Nonobstant l’instrumentalisation des moyens de la puissance publique en faveur du candidat du pouvoir, le parti pris ouvert, pour lui, de la CENI et du Conseil constitutionnel, et les nombreuses irrégularités qui ont émaillé la dernière élection présidentielle, l’unanimité nationale s’est dégagée, au-delà du positionnement politique partisan, autour d’un certain nombre de points fondamentaux dont, en particulier, la nécessité d’une rupture définitive avec la gestion patrimoniale de l’Etat.
Suivi pendant dix ans, cet inqualifiable mode d’exercice du pouvoir a eu, au plan économique, des conséquences désastreuses caractérisées notamment par :
- la hausse vertigineuse de la dette extérieure de l’Etat atteignant plus de 100% du PIB ;
- l’absence de toute fiabilité aux comptes et indicateurs économiques du Budget, du Trésor Public et de la Banque Centrale ;
- l'initiation de projets aux coûts faramineux, restés sans lendemain ;
- la banqueroute frauduleuse de plusieurs sociétés publiques ;
- la conclusion dans l’opacité, au préjudice de la collectivité nationale, de marchés publics et de conventions de financement aux motivations douteuses ;
- l'effondrement du système bancaire et le discrédit de ce qui en reste encore ;
- la domestication de la justice, mettant ainsi à l'abri des poursuites les véritables auteurs des crimes économiques.
Certes, l’Opposition démocratique, les médias nationaux et étrangers n’ont cessé, dix années durant, de dénoncer des malversations financières, commises à grande échelles, ici et là mais, au lendemain du transfert du pouvoir par Mohamed Ould Abdel Aziz à son successeur, la Mauritanie a découvert, médusée, l’ampleur du désastre.
Pour mettre fin à cette sombre page dans la gouvernance de notre pays et pour que sa proximité politique avec son prédécesseur ne se transforme en collision avec celui-ci, le nouveau pouvoir doit faire toute la lumière sur cette situation.
Pour toutes ces raisons, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) exige :
A. que soient :
- dressé, en toute objectivité, l’état des lieux de tous les services économiques de l’Etat (Trésor, Budget, BCM, Mines et Pêches, patrimoine immobilier de l’Etat : marchés, écoles, stades...) et des sociétés publiques (SNIM, ports de Nouakchott et de Nouadhibou, SMHPM...) ;
- déterminées, sans parti pris, les conditions d’adjudication et de conclusion des grands marchés publics et des conventions conclues entre l’Etat et des entreprises privées nationales et étrangères pendant la dernière décennie : aéroports et ports, routes, marchés de Nouakchott... ;
- identifiées les conditions ayant conduit à la liquidation de la Sonimex, de l’ENER, de l’AMEXTIPE et de l’Agence de Promotion de l’Accès Universel aux Services.
B. que les résultats de ces investigations soient publiés et que toutes les conséquences de droit en soient tirées.
Nouakchott, le 1er Mouharram 1441 – 1er Septembre 2019
Le Comité Permanent