Le continent africain fait face à des menaces graves et des défis sécuritaires majeurs qu’il est difficile voir impossible pour lui relever seul. D’où la nécessité d’instaurer une coopération stratégique avec d’autres continents notamment l’Europe, deuxième continent victime de ces menaces. Les défis majeurs se présentent en deux principales catégories comme suit :
1- Des défis d’origine interne :
Comme la sécheresse, la désertification et la pauvreté, sachant que 33 sur les 48 pays les moins avancés dans le monde sont des pays africains. Le continent enregistre également les taux de croissance démographique annuelle les plus élevés avec tout ce que cela implique comme pyramide d’âge dominée par les jeunes dans une conjoncture caractérisée par la hausse des taux de chômage, la prévalence des épidémies, le trafic des armes et des stupéfiants et la traite des personnes.
Le terrorisme a connu une recrudescence sans précédent au continent à tel point que des mouvements extrémistes ont monté des plans pour renverser les gouvernements et s’emparer du pouvoir. Ces tentatives ont échoué en Algérie, ont été stoppés au Mali mais ont réussi en Somalie.
Cette situation est aggravée comme nous l’avons dit plus haut, par une hausse des taux des chômage qui a fait perdre aux jeunes tout espoir à la prospérité dans un continent paralysé par des difficultés et des conflits internes qui ont ébranlé la confiance entre les états voisins, fait fuir les investissements et sapé la stabilité politique.
Ces facteurs conjugués alimentent l’émigration clandestine par des milliers de jeunes fuyant leurs conditions infernales pour se jeter dans la mer ou rejoindre les mouvements terroristes violents.
2- Des défis externes :
a) Le terrorisme qui, avec le relâchement de la communauté internationale dans sa lutte, s’est transformé en ennemi atypique transfrontalier qui ne connait pas de limites ;
b) Les conflits armés et les guerres entre états voisins, et même à l’intérieur dans un seul pays, qui aboutissent dans la plupart des cas à l’appauvrissement des populations et la propagation des armes ce qui ajoute des problèmes sécuritaires plus graves que la guerre elle-même.
c) Le crime transfrontalier qui entrave le commerce mondial notamment les actes de piraterie qui ne se limitent plus à la seule Somalie mais se sont exportés vers d’autres zones. L’attaque du pétrolier saoudien aux lages du Kenya en est un exemple édifiant.
Ces défis qui d’apparence semblent se dresser devant le seul continent africain, constituent en réalité une menace pour le monde entier et particulièrement l’Europe. C’est pourquoi la conjugaison des efforts de tous s’impose fortement pour les affronter.
Mais cela n’est réalisable qu’avec une volonté internationale ferme qui commence par l’instauration d’une démocratie réelle dans les pays du continent soutenue par une lutte sans merci contre les pratiques anti-démocratiques et une rupture totale avec le soutien des régimes corrompus et arbitraires qui transforment leurs pays en terrain propice à l’anarchie et l’instabilité et en font des bombes à retardement susceptibles d’exploser à tout moment.
Si le Sud et le Nord n’adoptent pas une approche participative pertinente pour surmonter ces handicapes, ceux-ci laisseront un impact négatif sur le présent et l’avenir du continent africain avant d’émigrer pour détruire les fondements de la paix et de la sécurité en Europe et dans le reste du monde.
Les retombées positives de l’aide apportée à l’Afrique, si la communauté internationale change sa vision dévalorisante à son égard et l’assiste pour surmonter les difficultés sécuritaires actuelles , ne se limiteront pas aux seuls aspects politiques et sécuritaires , mais les dépasseront pour donner un nouveau souffle à l’économie mondiale, surtout quand on tient compte de ses potentialités telles que les richesse naturelles diversifiées dont elle recèle et les opportunités d’écoulement qu’elle offre au marchés Européens.
Avec une stratégie sécuritaire pertinente nous ferons passer l’Afrique d’un continent source d’importunité et d’agacement pour l’Europe et le monde à un partenaire économique actif et indispensable pour le développement des industries internationales
Nous sommes convaincus que la coopération de l’Europe nous permettra d’œuvrer ensemble à l’émergence d’un monde meilleur surtout quand tous se rappellent que la communauté de destin leur impose d’agir ensemble pour faire face au terrorisme et réaliser leurs aspirations en matière de développement car la sécurité et le développement sont indissociablement liés, ce qui fait que l’efficacité de toute aide apportée aux pays africains dans le domaine sécuritaire réside dans sa complémentarité avec les efforts visant l’amélioration de la croissance économique et la réduction de la pauvreté.
Cela est possible à travers :
1- L’assistance aux peuples africains pour se doter de régimes démocratiques institutionnels réels capables de résister aux secousses et assurer la stabilité politique requise ;
2- Œuvrer à l’assèchement des sources du terrorisme et en exterminer les racines à travers les lutte contres les idées extrémistes, l’appui et la vulgarisation de l’islam modéré ;
3- La lutte contre l’émigration clandestine par des politiques qui traitent tout le processus, du pays d’origine vers le pays de passage jusqu’au pays de destination. Cette lutte doit se faire à travers l’aide aux pays sources à adopter des politiques économique capables d’améliorer le niveau de vie des citoyens par la mise en place des projets socio économiques pour résorber le chômage dans les milieux des jeunes et leur offrir les conditions de vivre dans la dignité.
L’Afrique offre sans doute un terrain fertile pour la réussite de cette stratégie avec ses sources naturelles et humaines sous employées :
Des milliers d’experts et de diplômés prêts au travail, une main d’œuvre moins chère et des sources diverses d’énergie ce qui habilite les pays d’Afrique sub-saharienne à aider l’Europe plus efficacement a résoudre ses propres problèmes urgents tels que :
- Le danger terroriste qui exploite l’islam et qui commence à frapper dur en Europe.
- La crise humanitaire engendrée par le déferlement des refugiés vers les pays européens et entre ces pays qui, à cause de cette situation, pensent à réviser les accords de Schengen sur l’ouverture des frontières entre eux.
- La crise économique qui a dépassé toutes les prévisions.
Il nous semble que les décideurs et les spécialistes des deux continents commencent à prendre conscience de la nécessité impérieuse d’élaborer une stratégie sécuritaire commune afin de bâtir un avenir meilleur. C’est justement à ça que la déclaration du partenariat méditerranéen a fait allusion en ces termes : « La traite des personnes, la drogue, le crime organisé et le terrorisme sont les principales retombées de l’absence de coopération entre le Sud et le Nord pour limiter l’émigration clandestine »
Les tentatives de coordonner les efforts entre les deux continents sont pour le moment partielles et insuffisantes car focalisées sur certaines zones comme c’est le cas pour le partenariat méditerranéen et la stratégie de l’union européenne pour la sécurité et le développement dans la zones du sahel…etc. Mais l’espoir renait avec la conférence Afrique-Europe sur l’émigration qui s’est tenue il y a quelques jours et qui a donné l’impression de marquer le point de départ d’une coopération sécuritaire entre deux continents , continents qui ont besoin chacun de l’autre.