PROFIL DE CAS. Quand Ould Abdel Aziz « emprunte » l’axe du mal en contresens du bon sens. | L'Information

PROFIL DE CAS. Quand Ould Abdel Aziz « emprunte » l’axe du mal en contresens du bon sens.

mer, 12/21/2022 - 11:53

Comment Ould Abdel Aziz est arrivé au pouvoir, tout le monde le sait et c’est pourquoi, n’importe qui peut donner la bonne réponse. Quelles étaient les dessous de cartes de cette effraction qui lui a permis de violer les règles de la démocratie ? La question n’est plus d’actualité. A qui revient la faute si Ould Abdel Aziz a été « accepté » pour diriger la junte militaire de l’époque ? C’est évidemment la faute à certains d’entre nous.

Ce qui est certain  c’est que beaucoup des « décideurs » politiques des grandes crises nationales regrettent maintenant d’avoir laissé le pouvoir entre les mains de Ould Abdel Aziz, un président tellement différent de tous les présidents africains  qui ont pris le pouvoir de gré ou de force ces soixante dernières années.

Ould Abdel Aziz est unique dans son genre. Il était à la fois un bon et un très mauvais président. Il était aussi à la fois,  et  un dictateur et un démocrate. Mais Ould Abdel Aziz était surtout  un  homme à deux faces. Celle d’un président (le recto) et celle d’un homme d’affaire (le verso).

Ould Abdel Aziz était par ailleurs un homme taillé au millimètre près sur la mesure de ses ambitions. Il ne reculait devant rien lorsque  ses intérêts  personnels étaient en jeu. C’est d’ailleurs pourquoi il attachait peu d’intérêts aux calculs des risques que pouvaient entrainer  pour lui les conséquences de ses agissements. Et  contre ses agissements personne, ni de son entourage, ni de ses proches collaborateurs, ni de  ses compagnons d’armes ne pouvaient se dresser ou essayer de lui  barrer le chemin.

Ould Abdel Aziz avait une sorte de folie de grandeur qui sortait de l’ordinaire et qui parfois même dépassait l’imaginable. C’est d’ailleurs pourquoi, il cherchait toujours à savoir jusqu’où un individu pouvait se  rabaisser devant lui. Toujours menaçant, très arrogant, parfois même d’une insolence violente, il aimait « piétiner » les gens par des propos parfois vulgaires juste pour tenter de provoquer chez eux des réactions  négatives.

C’était le Kim Jong-Un coréen en personne  cloné à la mauritanienne. Capable de tout pour imposer sa supériorité, il dirigeait le pays d’une poignée de fer et tenait « en liesse » tous ceux qui acceptaient de « travailler pour lui ».

Pile, président.  Face,  homme d’affaire.

Ould Abdel Aziz, ne s’était jamais considéré comme un chef d’état au sens constitutionnel du terme. Mais plutôt comme le dirigeant d’une secte (entreprise familiale) où tous les adeptes (courtiers) sont soumis à l’obligation d’une obéissance aveugle et sans conditions à son égard.

Tous, premiers ministres, ministres, et autres n’étaient là que pour satisfaire les désirs du chef. Satisfaire les désirs du chef,  même si ces désirs n’étaient dictés que par les caprices d’un homme qui n’avait qu’une seule et vraie passion, l’obsession de  s’enrichir, vite, et de n’importe quelle manière qu’elle soit licite ou illicite, légale ou prohibée.

Et,  tout au long de ce périple financier dangereux et risqué, Ould Abdel Aziz suivait une règle. Celle de ne laisser aucune empreinte personnelle sur les lieux des crimes et délits commis à son profit.

Devant cet homme qui s’était  forgé une personnalité extrêmement forte, n’importe quel individu n’était plus qu’un « valet de chambre » ou un « concierge » condamné à obéir sans même pouvoir exprimer le moindre sentiment personnel.

Officiers supérieurs (même du grade de généraux  de divisions), premiers ministres ou ministres, devant Ould Abdel Aziz, on était plus qu’un sujet,  par obligation, contraint de faire ce qu’on lui  dit un point et c’est tout.

Ce qu’est  un coréen devant Kim Jong-Un, l’était n’importe quel mauritanien devant Ould Abdel Aziz. La différence entre les deux, c’est qu’un coréen pouvait sortir du bureau du président Kim Jong-Un pour aller directement dans sa tombe,  alors que le mauritanien pouvait sortir du bureau de Ould Abdel Aziz et se retrouver injustement soumis à toutes sortes de tortures morales ou  psychologiques.

Ahmed Ould Djié, un des soutiens inconditionnels  de  Ould Ghazouani disait dans un vocal récent,  ne pas  comprendre  vraiment ce que Ould Abdel Aziz cherche par ses agissements irresponsables. Et Ould Djié d’ajouter  que les plus beaux poèmes ont été chantés à la gloire de cet homme. Les meilleurs chants de louanges portaient son nom, les meilleures mélodies de la fanfare jouées. Douze années, durant -dit Ould Diyé –, «nous avons tangués au gré des caprices de cet homme qui ne faisait absolument rien dans l’intérêt de son pays, mais plutôt dans son propre intérêt». Et de conclure  ensuite,  que Ould Abdel Aziz sait très bien qu’il ne reviendra plus jamais au pouvoir. C’est pourquoi les mauritaniens sont curieux de savoir ce que cet homme cherche réellement.

Aziz, un homme dangereux pour tous  et même pour lui-même ?

Si Ould Abdel Aziz était arrivé au pouvoir en 2008 par effraction constitutionnelle, grâce à la complicité de certains,  comme Ould Maham, (pour l’aile politique), Ould Bouamatou (pour l’aile financière) et le Général Ould Ghazouani (pour l’aile militaire), lui  n’était arrivé au pouvoir que dans le seul  but. Celui de s’enrichir démesurément.

Ce qu’il a fait au su et au vu de tous. Au su et au vu des mauritaniens mais aussi au su et au vu des européens, des américains et des asiatiques (jaunes ou arabes). Tous  savaient parfaitement que Ould Abdel Aziz avait transformé le Palais ocre en sorte de comptoir de négoce et en un établissement à caractère industriel et commercial.

Mais Ould Abdel Aziz semait une telle terreur aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays et  vis-à-vis de nos partenaires, qu’aucun dirigeant de pays donateur ou d’une institution de financement ne pouvait se hasarder à demander à Ould Abdel Aziz de rendre des comptes.

Aldiouma Cissoko, un intellectuel et grand militant de la Liberté, Président de l’Association des Réfugiés Mauritaniens au Sénégal (décédé en exil le 02 février 2021), avait une fois dit pour dresser le profil de Ould Abdel Aziz  que ce dernier était un homme « dangereux ».

Ce qui n’est pas faux. Ould Aziz est un homme extrêmement dangereux, rancunier et sans pitié. Il était venu au pouvoir en 2008 pour s’enrichir démesurément, un objectif qu’il avait atteint, mais actuellement ce n’est pas pour les mêmes raisons qu’il cherche  à revenir au pouvoir.

Ould Abdel Aziz a soif de vengeance. Il a soif de vengeance pas seulement à l’ égard de Ould Ghazouani mais aussi à l’égard de tous ceux qui l’ont trahis ou qui avaient vendus sa peau à ses ennemis. C’est bien pour régler le compte à tous ces « ingrats », qu’il fait cette politique au « forceps »  pour chercher  par tous les moyens à revenir au pouvoir.

Trahi, humilié, abandonné,  le président des pauvres à  « le mal de vivre » dans les conditions actuelles que lui imposent  son refus  et son entêtement  de chercher un compromis avec ceux qui l’avaient forgés de toutes pièces en 2008.

« Sa retraite coupée et tous ses chemins pris », Ould Abdel Aziz, (celui qui, de son temps donnait  parfois plus d’importance et de respect  à « sa folle » et  à Zeidane le « danseur de cabarets » qu’à certains de ses ministres), a apparemment  choisi en définitive d’emprunter l’axe du mal.

C’est ce qui explique peut-être son alliance avec les diables et les démons et qui explique également pourquoi  il avait  en France mis l’anneau au doigt de la Mouvance des Flams, (Forces de Libération des Africains de Mauritanie), formation qui  n’est au regard d’une composante maure de la population du pays,  qu’une organisation  extrémiste de   Force  pour la Liquidation des Arabes de Mauritanie.

Certes, Ould Abdel Aziz a fait beaucoup pour la Mauritanie. Beaucoup plus que tous les présidents qui se sont succédés  avant lui. Des infrastructures routières, de l’énergie partout et  pour tous, des forages hydrauliques, des structures sanitaires, des infrastructures scolaires et sportives et de très nombreux édifices publics.

Mais Ould Abdel Aziz le sait bien,  tout ce qu’il a fait, il ne l’avait  pas fait pour développer le pays. Mais pour en tirer profit. C’est d’ailleurs pourquoi tout ce qu’il avait fait avait une durée de « péremption » ajustée à  la durée de ses deux mandats. Ce qui explique que quand il avait quitté le pouvoir, il n’avait laissé derrière lui qu’un pays véritable champ de ruines  dont la plupart des villes et même la capitale étaient revenus à la bougie. Ce qui explique également que  les araignées avaient tissées leurs toiles dans les caisses des trésoreries et certains caveaux de la BCM.

Si Ould Abdel Aziz  a la mémoire courte, les   mauritaniens eux  ont  la  mémoire longue. Malheur pour notre « Aziz Jong-Un ». Ce qu’il ne sait pas,  c’est que,  quand il avait quitté le pays après l’investiture de Ould Ghazouani, tous les mauritaniens à l’époque avaient poussés un ouf de soulagement.

Même si  certains d’entre eux expriment maintenant de la  nostalgie pour son époque à cause de ce qu’ils considèrent comme des  « contreperformances » de son successeur, Aziz devait quand même  savoir que son poids politique est très léger. Un poids plume, qui est allégé  par les alliances qu’il noue avec les  démons et les diables.

Maintenant c’est à lui de choisir son camp. Soit, il revient à la raison et il intègre  le camp de l’unité et de la cohésion nationale celui laissé en héritage par le régime de Ould Taya, formaté par celui de  Ely Ould Mohamed Vall, mis à jour par son régime  lui-même et synchronisé  avec le régime de Ould Ghazouani  par Ould Ghazouani la « nouvelle Référence »  ce qui peut lui éviter d’autres ennuis.

Soit alors, il persiste et signe en rejoignant le camp de la haine raciale, des divisions communautaires en faisant des accolades de « concertias » et d’alliances politiques avec Samba Thiam leader des FLAM ou   avec Biram Dah Abeid de l’IRA,  et là, ce serait pour lui comme se  jeter dans l’abime du puits Barhout,  ce puits de l’enfer   de   l’Est du Yémen  où parait-il  grouillent à l’intérieur  et les démons et toutes sortes d’esprits maléfiques.

Le premier  chemin le mènera aux plaines verdâtres de la politique, l’autre par contre le mènera en enfer, un enfer  comme  celui dans lequel il avait  jeté le pays de 2008 à 2019.

Mohamed Chighali.

Journaliste indépendant.