niveau des législations des deux pays étaient l’obstacle majeur et que la Mauritanie envisageait même de construire un quai de pêche dans son village de Ndiago pour le débarquement des prises, etc.
Dans tous les cas, ces informations contradictoires et la prompte réaction du Ministre Oumar Guèye promettant une signature dans les plus brefs délais, parce bloquée par un agenda chargé de son homologue Mauritanie, en disent long sur le malaise suscité par cette situation.
La Mauritanie qui a aussi tout à gagner dans ces accords du fait de l’expertise des Sénégalais en la matière et de la grogne des acteurs du secteur suite au départ de Sénégalais, sait qu’elle est en position de force dans ces négociations parce qu’elle a moins de pression d’ordre politique comparée aux autorités sénégalaises.
Car, dans notre pays, la visite du Président Sall en Mauritanie en février dernier avait suscité une vive réaction du leader de Rewmi Idrissa Seck, utilisant même des termes très durs contre le président sénégalais.
Idy avait eu à dire que la Mauritanie nous a imposé ce qu’elle voulait à propos des accords sur le partage du gaz sans que nous, nous ayons obtenu ce que nous voulions à propos notamment des accords de pêche.
Pis, au niveau des pêcheurs saint-louisiens, la patience a des limites. Ils tiennent à ces accords et comprennent mal un retard qui est synonyme de promesse non-tenue.
Les solutions provisoires apportées par l’Etat du Sénégal sur leurs cas relativement surtout à l’appui financier conséquent de 2 millions par pêcheur, n’ont pas suffi. La colère gronde dans ce quartier de pêcheurs de Saint-Louis qu’est Guet-Ndar. Si le retard persiste jusqu’à la veille de la présidentielle, ce sera une épine dans le pied du Président Sall qui aurait ainsi déçu l’attente des habitants de Saint-Louis.
Conscientes de tous ces facteurs, les autorités mauritaniennes peuvent facilement se dire qu’il faut mettre la pression sur celles du Sénégal pour, notamment, régler le cas de ces rappeurs présents chez nous et qui dérangent tant leur pays d’origine.
La Mauritanie a déjà utilisé le chantage des ressortissants sénégalais présents sur leur sol pour exiger que des défenseurs des droits de l’homme de ce pays ne tiennent pas des rencontres avec leurs homologues du Sénégal.
Pourtant, nous avons des relations asses paradoxales avec ce pays. Depuis quelques mois, beaucoup de dossiers communs avancent. Il en est ainsi de la construction du pont de Rosso, le partage des ressources minières, les patrouilles communes et bien d’autres projets qui bougent.
Mais force est de reconnaitre que depuis le départ de Yahya Jammeh du pouvoir en Gambie, Aziz ne rate pas l’occasion de montrer au Sénégal qu’il n’est pas content de la gestion du dossier où son ami a été obligé de s’exiler en Guinée équatoriale.
Une situation qui a même obligé le Khalife général de Médina Baye à rencontrer le Président Aziz pour aplanir les difficultés.
Au demeurant, il faudra faire remarquer que quel que soit le caractère sensible des dossiers qui nous opposent, le Sénégal doit continuer à être une terre d’accueil et surtout de droit de l’homme.
Nous ne pouvons pas monnayer ces valeurs contre des intérêts quels qu’ils soient et surtout céder à des chantages qui pourraient être un précédé dangereux.
Car le maître-chanteur ne s’arrête jamais au premier coup d’essai. Il récidivera toujours.
Assane Samb/Rewmi quotidien