RFI - Une photo de Abdeslan Salah diffusée par la police française, qui a émis un mandat de recherche le concernant ce dimanche 15 novembre 2015.AFP PHOTO / POLICE NATIONALE
Cinq des assaillants morts vendredi à Paris ont été identifiés. La plupart sont des Français. Parmi eux, Omar Ismaïl Mostefaï, qui s’est fait exploser au Bataclan. Bilal Hadfi, Français âgé de 20 ans, s’est pour sa part fait exploser près du Stade de France. Les polices française et belge recherchent également Salah Abdeslam (photo), dont l’un des frères, Brahim, s’est fait exploser devant un restaurant sans faire de victime.
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Alors que l'enquête et les perquisitions continuent en Belgique, « plus de 150 perquisitions administratives ont été menées » en France, sous l'autorité du préfet et non d'un magistrat. Par exemple à Toulouse (sud-ouest), Grenoble (Alpes), Bobigny (région parisienne) et Jeumont (nord). C'est le Premier ministre Manuel Valls qui rapporte le chiffre. En temps normal, les forces de l'ordre doivent attendre 6 h du matin pour entrer au domicile de quelqu'un.
Une dizaine de personnes au moins auraient été interpellées. A Toulouse, 200 hommes armés ont été mobilisés dans le quartier de La Reynerie à Miraille, où vivait Mohamed Merah, auteur des attentats de 2012. Au moins quatre personnes ont été placées en garde à vue après une perquisition conduite par le RAID dans ce quartier. A Grenoble, les forces de l'ordre ont visé une quinzaine de sites et auraient interpellé, selon nos confrères de la radio RTL, sept ou huit personnes. Enfin, à Bobigny et à Jeumont, les objectifs n'ont pas été précisés.
Il faut noter qu'il s'agit là de perquisitions administratives permises par l'instauration de l'état d'urgence, même si les autorités précisent qu'elles n'ont pas de lien direct avec les attentats de vendredi. Elles ciblent principalement les milieux radicalisés. Les autorités évoquent des opérations antiterroristes, mais ne font pas le rapprochement avec l'avis de recherche lancé dimanche. A priori, pas de lien direct avec l'homme qui est désormais le plus recherché de France, Salah Abdeslam.
Les forces de l'ordre sont à la poursuite de ce Français résidant en Belgique. Il avait loué à son nom l'une des voitures retrouvées dans Paris et qui ont servi aux assaillants lors des attentats. Son frère s'est fait exploser vendredi soir dans Paris. Ci-dessous, le point sur les personnes identifiées formellement à ce stade de l’enquête, dont trois kamikazes de nationalité française.
Ahmed Almohammad : né en Syrie, mort à Saint-Denis
Ce lundi matin, le procureur de la République de Paris, François Molins, a indiqué que deux auteurs supplémentaires des attentats de vendredi ont été identifiés, dont un kamikaze du Stade de France. Il s'appelle Ahmed Almohammad. Il est né à Idleb, en Syrie, en 1990. Il est en lien avec le passeport syrien retrouvé sur le lieu de l'une des explosions au stade. Mais si ses empreintes papillaires correspondent à celles déposées en Grèce, l'authenticité du passeport « reste à vérifier ». Athènes avait révélé le nom du titulaire de ce document. Almohammad est rentré par l'île de Léros, en Grèce, le 3 octobre dernier.
Samy Amimour : l'un des meurtriers du Bataclan
L'autre assaillant identifié ce lundi est mort au Bataclan. Celui-ci est né à Drancy, en région parisienne, en 1987. En France, donc. Il s'appelle Samy Amimour et faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international après avoir violé son contrôle judiciaire en 2013. Il avait fait l'objet d'une mise en examen en 2012, lorsqu'il était soupçonné de vouloir se rendre au Yémen. Les services de renseignement avaient perdu sa trace. Trois de ses proches sont actuellement en garde à vue. Anmimour se serait rendu n Syrie en 2013, selon des membres de sa famille repris par l'Agence France-Presse.
■ Ismaïl Omar Mostefaï : un autre assaillant du Bataclan
Son nom a été dévoilé dès samedi par le procureur de Paris, François Molins. Il faisait partie de l’équipe de terroristes qui s’est attaquée au Bataclan à partir de 21h40, heure de Paris, vendredi soir. C’est là qu’il s’est fait exploser.
C’est celui sur lequel les enquêteurs disposent, actuellement, du plus d’informations.
Agé de 29 ans, ce ressortissant français est né à Courcouronnes, dans l’Essonne en région parisienne. Il a également vécu à Chartres avec ses parents, ses trois frères, ses deux sœurs et sa femme. Il est le père d’une fille née en 2010.
C’est à Chartres qu’il se serait radicalisé en fréquentant un islamiste radical marocain venant de Belgique, qu’il aurait rencontré à la mosquée de la proche commune de Lucé. Il était connu des services de police pour huit condamnations de droit commun entre 2004 et 2010, sans jamais être condamné à des peines de prison ferme. Il faisait l'objet d'une fiche « S » dressée en 2010 pour s'être rendue en Turquie et – peut-être – en Syrie. Selon le procureur de Paris, il n’aurait jamais été impliqué dans un dossier terroriste auparavant. Sept de ses proches sont actuellement en garde à vue en France.
Les deux autres membres du commando terroriste qui s’est attaqué à la salle de spectacle du Bataclan n’ont, pour le moment, pas été identifiés.
Le terrorisme, même si nous avons évité de nombreux attentats, a frappé et peut frapper de nouveau, ces jours-ci, dans les jours qui viennent, dans les semaines qui viennent
Bilal Hadfi, 20 ans : l'un des kamikazes du Stade de France
Le second terroriste identifié est l’un des trois kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France à 21h20, 21h30 et 21h53, vendredi soir. Ce Français âgé de 20 ans se nomme Bilal Hadfi, selon une source proche de l’enquête citée par l’Agence France-Presse. Il aurait résidé en Belgique. Selon le Washington Post, l’individu aurait combattu au sein de l’organisation Etat islamique, en Syrie.
Le passeport d’un Syrien a également été trouvé près du corps de l’un des kamikazes qui se sont fait exploser près du Stade de France. Le ministre grec de l'Immigration Giannis Mouzalas a révélé l'identité du propriétaire : Ahmad Almohammad, un Syrien originaire d'Idleb, au nord-ouest de la Syrie, rapporte notre correspondante à Athènes Charlotte Stiévenard.
Selon Giannis Mouzalas, ce jeune homme de 25 ans serait arrivé le 3 octobre sur l'île de Leros avec 198 autres personnes dans un bateau en provenance de Turquie. Après avoir été enregistré, il aurait pris le ferry pour le port du Pirée cinq jours plus tard. Ahmad Almohammad aurait ensuite choisi la route des Balkans. Il a été enregistré à son entrée Serbie, puis en Croatie, et on perd ensuite sa trace jusqu'en France.
Giannis Mouzalas a bien insisté sur le fait que lors de la procédure d'enregistrement en Grèce, les règles de l'Union européenne ont bien été respectées. Le propriétaire du passeport n'était pas soupçonné de quoi que ce soit. Le ministre n'a pas pu préciser non plus s'il s'agit d'un faux passeport. La prudence est donc de mise, car pour l'instant, rien ne prouve également que le propriétaire du passeport est bien le kamikaze du Stade de France.
Les attentats abjectes qui nous ont frappés vendredi ont été préparés à l'étranger et ont mobilisé une équipe d'acteurs situés sur le territoire belge et qui ont pu bénéficier, l'enquête le dira, de complicités en France
Les Abdeslam : trois frères au centre de l'enquête
Le troisième kamikaze dont le corps a pu être identifié est Brahim Abdeslam, un Français de 31 ans résidant en Belgique, qui s'est fait exploser devant un bar du boulevard Voltaire, sans faire de victime. Les enquêteurs s’interrogent encore sur la raison de cet attentat « isolé » par rapport aux autres attaques menées par les trois équipes distinctes dont les contours se dessinent à mesure que l’enquête avance.
Brahim Abdeslam est membre d’une fratrie de trois qui est au centre des recherches. L’un de ses deux frères, Mohammed, a été interpellé à Molenbeek. Il est actuellement en garde à vue à Bruxelles. Il est en garde à vue.
Par ailleurs, la police judiciaire française a lancé un appel à témoin concernant son autre frère, Salah Abdeslam. Ce dernier, ressortissant français, est né en Belgique, à Bruxelles. Il a été brièvement contrôlé par la gendarmerie, près de Cambrai, dans le nord de la France. Les gendarmes ont relevé son identité, mais ont laissé repartir la voiture, avec trois occupants à bord, avant de réaliser que son nom apparaissait dans l’enquête sur les attentats. A l'heure actuelle, Salah est le principal suspect en fuite dans cette enquête.
Reste la « troisième équipe », celle qui a mené les trois attaques contre plusieurs restaurants dans l’Est parisien. Pour l’instant, aucune information sur l’identité de ses membres n’est encore connue.
Qu'est-ce qu'une fiche « S » ?
L'un des kamikazes du Bataclan, Omar Ismaïl Mostefaï, originaire de Courcouronnes dans l'Essonne, était connu des services de polices pour des délits de droit commun. La police avait également noté son basculement dans la mouvance radicale. Il était signalé au travers d'une fiche « S ». Qu'implique-t-elle et qui vise-t-elle ?
La fiche « S » pour atteinte à la sûreté de l'Etat, n'est qu'une des nombreuses catégories qui compose le fichier des personnes recherchées par la Police. Un fichier qui compte 21 catégories. On y trouve des fiches « M » pour les mineurs en fugue, ou encore des fiches « V » pour les évadés. Les raisons ne manquent pas, même les aliénés sont fichés.
Chaque fiche contient l'état civil, la photo, les motifs de recherche et la conduite à tenir en cas de contrôle. Mis à part les fiches PJ — recherches de la police judiciaire —, le fichage, y compris en « S », n'entraine aucune mesure automatique d'arrestation ni de surveillance .
Les fiches « S » ont un rôle d'alerte. Elles ciblent les personnes soupçonnées de visées terroristes. Et la notion d'atteinte à la sûreté de l'Etat est large, cela va du jihadiste revenant de Syrie, dont la nomenclature est intitulée « S 14 », aux hooligans et aux zadistes.
Il y aurait à ce jour 10000 fiches « S » pour radicalisation. Des personnes qui ne se trouvent pas nécessairement en France et ne sont pas non plus forcément de nationalité française.