Le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) a revendiqué, samedi 16 janvier, les attaques qui ont endeuillé Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Dans la soirée du vendredi 15 janvier, des assaillants ont mitraillé les terrasses de restaurants avant de se retrancher avec des otages dans l’hôtel Splendid, au centre de la ville.
Plusieurs assauts des forces de sécurité locale ont eu lieu dans la nuit et la matinée pour mettre fin à la prise d’otages dont le bilan, encore provisoire, atteint 26 morts selon le ministre de la communication burkinabé. « Une victime serait française » a déclaré pour sa part François Hollande.
Mitraillage des terrasses et prise d’otages au Splendid
Vendredi soir, les assaillants ont mitraillé les bars Taxi-Brousse et Cappuccino et incendié des véhicules qui ont explosé avant de se retrancher dans l’hôtel Splendid, dont le lobby a par la suite pris partiellement feu. Des contrôles de sécurité étaient en place à l’entrée, mais n’ont pu empêcher l’irruption des assaillants vers 19 h 45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.
Un témoin interrogé par Le Monde a raconté que trois hommes encagoulés se sont introduits en début de soirée dans l’enceinte de l’hôtel, situé sur l’avenue Kwame N’Krumah, une des principales artères de la ville. Le Splendid, qui compte 147 chambres, est notamment fréquenté par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes.
Le nombre exact de personnes présentes lors de l’attaque n’a pas été communiqué, mais, selon nos informations, le lieu devait être bondé : une réception de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) s’y déroulait. Le ministre de la fonction publique burkinabé se trouvait dans l’établissement. Il a pu être libéré.
Un bilan lourd et encore provisoire
Après des heures d’incertitudes, le gouvernement burkinabé a livré en milieu d’après-midi un premier bilan provisoire faisant état d’au moins 26 victimes. Plus tôt, le ministère de l’intérieur avait indiqué que « 126 personnes, dont au moins 33 blessées, ont été libérées et 3 djihadistes tués » et qu’au moins dix personnes étaient mortes à la terrasse du café-restaurant Cappuccino, situé en face de l’hôtel Splendid.
La nationalité des victimes n’est pas encore connue mais « une victime serait française » a déclaré François Hollande dans l’après-midi, ce que n’a pas confirmé le Quai d’Orsay. Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a, lui, cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts « plus de Blancs que de Noirs ».
La France et les Etats-Unis en soutien
Samedi matin, François Hollande, qui a dénoncé « l’odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou », a précisé que « les forces françaises apportent leur soutien aux forces burkinabées » dans l’assaut.
Les forces spéciales françaises sont épaulées par des militaires américains, a indiqué un officiel à Washington, cité par l’agence AP. Le Pentagone a par ailleurs confirmé l’appui des Etats-Unis : « La France a réclamé un soutien immédiat ISR [surveillance aérienne, souvent assurée par des drones] et nous sommes en train de le mettre en œuvre », a détaillé un responsable de la défense.
Revendication d’AQMI
AQMI a revendiqué l’attaque de Ouagadougou, précisant que l’attaque est menée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune, mené par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
Le Burkina jusqu’alors épargné
L’événement est inédit dans la capitale burkinabée, même si le pays, membre du « G5 Sahel » consacré notamment à la lutte antiterroriste et « point d’appui permanent » de l’opération française « Barkhane », a déjà été la cible d’opérations djihadistes. L’armée du pays a par ailleurs précisé dans la soirée de vendredi que le nord du territoire, près de la frontière avec le Mali, avait été la cible d’une première attaque dans la journée. Le « bilan provisoire » est de « deux morts, un gendarme et un civil, et deux gendarmes blessés, dont un grave ».
Cette attaque survient un peu moins de deux mois après celle de l’hôtel Radisson Blu à Bamako, au Mali. Vingt et une personnes avaient été tuées dans une prise d’otages revendiquée par le même mouvement, Al-Mourabitoune.
Un couple autrichien enlevé dans le nord du pays
Par ailleurs, deux Autrichiens, un médecin et sa femme, ont été enlevés vendredi matin dans le nord du Burkina Faso, a annoncé samedi le ministère de la sécurité intérieure burkinabé. Le couple a été enlevé à Baraboulé, dans la région du Sahel, située dans le nord du Burkina, frontalier du Niger et du Mali.
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