Tout porterait à croire que l’on s’achemine, à grand pas, vers une rupture définitive entre Ahmed OULD DADDAH et Ahmed OULD HAMZA. Les faits seraient là pour le confirmer et la plupart des analyses le laisseraient déjà entrevoir. Mais, pourquoi un tel scénario et comment y serait-on arrivé ?
Certes, entre Ahmed OULD DADDAH et Ahmed OULD HAMZA (deux poids lourds du RFD), prévaut, depuis, un certain temps, une mésentente latente. Une mésentente qui aurait éclaté au grand jour, au cours des dernières réunions du directoire du RFD. En effet, toutes ces réunions auraient été, à chaque fois, marquées par un clash entre les deux hommes, suivi du retrait, à grand fracas, d’Ahmed OULD HAMZA de la réunion. Scénario qui se répéta avec acuité lors de la dernière réunion du directoire du RFD consacrée, notamment, à la décision définitive de ce parti quant à sa participation aux prochaines échéances électorales du 1er septembre 2018. Au cours de cette rencontre, une vive altercation verbale aurait opposé Ahmed OULD DADDAH et Ahmed OULD HAMZA. Ce dernier, emporté, tapa du poing sur la table, avant de se retirer. Cette mésentente aurait atteint son apogée avec le boycott par OULD HAMZA de la conférence de presse organisée, le surlendemain, par le RFD pour confirmer sa participation aux élections de septembre 2018.
Un boycott que certains analystes politiques n’hésiteraient pas à mettre en rapport avec la situation de grande confusion qui régnerait au niveau du parti RFD qui aurait pu, selon ces analystes, profiter de ces scrutins de septembre prochain pour confirmer son statut de premier parti de l’Opposition dans le pays. En effet, ces analystes spéculaient déjà sur un scénario idéal où Ahmed OULD DADDAH serait tête de liste nationale pour les législatives, Ahmed OULD HAMZA (en raison de sa longue et riche expérience à la tête de la CUN de Nouakchott et en raison, également, de sa grande popularité, en particulier, chez les jeunes et les femmes, au niveau de la capitale politique du pays) serait tête de liste régionale du RFD à Nouakchott. Quant à la tête de liste du RFD pour la députation à Nouakchott, elle pourrait revenir soit à OULD LEMATT (1er vice-président du parti), soit à Me ID (président du Manifeste Haratines). Mais à la grande surprise, OULD HAMZA, approché par certains cadres et militants du RFD, aurait refusé tout poste électif pour le compte de ce parti, lors des élections de septembre prochain. L’intéressé se réserverait-il alors pour plus important que ces élections, peut-être la présidentielle de 2019 ou ceci serait le prélude à son retrait définitif du parti RFD?
A rappeler que ce n'est pas la première fois qu'un clash éclate entre les deux hommes. Déjà en 2016, Ahmed Hamza avait claqué la porte du RFD. Voir l'article de L'Authentique publié en son temps : http://cridem.org/C_Info.php?article=681453
Sur un autre plan, plusieurs observateurs n’hésiteraient pas à s’interroger, aujourd’hui, sur la succession d’OULD DADDAH à la présidence du RFD et sur l’avenir de ce dernier. L’acuité de cette interrogation résulterait du fait que l’intéressé qui a déjà atteint la limite d’âge pour se présenter au scrutin présidentiel, n’aurait pas encore évoqué le choix de son futur dauphin. A cela s’ajouterait le grand risque que court le parti RFD de perdre, aux scrutins de septembre 2018, son statut de premier parti d’Opposition en Mauritanie ? Un grand risque qui se faufilerait déjà à l’horizon, si l’on en jugeait par plusieurs manifestations dont, notamment, l’annonce assez tardive de la participation du RFD à ces scrutins, l’insuffisance de préparation du parti à ces derniers, son incapacité à présenter des candidatures au niveau de toutes les régions du pays et son refus à coordonner ses activités politiques avec le FNDU, préférant faire cavalier tout seul. A ces facteurs s’ajourait, enfin, le manque d’attractivité de cette formation politique qui, jusqu’à présent, n’a pu attirer les nombreux mécontents de l’UPR qui auraient, de façon surprenante, préféré s’orienter, soit vers l’UDP (parti bien implanté dans la vallée et qui voit sa base se renforcer dans des villes où il était peu présent), soit vers le parti TAWASSOUL. Manque d’attractivité qui serait accentué par le différend entre OULD DADDAH et OULD HAMZA.
Quoiqu’il en soit, plus d’aucun penseraient que la rupture entre les deux Ahmed serait déjà consommée, s’interrogeant, en même temps, sur les raisons réelles des clashs et altercations entre les deux hommes et ci-dessus mentionnés. Situation que rien ne justifierait, à première vue, si l’on se rappelle qu’Ahmed OULD HAMZA a toujours voué un grand respect pour Ahmed OULD DADDAH et s’est toujours comporté en fidèle membre et cadre du RFD. La seule explication que l’on pourrait, cependant, donner à cet état de fait serait consécutive à une différence de tempérament chez les intéressés. Ainsi, au franc-parler habituel d’OULD HAMZA (celui-ci, disant haut ce qu’il pense et ne se laissant pas faire, romprait avec la docilité du 1ervice-président du RFD, OULD LEMATT, culture et nature de ce dernier obligent), s’opposerait le grand dirigisme et profond autoritarisme d’OULD DADDAH. Pour celui-ci, le RFD serait lui et lui serait le RFD. Où serait donc l’alternance, tant attendue, au sein de ce parti, à l’instar des formations politiques qui n’arrivent pas à se mettre au diapason de la bonne démocratie ?
Cheikh Aïdara