Le Secrétaire Générale de l'AHME écrit au nouveau Gouvernement mauritanien | L'Information

Le Secrétaire Générale de l'AHME écrit au nouveau Gouvernement mauritanien

ven, 08/09/2019 - 18:54

Mauritanie: À l'attention du nouveau gouvernement Mauritanien

L'impunité  est la racine de tous les conflits et troubles dans le monde. Le nouveau gouvernement est en place, prêt à travailler, j'attire l'attention du premier ministre et les ministres ci-dessous qui sont concernés  sur la situation dramatique de la région du  Guidimakha, qui a été causée par leurs prédécesseurs. Il est plus qu’urgent d'agir pour rétablir la justice bafouée dans cette localité. 

 

 Messieurs les ministres, 

 

ISMAÏL OULD BEDDA OULD CHEIKH SIDIYA, premier ministre, 

Dr. Haïmouda Ould Ramdane, ministre de la justice, 

-Dr. Mohamed Salem Ould Merzoug, ministre de l’intérieur et de la décentralisation,

Dy Ould Zein, ministre du développement rural,

Dah Ould Sidi Ould Amar Taleb, ministre des affaires islamiques et de l’enseignement originel,

Monsieur Hacenna Ould Boukhreïss,  commissaire aux droits de l’Homme, à l’action humanitaire et des relations avec la société civile,

 

Le Guidimakha vit une situation chaotique, désastreuse, situation liée aux coutumes esclavagistes de  l’antiquité. Des citoyens sont dépossédés de leurs terres pendant la saison hivernale sous le  fallacieux prétexte qu'ils rejettent l'esclavage des chefs coutumiers dans les  villages alors que c'est leur seul gagne pain pour survivre.

 Le principe est que l'esclave et ses biens  sont la propriété du maître, des pauvres villageois sont dépossédés ainsi illégalement la terre qu'ils ont  cultivé  depuis plusieurs années et générations. Ils  sont privés  l'héritage de leurs  pères, mères et  aïeux parce qu’ils  refusent d'être des sous hommes  coutumiers. 

 

Ces citoyens sont empêchés de conduire la  prière de leurs propres lieux de cultes qu'ils ont construit,  voire, dans certains cas, on les empêche d'accéder à la mosquée tout bonnement au village  pour accomplir leur  foi   parce qu’ils rejettent l'esclavage coutumier par ascendance.

 

 Une situation qui  devrait choquer n'importe qui, mais, qui passe inaperçue  dans une  République «Islamique » de la  Mauritanie. La honte vraiment. Quelle horreur.   N'est ce pas bizarre messieurs les ministres? Même dans des pays laïcs où Athées, la liberté du culte est garantie par l'état.  

 

 La situation est extrêmement tendue, les esclavagistes coutumiers qui contrôlent les villages, sont aidés, appuyés par l'administration locale, des élus et certains ministres qui étaient dans le précédent gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui  ont même accentué  les tensions sociales et conflits dans les villages, refusant d'appliquer la loi qui incrimine l'esclavage et ses séquelles. La réforme agraire est claire, la terre toute entière  est la propriété de l’état, ensuite, l'état la donne à celui qui la mise en valeur. Pourquoi la loi n'est pas appliquée? 

 

Cette situation est favorisée par le  cadi "juge" de la capitale régionale Selibaby, le procureur de la république, le gouverneur, les préfets départementaux  et les brigades de la gendarmerie. Ils sont assis sur plusieurs plaintes liées à l’esclavage coutumier. Ce sont les plaignants des pratiques de l'esclavage dans les villages qu'ils jettent  en prison à la place des chefs traditionnels, coutumiers qui sèment la terreur sur du faux et usage de faux.

 

 Les fonctionnaires locaux soutiennent grossièrement que  l'esclavage n'existe pas, à quoi sert de voter des lois sur quelque chose qui n'existe pas messieurs les ministres? Le déni de l'esclavage coutumier a favorisé la corruption de fonctionnaires pervers  et les tensions sociales dans nos villages. Le déni n’a jamais réglé un problème dans le monde.  

 

 Pourtant,  si la loi incriminant l'esclavage était  appliquée, tous ces conflits n’auront pas lieu et disparaîtront dans  très peu de temps. L'administration locale encourage les conflits de castes pour racketter, soustraire des fonds aux populations par la corruption, le favoritisme et népotisme. 

 

Loi n° 2015-031 portant incrimination de l’esclavage et réprimant les pratiques esclavagistes est très claire sur le sujet.

 

Article 2 : L’esclavage constitue un crime contre l’humanité. Il est imprescriptible. Est interdite toute discrimination, sous quelque forme que ce soit, à l'encontre d'une personne considérée comme esclave.

 

Article  6 : La qualité de fonctionnaire ou d’officier public, de dépositaire ou d’agent de l'autorité ou de la force publique de l’auteur d’infractions, prévues par la présente loi, constitue une circonstance aggravante.

 

Article 11: Quiconque porte atteinte à l’intégrité corporelle d’une personne, en considérant qu’elle est esclave, est puni d'une réclusion de cinq (5) à sept (7) ans et d'une amende de deux cent cinquante mille (250.000) à cinq millions (5.000.000) d’ouguiyas.

 

Article 12 : Quiconque s'approprie les biens, les fruits et les revenus résultant du travail de toute personne en la considérant esclave ou extorque ses fonds est puni d'une réclusion de cinq (5) à sept (7) ans et d'une amende de deux cent cinquante mille (250.000) à cinq millions (5.000.000) d’ouguiyas.

 

 Article 18 : Tout officier ou agent de police judiciaire qui ne donne pas suite aux dénonciations de pratiques esclavagistes qui sont portées à sa connaissance est puni d'un emprisonnement de deux à cinq ans et d'une amende de cinq cent milles (500.000)  à un million (1.000.000) d’ouguiyas.

 

Article 19 : Quiconque profère en public des propos injurieux envers une personne considérant qu’elle est esclave ou affilié à des esclaves, est puni d'un emprisonnement de six (6) mois à deux (2)  ans et d'une amende de vingt milles (20.000) à deux cent cinquante milles (250.000) ouguiyas.

 

Diko Hanoune 

SG/ de l'Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E) 

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