Cette contribution ne sera pas béatement optimiste à l’eau de rose, aujourd’hui elle sera brute de fonderie et elle met les pieds dans le plat. En y regardant de près, il n’y a pas d’unité dans ce pays, il n’y a que de la dualité. Quel genre de dualité ? Et on en passe.
Désolé si je prononce les mots tabous, qui dans l’imaginaire collectif ne doivent jamais être prononcés, sous peine de “mettre le feu aux poudres”.
Mais si on veut comprendre pourquoi nous sommes si pauvres et pourquoi nous ne parvenons pas à nous développer et à avancer depuis 60 ans, il y a bien un moment où il faut appeler un chat par son nom ?
Donc ces dualités sont bien une réalité. Et dans la dualité, il y a comme un air de duel, d’opposition, d’affrontement. Donc comment voulez-vous prôner l’unité nationale quand tout n’est que duel, opposition, affrontement ?
Quel modèle de vivre ensemble peut-il être instauré quand tout n’est que duel, opposition et affrontement ? Comment parler de construction nationale quand tout se limite à la communauté, au clan, à l’ethnie , régionalisme , tribalisme ? Comment avancer quand certains petits malins se sont faits une spécialité d’exacerber ces différences régionales, ethnicistes etc. pour empêcher l’unité nationale ?
Dans un autre registre, et pour continuer de nous voiler la face, depuis la nuit des temps on m’a toujours appris que le Président de la République doit être un président de tous les mauritaniens.
Donc si le “schéma” est respecté, et il me semble que la plupart du temps il l’a été, cela aurait dû marcher alors ?
Et est-ce que cela marche depuis 60 ans ? En 2024, avec entre 72 et 97% de Mauritaniens pauvres, le “schéma” est-il pertinent ?
Efficace ? Probant ? Comment le perfectionner ?
Vous savez quoi ? En 2024, l'origine sociale du Président ou du Premier ministre importe peu !
Moi je veux que nos dirigeants aient une vision nationale et non plus clanique, ni tribalistes, ou régionalistes mais Mauritaniens.
Je veux des dirigeants qui aient le charisme nécessaire pour faire bouger nos 15 Wilayas, ensembles. Et non pas seulement Nouakchott d’abord, et les autres on verra s’il reste du temps et de l’argent.
Je veux des dirigeants qui think et qui act global, à l’échelle de tout le pays. Qui ne se préoccupent pas des ethnies, du tribalisme, régionalisme. Mais qui se préoccupent simplement des 5.5 millions de Mauritaniens.
Bien entendu nous avons nos spécificités régionales et autres coutumes locales, mais considérons les plutôt comme une richesse nationale, qui contribuera à créer cette identité nationale collective qui nous manque cruellement. Et à la poubelle les complexés, qu’ils soient d’infériorité ou de supériorité.
Je veux donc des dirigeants qui soient capables et qui aient le charisme nécessaire pour bâtir cette identité nationale, brique par brique, avec simplement l’amour de la patrie mauritanienne. Je pense que le père de la nation Moctar ould Daddah paix a son âme que lui aussi a bien ressenti cette dualité dans la société mauritanienne et qui l’a convaincu que la terre d’avenir le restera.
Réveillons-nous mes chers compatriotes, car même après 60 ans de régression, il n’est pas encore trop tard pour relever les défis qui nous attendent et pensons à nos enfants de leur léguer un pays prospère et unis.
Pour nous réconcilier chers amis (es) , je ne viens pas avec un couteau qui tranche mais avec une aiguille qui coud.
Abdoulaziz DEME
Le 09 Janvier 2024