Depuis plus d’un an, les populations de la localité de Boully situé dans le département de Ould Yengé se trouvent confronter à un problème majeur et sérieux lié à un manque cruel d'eau potable. Les pannes du réseau AEP devenues récurrentes, constituent une vraie casse tête pour les populations de la localité notamment les femmes qui ne trouvent plus le sommeil. L'approvisionnement en eau aujourd'hui se fait à partir des puisards et des puits abandonnés depuis belles lurettes avec l'espoir suscité par l'installation du réseau AEP en 2009 (PEGG). A l’heure, on ne peut parler que de déception et de négligence dans la gestion que l'on peut considérer de calamiteuse.
A l’approche de l’hivernage, les inquiétudes et les discussions commencent à se dessiner sur les visages des citoyens pauvres qui seront amenés à utiliser les eaux de pluie, de rivières et des mares. En effet, la situation a commencé à devenir infernale depuis plus de deux ans mais elle s'empire de jour en jour avec le silence complice des principaux acteurs concernés. Les populations de la localité ne boivent plus d'eau potable à cause de la négligence et de l'indifférence de l'opérateur privé et des services étatiques concernés chargés de la gestion des ouvrages. Un vrai laisser -aller s'est installé dans la gestion des ouvrages hydrauliques publiques dans certaines zones comme la ville de Boully (près de 7000 habitants) abandonnée à elle même et d'autres localités du département d’Ould Yengé entre autres Gorilakhé connu sous le nom de Beidiya Sagha ... qui souffre du même problème.
Malgré cette situation embarrassante, les factures de robinets privés continuent d'arriver. On est en droit de se demander, est ce que ces réseaux AEP avec des gestionnaires privés (délégataires) sont installés pour alléger les souffrances des populations en matière d'accès à l'eau potable ou à des fins commerciaux et extorquer de l’argent aux pauvres citoyens ?
Cette situation profite-t-il aux services concernés ou à l’opérateur privé? Pourquoi le département de l'hydraulique ne réagit pas pour régler une bonne fois cette situation calamiteuse d'un peu partout dans le Guidimagha? Certaines négligences peuvent passer inaperçues au grand malheur du citoyen mais d’autres comme l’eau ne devraient pas être un jeu pour nos responsables, car l’eau c’est la vie.
Des opérateurs privés non contrôlés qui ne respectent pas les termes de leurs contrats de gestion tels que définis dans le cahier des charges devraient-ils continuer à mettre en péril la vie des populations innocentes? Un ensemble des questions posées qui méritent des réponses. D'autant plus que sur le plan sanitaire, les responsables des structures sanitaires ont soulevé à plusieurs reprises le risque sanitaire liés à la consommation de l'eau des puisards et des puits abandonnés ainsi que les fuites émanant des installations du réseau. Et pourtant au niveau de Boully, des démarches ont été effectuées officiellement et officieusement par le comité des usagers, les notables du village, le Maire de la commune sans succès. Le Wali, le Hakem, les services hydrauliques régionaux ont été tous été informés de la grave situation d'accès à l'eau potable à Boully en ce temps (2017-2018). Des mesures étaient sensées être prises pour régler ce problème mais en réalité, il ne s'agissait que des mesures temporaires à court termes que les opérateurs et les services concernés ont prises pour calmer les ardeurs des populations à travers des bricolages.
Il faut rappeler que ce réseau a été construit dans le cadre du PEGG (Programme Eau Gorgol Guidimagha en 2009) mais malheureusement, ces dernières années, la gestion est devenue cauchemardesque.
Face à une situation sanitaire et sociale plus qu’embarrassante, l'urgence de l'heure est la réparation ou l'entretien des ouvrages ainsi que leur amortissement pour épargner tout problème dans plusieurs localités du Guidimagha abandonnées à elles mêmes. Les responsabilités et le niveau d'implication de chaque acteur dans ce processus devraient être assumées avec un suivi régulier du département de l'Hydraulique qui dans les normes, disposent des solutions viables. La vie des citoyens mauritaniens devraient passer avant les intérêts des acteurs impliqués dans cette gestion douteuse qui concerne beaucoup des localités du Guidimagha.
Des mesures sérieuses devraient être prises par le département de l’hydraulique même si l’on sait qu’à l’accoutumée, avec les échéances électorales dans notre pays, certains responsables priment le laisser aller et se dégagent d’une bonne partie de leurs responsabilités.
Samba Doulo Fofana